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Unchain my site

CC BY-SA 3.0 Depuis sa création, Ralentir travaux a eu vocation à être diffusé le plus largement possible. Le site n’est-il pas né du désir d’offrir à tous – surtout aux élèves ne bénéficiant d’aucun soutien scolaire – la possibilité de trouver une aide sans inscription, sans mot de passe ou sans contrepartie quelconque ? Il s’agissait aussi de proposer, à l’enseignant désireux de trouver un peu d’inspiration, des ressources qu’il pourrait adapter à sa guise.

Dès lors la liberté était inscrite dans les gènes du site. J’avais d’ailleurs repris à mon compte ces mots de Condorcet afin de montrer que la notion de propriété intellectuelle était un abus qu’il fallait dénoncer (1).

Par le passé, j’usais du mot «libre» sans trop savoir quelle notion il recouvrait. Plus tard, je découvrais les licences Creative Commons et m’emparait de celle-ci. Cela signifiait : fais ce que tu veux, mais ne vends pas. Or cette clause non commerciale (et cela a été dit de nombreuses fois) est un frein à la diffusion du savoir. Et Ralentir travaux n’a pas vocation à se recroqueviller sur lui-même dans la crainte d’une exploitation commerciale. Ce serait un non-sens. Au reste, nombreuses sont les personnes requérant l’autorisation d’utiliser telle ou telle partie du site, et invariablement la réponse est affirmative. Seule une demande était restée sans suite en raison de cette fameuse clause NC…

Il est donc nécessaire de recourir à une nouvelle licence. Seuls le partage à l’identique et la reconnaissance de la paternité de l’œuvre seront exigés. Que l’on me pardonne ce dernier sursaut d’orgueil (que m’accorde le droit), mais je tiens encore un peu à ma progéniture ! J’ai juste envie de lui donner un peu le large, et d’observer de loin ce qu’elle devient entre les mains de ceux qui voudront bien s’en emparer, et, je l’espère, la diffuser plus largement encore.

Dons

Mais, avant d’adopter une telle licence, je voudrais poser une condition. Il y a quelque temps j’affichais un bandeau afin de susciter les dons. Je paie les frais d’hébergement et ceux liés à l’achat du nom de domaine, les logiciels ou leurs mises à jour. Que dire de mon Mac acheté en 2008, si ce n’est qu’il est vieillissant (2) ? Je ne demande pas de salaire pour les années passées à bâtir Ralentir travaux, mais je veux bien un peu d’aide pour continuer l’œuvre. Or ces dons, malgré la promesse que pouvaient constituer les milliers de visites quotidiennes (3), se sont montrés largement insuffisants (4). En un an, à peine de quoi acheter InDesign ou un logiciel de ce type…

Manuel de 6eJ’ai fait mes calculs. J’aurais besoin de 2000 à 2500 € pour acheter diverses choses (nouvel ordinateur, un micro, quelques logiciels, etc.). Une telle somme est donc la condition du changement de licence. Cela en vaut-il la peine ? J’avoue que je suis assez curieux de le découvrir. Peut-être cette demande fera-t-elle un joli flop. En ce cas, la question de la licence ne taraude que moi.
Toujours est-il que nombre de sites recourent annuellement aux dons. Je m’en remets donc à ce principe. Et encore ! je n’attends même pas une cotisation annuelle, mais celle de sept ans passés à construire le site et plus encore, puisque je n’entends pas m’arrêter là (le manuel de 5e est déjà en chantier).

Bref, il ne reste plus qu’à organiser ce financement, mais vous pouvez d’ores et déjà faire un don sur Ralentir travaux.
Passé le seuil financier susmentionné, Ralentir travaux (tout : le site, les manuels) devient libre.

Notes :
1 – Je parle, bien entendu, de mon propre cas. Il ne me viendrait, par exemple, nullement à l’idée de tenir un tel discours au sujet de Michel Tournier ou d’Umberto Eco. Simplement, le professeur que je suis ne saurait prétendre à faire valoir un privilège reposant simplement sur quelques années d’études.
2 – Je ne peux même plus enregistrer de screencast sans que les ventilateurs de l’ordinateur se mettent à souffler à tous les diables, rendant par là même la vidéo inaudible.
3 – 1 633 891 visiteurs durant l’année 2013.
4 – Un merci exponentiel agrémenté d’un bisou dégoulinant à tous ceux qui m’ont envoyé leurs dons. Un don… Quel mot plus adorable la langue française a-t-elle inventé ? De manière plus générale, je voudrais remercier ceux qui donnent de leur personne, de quelque façon que ce soit et qui contribuent (loin des discours anxiogènes tenus par des inactifs bavards) à faire du web un lieu hautement éducatif.

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Bonnes vacances

Cher élève qui a eu l’insigne honneur de bénéficier de mon enseignement,

Quels qu’aient été tes résultats, quelle que fut cette année scolaire, je te souhaite de bonnes vacances, des vacances pleines d’un soleil roboratif, et de cette vitamine D qui te permettra de voir petit à petit, mais inéluctablement arriver la date fatidique de la rentrée. Tu auras, à ce moment, la mine réjouie, des cahiers tout neufs, des copies à tire-larigot, et une trousse gonflée d’un matériel rutilant (et complet). Ce sera parce que tu te seras bien reposé, tu auras profité d’un temps à la fois très long et très court, loin des contraintes scolaires que tu abhorres (se lever tôt, avoir froid, voir des profs, faire des devoirs, etc.).

Sache que, même si je suis en vacances, je serai toujours là pour toi si, d’aventure, il te prenait l’envie de me questionner sur un point du programme, envie que la timidité, le regard des autres ou je ne sais quoi encore ne t’ont point permis de soulager.

Tu peux, à ce propos, consulter Ralentir travaux, télécharger les manuels de 6e ou de 4e ; ils te permettront de ne pas complètement oublier toutes ces belles choses que nous avons vues ensemble. Tu peux aussi retrouver le doux son de ma voix sur YouTube t’expliquant entre autres la fonction du pronom relatif (n’est-ce pas fascinant ?). Retrouve tout ce beau savoir numérisé en sirotant une grenadine, dans la douceur et la pénombre de ta maison pendant que des insensés fondent sous un soleil de plomb. Tu ne vas pas passer deux mois à barboter dans un peu d’eau quand même, si ?

Non, assurément, tu ne veux pas passer deux mois (61 jours, 1464 heures, 87 840 secondes) dans une oisiveté estivale qui te fait horreur. Peut-être même, mû par le remords, tu voudras finir de lire ce livre que tu avais lâchement abandonné durant l’année (allez, avoue) ? N’hésite pas à me demander les références exactes, je te les donnerai sans même porter l’ombre d’un jugement sur une demande aussi honnête. Je te conseillerai mille et une lectures, et comme le sultan, coupe-moi la tête si ces lectures ne te passionnent pas et ne reculent pas indéfiniment l’heure du coucher (après réflexion, je préférerais que tu oublies cela).

Un dernier mot avant de finir. Tu te demandes probablement la raison d’un style aussi ampoulé et au vocabulaire parfois abscons, et tu as raison. Je t’inflige un dernier pensum : arriver jusqu’au bout de ce texte, chercher les mots dans le dictionnaire. Eh ! Nombre d’entre vous me liront sur leur iPod, iPad, iPhone, iMachin. Un double-clic (tap) sur les mots fera donc apparaître une définition du mot, et il n’est alors rien de plus facile que d’apprendre quelques mots. Pour les autres, il faudra vous lever et aller chercher le dictionnaire. Désolé.

J’oubliais ! Je ne reverrai peut-être jamais certains d’entre vous. Certains auront un autre professeur, certains changent d’établissement. Je vous souhaite donc de réussir et même, comme dit la chanson, tout le bonheur du monde. Vous avez été (tous sans exception, même le plus casse-pieds d’entre vous) des élèves infiniment sympathiques.

Bonnes vacances,

Yann Houry

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Éducation Humeur

L’univers impitoyable du commentaire

Cela fait maintenant un an que j’ai ajouté la possibilité de laisser des commentaires sur Ralentir travaux. À l’origine, l’idée était de permettre la discussion. Une leçon mal comprise pouvait ainsi trouver son prolongement dans le questionnement, dans mes explications supplémentaires ou celles de visiteurs venus partager leurs lumières.

Un an après, procédons à un état des lieux. Comment le visiteur de Ralentir travaux s’est-il emparé de cette possibilité de commenter ?

Si le premier commentaire a été une vraie critique, le second a été sobrement élogieux : «merci beaucoup!^^», me disait-on, et, de fait, on me remerciera beaucoup, ce que j’apprécie évidemment, même si cela n’apporte pas grand-chose à la réflexion initiée par le cours à commenter (je ne veux cependant pas donner l’air de bouder mon plaisir, hein ?).

Mais très vite, le revers de la louange est exprimé sans détour : «je n’aime pas le titre de ce site». Et le commentaire suivant de constater : «nul».

Le ton était donné. Il n’était plus que d’oser un peu, ce qui ne tarda pas à arriver : «trou du cul» (évidemment, je l’ai pris pour moi).

Commentaire
Commentaire

Cela a mis un peu de temps, mais les messages peu amènes finirent par affluer. Ma pudeur de webmestre ne se résout que difficilement à reproduire ces paroles outrageantes. Nous sommes le 22 septembre, et la rentrée bat son plein. Je pense avoir à faire à des hordes de collégiens frustrés qui aimeraient dire à leurs tortionnaires préférés à quel point ils les verraient bien avec quelque chose dans le fondement («aller vou faire foutre», «et je vous encule tous vous les pauvres»).

Mais comme le dit FarahHammadou : «maintenant on ait en 20013 alors tout est permie!!!».

Alors, certains se lâchent complètement :

Un indicible commentaire
Un indicible commentaire

Parfois, l’élève (je suppose que c’est un élève) exprime simplement son ennui («je menmerde») ou sa frustration : «Null !!!! Je desteste ça moi je veux le texte du massacre des pretandant c’est pas compliquer!!!!».

Heureusement, je reçois également nombre de messages qui font chaud au cœur. Des élèves expliquent qu’ils ont pu réussir leur travail et avoir une bonne note :

Au fond, une fois passés les messages à caractère scatologicodéfoulatoire, les commentaires vraiment désagréables sont rares.

Mais, ce que je souhaiterais, c’est que les visiteurs s’emparent du site pour aider ceux qui sont à la recherche d’informations, d’explications supplémentaires (comme dans le cours sur la comparaison et la métaphore ou les valeurs du conditionnel).

Sont appréciables, enfin, les commentaires qui initient une véritable réflexion (voir le cours sur le signe, les points de vue ou la Bible).

En tout cas, sachez que vos encouragements sont toujours appréciés.

Encouragements
Encouragements

Et pour plagier l’un des commentateurs, “MERCI !!!!!:-);-):-P:-);-):-P:-);-):-P:-D:-D:-D:-D:-D:-D” à tous ceux qui visitent Ralentir travaux, une dizaine de milliers par jour au plus fort de l’année (mais beaucoup moins au fur et à mesure que les vacances approchent).

P.-S. Au moment où je m’apprête à publier cet article, je reçois ce dernier commentaire : «Grace a vous j’ai eu un 15/20 et un 9/10 Merci :)».
Elle est pas belle, la vie ?

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Nouveau ravalement de façade

L’an dernier – un an jour pour jour – Ralentir travaux avait déjà connu un léger lifting : le code était devenu du HTML 5/CSS 3, l’apparence du site avait été revue, quelques ajouts avaient été faits (comme la possibilité de commenter, par exemple).

C’est qu’il s’agit de procéder par petites retouches, au fur et à mesure, sans grande révolution. Il n’y a pas de grands chantiers quinquennaux, mais une évolution permanente, rendant, je l’espère, le site plus agréable à utiliser.

Design extensible

L’an dernier, j’avais eu un seul regret, c’était de ne pas avoir réalisé un design extensible. C’est désormais chose faite. Il me semble que cela évite d’avoir deux versions du site, qui serait l’une pour les ordinateurs, l’autre pour les appareils mobiles (tels que les tablettes ou les téléphones).
Or je déteste cette double interface. Cela encore plus quand la version «normale» du site, surchargée d’informations et de pubs, correspond à une version mobile anémique. Surcharge d’un côté, uniformité vidée de l’autre, il y a des designers qui me semblent démériter.

Exemple de page
Exemple de page

Lisibilité et interface épurée

J’ai donc privilégié une interface unique, simple, épurée (j’ai déjà clamé mon goût pour Instapaper). Hormis le header et le footer, le site est composé d’une page blanche et du texte. C’est un texte dont la police est passée à 1.1em (à ce sujet, ce site m’a bien aidé à convertir les pixels en em ou en %).
Si, la première fois que j’ai lu que les sites web devraient adopter de telles dimensions, j’ai été quelque peu dubitatif, je n’ai, à présent, plus la moindre incertitude. On est tout d’abord étonné ; on ne s’en passe plus par la suite. Il n’y a aucune raison de choisir une police trop petite, à moins que l’on ne cherche à faire comme beaucoup de monde, c’est-à-dire des sites peu lisibles. Mais peut-être ne suis-je qu’un quarantenaire aux yeux fatigués…

Exemple de page avec image
Exemple de page avec image

J’en ai profité pour agrandir la taille des images dont la plupart me semblent désormais bien petites en regard de la police de caractère. Je me suis efforcé de légender chaque image. Par ailleurs, un cadre qui s’insère dans le corps du texte permet d’y glisser un texte indépendant apportant diverses informations. Enfin, je tenais à ajouter une citation du texte dans le corps de l’article sans avoir à répéter le texte. Cet article propose une solution assez élégante à mettre en place grâce au HTML 5 (attribut data-pullquote).

Cette page ou celle-ci peuvent donner un bon aperçu des transformations apportées à Ralentir travaux.

Les lecteurs les plus perspicaces remarqueront que le design de Ralentir travaux a été quelque peu influencé par les templates proposés par Apple dans iBooks Author.

Quoi d’autre ?

Un tas de choses. Le problème quand on modifie un truc, c’est qu’on bute sur mille et une choses à adapter, modifier, transformer… Toujours est-il que j’en ai profité pour refaire le moteur de recherche (made in Google) qui buguait.
La page d’accueil a été refaite également : le menu en accordéon ne me plaisait que moyennement (il n’était pas toujours très agréable à utiliser). Et un flux RSS en PHP affiche maintenant les articles les plus récents (merci à l’auteur de cet article).

Je ne sais pas si vous l’aviez remarquée, mais une page consacrée aux manuels a été ajoutée. Elle fait le point sur les parutions sur iPad. Elle fait la somme des articles publiés sur ces manuels.

Dons
Dons

Enfin, un bandeau (que vous pouvez faire disparaître) invite le généreux visiteur que vous êtes à faire un don si vous souhaitez participer aux frais d’hébergement, d’achat du nom de domaine, etc.

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Publication du chapitre II La Genèse (sixième)

CouvertureJe me suis réveillé ce samedi matin avec une bonne surprise : un message m’annonçant la publication du chapitre II du manuel de sixième. Cela aura donc pris moins d’une semaine ! Alléluia !
Ce deuxième chapitre est consacré à la Genèse, au tout début de la Genèse. On commence avec la création du monde pour terminer avec la tour de Babel. Naturellement, ça a été difficile de faire des choix – un véritable crève-cœur – parce qu’avec la Bible, on pourrait imaginer des milliers de chapitres différents. Si l’on n’avait des contraintes de temps ou de programme, j’aurais volontiers suivi la trame narrative du film de John Huston. Cela m’aurait permis d’évoquer Abraham et différentes histoires comme celle de Sodome et Gomorrhe.
De manière générale, je voulais, un peu à la manière de Victor Hugo, présenter la Bible comme un fabuleux recueil d’histoires, de contes, de légendes, etc., montrer des temps immémoriaux où l’homme vivait en compagnie de Dieu avant d’être chassé de l’Éden, un temps où l’homme vivait des centaines d’années, un temps où l’on pouvait rencontrer des géants – les Néphilim – les hommes forts du temps jadis (pour dire la vérité, je les ai oubliés ceux-là).
De toute façon, je pense publier à l’avenir des variantes du chapitre II. Ce seront des chapitres bis. Je pourrais alors en consacrer un à L’Exode, par exemple. Le chapitre II n’est donc pas terminé, et ne le sera jamais, un peu comme les lettres permutant de la Torah.
Reste que je suis vraiment très heureux de poursuivre la publication de ce manuel de sixième, lequel, contrairement à celui de quatrième, voit le jour chapitre après chapitre, progressivement, au fur et à mesure de mes envies, de mes découvertes. Et plus j’avance dans ce travail, plus j’en arrive à la conclusion que le numérique nous permet d’accéder à la beauté des choses. J’en veux pour preuve ce tableau de Brueghel, La tour de Babel, que l’on peut télécharger, pour peu qu’une image de 200 Mo ne vous fasse pas peur. Et même si iBooks Author ne vous permet pas d’afficher une image d’une telle résolution, 5000 pixels par 5000 pixels, sur un iPad, c’est déjà très beau !
Il me reste à vous souhaiter une bonne lecture.
Pendant ce temps-là, j’irai poursuivre ce manuel, qui se poursuivra par la guerre de Troie. Ce sera le chapitre trois (oui, je sais, le jeu de mots est pitoyable).
chapitre-III

Mise à jour
Ce chapitre a connu sa première mise à jour :

  • Corrections d’erreurs (merci infiniment à ceux celles qui me les signalent,
  • Ajout d’illustrations,
  • Ajout d’Extraits du journal d’Adam de Mark Twain.

Je vous recommande tout particulièrement la lecture du texte de Mark Twain.
Bonne lecture .

Téléchargez les manuels (cliquez sur les images) :
couverture4 couverture1 Manuel iTunes Chapitre III

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Un manuel pour iPad, explications en vidéo

Le manuel de sixième (chapitre I) a connu une petite mise à jour. Ont été ajoutés, entre autres, 1 exercice et deux screencasts.
Pour accompagner cette première mise à jour, voici une
petite vidéo exposant les différentes ressources offertes par un manuel numérique.

P.-S. L’heure tardive, un mac vieillissant et soufflant comme un damné ainsi qu’un nez bouché vous inviteront, je l’espère, à l’indulgence. 🙂

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Si j’essayais la classe inversée ?

Je crois que je vais me lancer, je vais essayer la classe inversée.

J’ai lu quelques petites choses sur le sujet, le blog de Ghislain Dominé par exemple. Plus récemment, David Bouchillon a parlé sur Twitter de ce site faisant le point sur le sujet.

Les élèves et moi allons donc faire un galop d’essai, et ce sera avec les propositions subordonnées relatives.

J’avais déjà un cours sur la proposition subordonnée relative. En fait, j’en ai plusieurs sur Ralentir travaux, mais j’avais préparé ce cours sur la proposition il y a peu, car il me semblait plus simple à aborder pour mes élèves de cinquième. J’y ai aujourd’hui ajouté une vidéo que je viens de réaliser. C’est un «screencast» c’est-à-dire une petite vidéo dans laquelle on peut suivre mes explications en voyant ce que j’écris sur mon ordinateur.


 
Si tout cela ne suffit pas à l’élève, il pourra appuyer sur pause afin de procéder à quelques révisions. À ce propos, j’ai mis en ligne tout un tas de petites choses comme cette introduction à la phrase complexe très imagée, ce petit diaporama sur ce qu’est une proposition ou encore cette leçon beaucoup plus complète et complexe pour l’élève qui pourrait se permettre de sauter quelques étapes.

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L’idée est de varier les supports pour permettre à tous de comprendre telle ou telle notion, à son rythme et en levant tout blocage éventuel. Et si un élève achoppe quelque part, pourquoi ne me contacterait-il pas par mail ou Skype ?

Ainsi le temps scolaire sera véritablement occupé à faire quelque chose (ne serait-ce que des exercices) et non pas à écouter quelqu’un… ou surtout à ne pas l’écouter. C’est d’ailleurs le grand miracle numérique que de permettre d’appuyer sur pause et de revenir en arrière quand votre esprit, absorbé qu’il est par mille et une choses, s’est mis à battre la campagne. Dans la réalité, la sinistre réalité, c’est trop tard. «Il fallait écouter», déclare alors l’enseignant pressé. Mais, ça, c’est fini, non ?

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Publication du premier chapitre du manuel de sixième

Couverture du premier chapitre
Voilà une journée qui commence bien !

Apple m’envoie ce matin (ou cette nuit) un message pour me dire que mon livre est désormais disponible sur l’iBookstore. L’année commence donc avec la publication du premier chapitre du manuel de sixième conscré aux fables !

Je ne vous réexplique pas tout. Je ne vous redis pas pourquoi j’écris ce manuel, pourquoi j’ai choisi de le publier dorénavant par chapitre. En revanche, je vous laisse découvrir ce premier chapitre de ce nouveau manuel toujours libre, toujours gratuit.

Vous pouvez le télécharger sur iTunes, sur iTunes U, en PDF ou même retrouver la plupart de son contenu sur Ralentir travaux.

Bonne lecture.

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Le manuel est mort. Vive le manuel !

LivresLors des vacances de la Toussaint, le manuel de quatrième a été mis à jour. Cette mise à jour a d’ailleurs été publiée assez rapidement. Dans le même temps, le manuel avait aussi été découpé en tranches afin de permettre le téléchargement, non pas d’un livre volumineux, mais de chapitres. Pour différentes raisons, ces différents chapitres n’avaient pas été publiés. Ils le sont à présent.

L’intérêt est évident : si vous n’avez pas l’espace nécessaire sur votre iPad, vous pouvez vous contenter de télécharger le chapitre de votre choix (le plus léger fait une vingtaine de Mo). Si, de surcroît, votre connexion à internet laisse à désirer, vous serez d’autant plus intéressé par une telle possibilité.
Il y a également un avantage pour moi puisque le manuel de sixième auquel je suis en train de travailler sera publié, cette fois, chapitre par chapitre, et non dans un an lorsque tout sera terminé. Le premier chapitre verra donc le jour dans un mois tout au plus.

Chapitre1Plus intéressant encore, la possibilité de combiner toutes les ressources trouvées çà et là, de les agréger afin de constituer la progression de son choix permettra à l’enseignant de ne plus avoir à subir l’architecture immuable d’un manuel composé par autrui pour une classe qui, par définition, ne saurait être la vôtre.
Pour que les choses aillent dans ce sens, il ne faudrait ni publier de manuel, ni de chapitre mais des leçons, des exercices, etc. On obtiendrait ainsi une «granularité» fine, si fine que l’enseignant pourra véritablement recomposer son manuel idéal via la multitude de ressources rendues disponibles sur le net. En atomisant le manuel traditionnel, on voit là apparaître un nouveau genre de manuel.

Le manuel est mort. Vive le manuel !

Télécharger le manuel sur iTunes:

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Pour un manuel numérique

iPad et manuels
Dressons le décor. Une salle polyvalente d’un collège de banlieue. Un bruit sourd, écho d’un scandale pédagogique. L’inspecteur vient d’annoncer que les manuels pour le nouveau programme de seconde n’étaient pas encore prêts chez tous les éditeurs. L’oreille attentive aura su entendre ces exclamations fugaces : “Mais comment vais-je bien pouvoir préparer mes cours sans manuel?” “C’est bien la première fois que je vais devoir préparer un nouveau programme sans livre”

Mais diable, à l’heure du numérique ; du web 2.0 ; des tablettes et des ENT, voilà que l’absence de manuel scolaire papier semble paralyser un aréopage d’enseignants, pourtant tous capables d’être de fabuleux producteurs de contenus. N’aurait-on pas là le reflet d’un paradoxe inquiétant? Ou alors, ne faudrait-il pas voir dans cette situation, qui prête aussi à sourire, l’occasion d’une salutaire réflexion sur le devenir de cet objet singulier qu’est le manuel scolaire ?

Dont acte !

Ceci tuera-t-il cela ?

Longtemps, j’ai pensé que le débat reposant sur l’opposition hugolienne était infondé, que ceci ne tuerait pas cela, que le numérique ne tuerait pas le papier . Fort de l’idée qu’une technique ne remplace pas une autre (1), j’avais acquis la conviction que le livre tel qu’on le connaît ne serait en rien menacé par le numérique. De ce point de vue, chaque fois que je mets les pieds dans un salon consacré à la littérature, en particulier de jeunesse, je me conforte dans cette idée. Le livre sur papier, joliment relié, avec de belles illustrations ou non, a de beaux jours devant lui. Il n’est que de constater le taux de fréquentation de telles manifestations.

En revanche, je sais maintenant que si l’ordinateur ou la tablette ne tueront pas les livres, ils tueront cependant un certain type de livre. C’est peut-être le cas du livre de poche, c’est à coup sûr celui du manuel scolaire. Cela pour une raison très simple : si le manuel numérique a mieux à offrir que son jumeau de papier, alors l’espérance de vie de ce dernier est menacée.

Cet article écrit à deux pouces, quatre mains, vingt doigts (ou – si l’on préfère – à deux par Ghislain Dominé et Yann Houry), ambitionne non seulement de le démontrer, mais aussi de montrer en quoi cela est possible et souhaitable.

Si le manuel devient numérique

On le sait, le manuel est solidement implanté dans la culture scolaire. Pas une année ne commence sans la distribution de cet objet hautement commercial représentant, selon un rapport de Michel Leroy, 281 millions d’euros pour la seule année 2010. Or le manuel tel qu’on le connaît aujourd’hui – celui-là même dont le coût est si élevé (et encore cette dépense est-elle concurrencée par celle que provoque le nombre croissant des photocopies), ce manuel parfois superbement ignoré par les enseignants sommés de le choisir – finit inéluctablement au rebut.
Abîmé, ne correspondant plus au programme, trop lourd aussi, il doit être renouvelé, modifié, allégé. Sa durée de vie est brève (officiellement elle est de cinq ans environ), et les contraintes, qui ont présidé à sa conception, nombreuses. En effet, l’auteur d’un manuel ne doit pas dépasser tant de pages voire tant de mots, il obéit à une ligne éditoriale ou à un programme, selon des délais parfois excessivement courts, etc. Sans compter que ces manuels sont intrinsèquement pensés, non pour les élèves, mais plutôt pour les enseignants. Ce qui n’est pas sans fâcheuses conséquences : sans aller jusqu’à parler de moteurs de paresse, ces manuels sont vendus aux enseignants comme le nec plus ultra de la ressource documentaire et de la pédagogie, offrant des démarches clefs en main, pourtant bien immobiles et où l’innovation pédagogique est aussi importante que la prise de risque économique…

Or ce sont précisément ces contraintes ou ces défauts qui volent en éclat dès lors que le manuel devient numérique. Il perd son poids. Il met à mal les limites éditoriales et ouvre des perspectives pédagogiques où l’audace est la bienvenue. De plus, devenu intangible, il n’est plus à jeter, il est mis à jour. Il frappe d’obsolescence ou d’inanité la photocopie. Enfin, paradoxalement, il permet d’envisager une réduction des coûts.

Mieux encore, tout se passe comme si le manuel devenant numérique, tel un composé chimique, agissait comme un révélateur, le révélateur d’une métamorphose scolaire. En effet, la publication du manuel numérique – a fortiori d’un manuel libre et gratuit – pose un certain nombre de questions ou plus précisément remet en question un certain nombre de modèles : un modèle économique, mais aussi un mode d’enseignement voire d’enseignant tout court, tant il est vrai que ce rôle est plus que jamais à redéfinir.

Un nouveau modèle économique

Le manuel numérique – donc immatériel, intangible – ne s’abîme jamais, il ne s’écorne pas, il ne s’efface pas. L’élève est même, pour la première fois, invité à écrire, gribouiller, souligner, surligner, annoter son manuel. Ainsi, devenu numérique, le manuel peut devenir possession des élèves. Personnalisable et mobile, il peut être approprié. Faire sien son manuel est une composante essentielle dans le processus d’apprentissage. Tel le moine copiste écrivant dans la marge de son manuscrit ses réflexions et corrections, l’élève peut annoter, corriger et augmenter son manuel numérique. Qu’il cherche à faire cela avec son manuel papier et il aura à rendre des comptes, et à la documentaliste, et au comptable de son établissement.
Évidemment d’aucuns rétorqueront que si le manuel ne se détériore pas, ce peut être le cas de la machine qui le supporte. Force est cependant de constater que certaines tablettes – les iPad pour ne pas les nommer – ont une durée de vie largement suffisante pour accompagner les élèves dans leur scolarité (au moins au collège puisque c’est le niveau qui nous intéresse) (2).

Le numérique permet, non pas l’abandon d’un manuel qui ne correspondrait plus au programme, mais son renouvellement, sa mise à jour. Et il est fortement à espérer que s’il doit être payant, sa mise à jour ne saurait être au même prix ; qu’un simple toilettage ou quelque ajout soit offert à un prix que les collectivités trouveront intéressant au point de préférer le numérique au papier.

Ainsi, c’est tout un modèle économique qui doit être redéfini. Si l’on considère que le papier, ou plus précisément un certain usage du papier, est amené à disparaître, on peut faire le raisonnement suivant. Certes, il faut fournir les tablettes, et cela représente un coût. Mais c’est un coût que l’on doit mettre en regard des 280 millions susmentionnés. Ce coût ne pourrait-il s’amoindrir ? D’une certaine façon, et sans que cela ne relève du domaine de l’utopie, ne pourrait-il sinon disparaître du moins diminuer drastiquement ?

Dans un domaine où l’imprimante et la photocopieuse sont reines, ne pourrait-on envisager leur abandon ? Le numérique permet, en effet, la transmission de données, de sujets, d’exercices en tout genre de façon bien plus intéressante que ne le fait le papier. On pourrait même rêver ceci : aucun enseignant n’aurait plus à se ruer sur la photocopieuse encore en état de marche, celle devant qui deux collègues trépignent déjà, attendant qu’un lève-tôt (ou un retardataire comme les trois autres) achève son collage pour distribuer une photocopie de qualité médiocre (médiocre parce que le numérique a tellement mieux à offrir) ! Songez aux images en très haute définition. Qui peut regretter l’obscure reproduction d’un tableau de maître mal photocopié ? L’abandon des photocopieurs permettrait de consacrer des sommes importantes aux tablettes et aux manuels prévus pour de tels supports. Ajoutons, pour finir, qu’un rapport de février 1986 explique que «le volume des dépenses consacrées aux photocopies est équivalent à la dotation annuelle consacrée à l’achat de manuels» (cité par Michel Leroy), et l’on comprendra que, dans ces conditions, l’achat de tablettes n’est pas le moins du monde inconsidéré. Si, d’aventure, ces manuels sont gratuits (que l’on pense au Manuel de quatrième ou au Livrescolaire.fr), alors, l’argument du prix de la tablette est battu en brèche. S’ils ne sont pas gratuits, ces manuels numériques seront de toute façon, paraît-il, 70 % moins chers.

Si l’on veut ajouter quelque argument consensuel, précisons que c’est au motif de la santé publique qu’a été publiée la circulaire n° 2008-002 du 11 janvier 2008 sur le poids du cartable. On a vu récemment une association de kinésithérapeutes se saisir du problème. Or cela ne doit-il pas rentrer dans le calcul ? Ne doit-on pas se demander quel est l’impact sur la sécurité sociale.

Un modèle économique est donc à redéfinir. Loin de grever le budget, le financement du manuel numérique et de son support peut se faire en utilisant l’argent différemment. Mais, on le devine, c’est aussi un modèle pédagogique que l’on doit repenser.

Vers une pédagogie différenciée

Si l’on se demande pourquoi utiliser un manuel numérique, il faut évidemment se demander ce qu’il apporte au regard de son équivalent de papier. On a vu qu’il était plus léger, qu’il permettait de s’affranchir de certaines contraintes éditoriales, qu’il était plus aisément remis au goût du jour, etc. Est-ce tout ? Ne s’agit-il que de moderniser l’école ? Une école qui a un train de retard dans une société où le numérique est omniprésent ? Je ne le crois pas.

Bien sûr, l’école se modernise, et s’est toujours modernisée. De l’apparition du tableau noir à celle du TBI, du papier carbone au photocopieur en passant par la machine à polycopier à alcool, l’école a toujours accueilli de nouvelles techniques. Hier, le magnétophone, le magnétoscope, puis la télévision, aujourd’hui, l’ordinateur, puis la tablette. En un sens, l’enseignant a toujours été un technophile. Mais toute cette technique ne sert à rien, ou à pas grand-chose, si elle ne s’accompagne d’un changement dans la façon d’enseigner, dans la pédagogie.

Ce seul mot suffit à faire prendre la fuite à des cohortes d’enseignants. Pourtant, quelles que soient leurs exigences, quelle que soit leur vision de l’éducation ou de l’instruction (comme on voudra), aucun ne se refusera à reconnaître qu’il est soucieux de la réussite de ses élèves, de tous ses élèves, pas un ne devant être relégué au fond de la classe à attendre que les heures passent. C’est, de mon point de vue, le grand apport du numérique. Ce n’est pas un supplément d’âme permettant de se dire que l’école est moderne, que l’école n’est pas un îlot ou un sanctuaire (quelle que soit la métaphore que l’on choisisse) sans rapport aucun avec la société qui l’accueille. C’est un outil, un simple outil, un outil que l’on peut débrancher (est-il besoin de le rappeler à ceux que le numérique horripile), un outil qui doit nous permettre de mieux réaliser notre métier ou alors il ne sert à rien.

Il faut se convaincre de cette idée : une technique a une influence sur l’enseignement. Ainsi, le passage de la plume d’oie à la plume de fer a permis d’enseigner aux enfants l’arithmétique plus tôt, la dextérité requise étant moindre avec la plume de fer. Quelles peuvent être, en adoptant des tablettes et des manuels numériques, les transformations pédagogiques ? Eh bien, si cela reste encore à découvrir, je crois que l’informatique permet de modifier notre pédagogie, en la différenciant à moindres frais (3). C’est, par exemple, le cas de la dictée. Traditionnellement, l’enseignant dicte un texte et un seul à la classe tout entière, laquelle s’efforce de le suivre au même rythme. Mais un manuel numérique proposant des dictées permet à l’élève de travailler à son rythme, à son niveau (il n’est pas obligé de faire la même que celle de son voisin, il n’est pas obligé de finir en même temps que son voisin), etc.

En outre, le numérique rend poreuse la frontière entre l’école et la maison. Le travail peut être accompagné. L’élève (ou le parent aidant l’élève) sont susceptibles de bénéficier d’une simple aide par mail. Ce peut être un véritable travail à distance. En effet, le numérique permet l’écriture collaborative. Un élève invité à rédiger un texte ne court plus le risque du hors sujet. Il n’a même plus à se retrouver seul face à une page qu’il ne sait comment remplir, car il est possible de cet élève corriger au fur et à mesure en utilisant un site (4) permettant la rédaction collective d’un texte.

La visioconférence permet de suivre ou de rattraper (en y assistant «en différé») un cours. C’est utile pour l’élève qui se trouve dans l’incapacité de se déplacer (maladie, conditions climatiques), c’est utile pour l’élève qui veut réécouter le cours. Et on trouvera bien d’autres exemples encore ! Naturellement, ce n’est nullement la panacée, la solution miracle, mais on aura au moins pallié certains manques, certaines injustices, etc.

Le manuel numérique, le numérique tout court d’ailleurs, permet donc d’aider tous les élèves et peut-être même de faire que le collège devienne enfin unique, car il ne l’a jamais été, n’en déplaise à ses détracteurs. C’est un rôle nouveau qui est dévolu à l’enseignant. On pourra penser qu’il n’est pas assez payé, et l’on n’aura pas tort. On pourra penser que sa vie personnelle est envahie par sa vie professionnelle, et l’on aura tort. Cela a toujours été le cas, lorsque l’on prépare ses cours, lorsque l’on corrige ses copies. Tout au plus, les choses s’accentuent-elles davantage (5), mais ce rôle gagne en importance.

En fait, après avoir mis l’élève au centre du dispositif scolaire, l’enseignant doit, à son tour, trouver une place centrale, une place qu’internet a fait émerger.

Le rôle de l’enseignant

Nous avons commencé par évoquer le coût phénoménal du manuel scolaire en France. C’est un coût qui pèse sur les collectivités, malgré qu’on en ait, un coût que l’on peut considérer, bien souvent, comme superfétatoire. Ces manuels fort onéreux, délaissés par les uns, portés au pinacle par les autres, ne connaissent qu’une utilisation partielle, une utilisation que ne justifie pas un tel coût. Je ne crois pas connaître un seul enseignant qui l’utilise d’un bout à l’autre, à l’exclusivité de toute autre ressource. La réalité est que, parfois, l’enseignant s’appuie sur tel ou tel manuel, et recompose sa progression pédagogique en glanant çà et là diverses ressources. Ces ressources peuvent provenir des manuels qui envahissent nos casiers lors des renouvellements de programmes. Bien souvent ces ressources proviennent d’internet.

Que constate-t-on ? Que les enseignants bâtissent des sites internet dans lesquels ils proposent leurs propres ressources, que les enseignants réfléchissent à leur pratique sur leur propre blog, échangent leurs idées sur les réseaux sociaux (Twitter, Facebook…), dans de nombreux forums ou listes de discussion. Ces enseignants scannent, prêtent, transmettent, diffusent leurs travaux par ces divers truchements, en conséquence de quoi internet regorge de documents qu’au prix d’une adaptation l’enseignant fait siens. C’est une gigantesque salle des professeurs de toutes les matières, de tous les niveaux, de toutes les nationalités (si la langue le permet). Depuis l’avènement des réseaux sociaux, je n’ai jamais autant côtoyé mes homologues belges, québécois ou marocains.

D’aucuns, et les éditeurs en première ligne, verront ces richesses à travers le prisme de leur profession. Ils regretteront, par exemple, que l’auteur et son autorité, disparaisse, que l’éditeur ne soit plus le garant d’une ligne éditoriale. On va jusqu’à toiser cet afflux numérique, et filant la métaphore aquatique, le qualifiant d’égout.
Ces considérations font de l’intermédiaire entre l’œuvre et le lecteur une nécessité. Or si elle n’a pas toujours existé, elle n’est pas même seulement nécessaire ni souhaitable.

Elle n’est pas nécessaire en ceci qu’un éditeur n’est le garant de rien du tout. Le marché de l’édition présente des dizaines de «chefs-d’œuvre» à lire chaque semaine. On voudrait nous faire croire à la supériorité de ce flot sur celui du numérique parce qu’il a fait l’objet d’un tri, un tri parfois lié à des impératifs mercantiles ? Que dire des vanity press, ces livres vendus à compte d’auteur ? des livres à grand tirage d’une médiocrité absolument inconcevable ? Ont bien été édités des livres erronés, des horreurs de Maurras ou de Céline ! Et que dire de ces ouvrages dans lesquels on trouve coquilles et erreurs faute d’une seconde correction voire d’une relecture humaine !

Et pour le dire franchement, l’éditeur n’est le garant d’un savoir que parce que nous lui accordons toute notre confiance. Notre savoir ne repose pas sur la validation de tel ou tel, mais sur la confiance que nous lui accordons. Ainsi nous croyons dur comme fer que la racine carrée de 2 est 1,414 213 562 373 095 048 801 688 724 209 698 078 569 671 875 376 948 073 176 679 737 990 732 478 462 107 038 850 387 534 327 641 572 7. Pourquoi ? Parce que la communauté scientifique nous l’affirme. Personnellement, c’est une notion que je ne suis pas capable de battre en brèche. Je m’en remets donc à un tiers, que je trouve l’information dans un livre ou sur internet ne change rien.

Elle n’est pas souhaitable en ceci que l’édition ne comprend pas la mutation qui est en train de s’accomplir, et qui, pourtant, s’est déjà accomplie dans l’industrie musicale. Condamnés à reproduire ce qui existe déjà ou à disparaître, les éditeurs s’arc-boutent sur des principes battus en brèche par internet. Les droits d’auteur et autres joyeusetés (les DRM, les Time bombs, etc.) font du manuel numérique un objet peu pratique, qui ne peut s’épanouir dans de telles conditions.
Pire encore ces droits paralysent l’essor, la diffusion, le partage du savoir. Or toute la littérature du Moyen Âge s’est développée hors de ce carcan que la Révolution française, soucieuse de protéger les auteurs, a apporté. Libérant l’auteur du mécénat, il s’agissait de lui donner les moyens de vivre et donc de penser. Elle ne pouvait prévoir qu’elle se ferait confisquer ses plus belles avancées par la rapacité de ces auteurs et de leurs éditeurs lesquels confisqueraient à leur seul profit des écrivains parfois morts depuis près de 100 ans (c’est le cas de Guillaume Apollinaire), quand elle ne fait pas pire…

Que faire de l’éditeur scolaire ? N’est-il pas moribond ? Il n’est plus imprimeur depuis fort longtemps (dès le XIXe siècle pour Louis Hachette). Certains des métiers liés à l’impression ont disparu ou du moins partiellement disparu. C’est le cas de la prépresse, non ? Le livre devenant à son tour immatériel, la PAO touchant le grand public, n’avons-nous pas là les signes d’une mutation inéluctable ?

Dans ces conditions, comment ne pas voir qu’il pèse sur l’enseignant une nouvelle responsabilité, celui de déterminer si telle ou telle ressource trouvée sur internet présente ou non un intérêt, si elle est fiable ou non. Si c’est une responsabilité certaine, elle lui incombe d’autant plus volontiers que du haut de ses cinq années d’études (au minimum), l’enseignant a la capacité de trier, de faire la part des choses dans la masse d’informations que déverse internet.
Voilà comment le lecteur devient auteur, comment il fait autorité. C’est lui qui dira si telle ou telle ressource lui semble fiable ou pas.

Ayant autorité sur sa matière, rédigeant lui-même les manuels (en France ce sont, en effet, des enseignants qui font les manuels), ayant aujourd’hui la capacité de s’autopublier, l’enseignant du XXIe siècle est un professionnel d’un nouveau genre. Au tout début des années 1880, dans le contexte des lois Ferry, on reconnaissait aux enseignants cette capacité de choisir leurs propres manuels. Ce n’était plus du ressort du ministère. Pourquoi ne pas aller plus loin à présent puisqu’il a les moyens de s’autopublier ? L’arrêté du 12 mai 2010 qui explicite les compétences à acquérir par les professeurs ne va-t-il pas dans ce sens ? Il s’agit d’«apprécier la qualité des documents pédagogiques (manuels scolaires numériques ou non et livres du professeur associés, ressources documentaires numériques ou non, logiciels d’enseignement, etc.)».

Pour finir

Ainsi, le manuel sur papier, cet objet onéreux et précaire, en bute à l’essor d’internet, connaît une véritable crise. Cette crise, me semble-t-il, redistribuera les rôles et modifiera notre façon d’enseigner. Plus mobile et plus personnalisé, renouant avec les aspirations de Freinet tout en conjugant le potentiel des nouvelles technologies.
Quant au manuel numérique, fort de tous ses avantages en terme de poids, d’interactivité et de richesse en tout genre, il devrait prendre, à plus ou moins longue échéance place dans les cartables des élèves, dès lors que les camions informatiques (autrement dit les PC de bureau conventionnels) auront été abondonnés au profit des outils mobiles, smartphones, ordinateurs de poche et tablettes. Souhaitons que cela se fasse rapidement.

On ne fera cependant pas l’économie d’une véritable réflexion sur ce que doit être ce manuel. Devra-t-on encore parler de manuel ? N’aurions-nous pas tout à gagner à envisager la constitution collaborative d’un cahier de travaux dirigés ? Cahier produit du travail d’enseignants et de l’élève. A la fois recueil documentaire et témoignage des réflexions de l’apprenant. Lyonel Kaufmann, reprenant ce billet, a esquissé très récemment quelques pistes.

Une question doit se poser également. Quelle entreprise emportera la mise ? Faut-il d’ailleurs qu’une entreprise emporte cette mise ? Google, Microsoft, Apple ont en tout cas bien compris qu’il y avait là un marché (6) à prendre. Je ne vais pas ergoter sur un tel sujet qui excéderait de loin l’objet de cet article, mais, enfin, il faudra bien prendre en compte ceci : l’élégance, la facilité d’usage, l’ouverture et la fiabilité sont les qualités indispensables requises pour convaincre et les pouvoirs publics et les élèves (sans oublier leurs parents) et leurs enseignants. Je ne sais vraiment pas qui, de Google, Microsoft ou Apple, possède la totalité de ces qualités, mais j’ai tout de même une préférence.

Notes :

1 Internet n’a pas tué la télévision qui n’a pas tué la radio qui n’a pas tué la presse…

2 Sans tomber dans l’asservissement ou l’aveuglement publicitaire, force est de reconnaître que l’iPad relègue dans les limbes toutes les autres machines à commencer part les ultraportables faits de plastiques et dont la fiabilité laisse à désirer. Que je sache, l’iPad n’a pas de panne, est solide et son autonomie n’oblige pas les collectivités à modifier les salles de cours pour que tous les élèves puissent se brancher sur le secteur.

3 À moindres frais parce que, sans l’informatique, différencier la pédagogie peut se révéler complexe.

4 Etherpad ou Piratepad par exemple.

5 Et encore ! Je préfère prendre le temps de répondre à un élève par mail plutôt que de découvrir, le lendemain, que tel exercice n’a pas été fait, qu’il n’a pas été compris.

6 On peut regretter que l’école soit un marché, mais c’est le cas. C’est d’ailleurs l’édition scolaire qui, voulant élargir ce marché, l’a compris fort tôt en créant le cahier de vacances. En effet, en 1933, paraissait Loulou et Babette.

Quelques saines lectures :