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IA & Différenciation

J’ai récemment animé une formation pour l’équipe de lettres du LFI, formation qui ambitionne de montrer comment on peut tirer parti de l’intelligence artificielle pour différencier et notamment, dans le contexte des dernières réformes, faciliter la création de groupes de besoins. La focale portait sur l’écriture de prompts dans Claude dont la version gratuite propose une fenêtre contextuelle de 200k tokens. De quoi s’exprimer ! De ce point de vue, je défends l’idée que plus qu’un art du prompt, c’est un art de la prose qu’il importe de maîtriser et que tout locuteur ou amateur de linguistique reconnaît aisément. C’est la situation d’énonciation, à ceci près que l’allocutaire est une machine qui n’a qu’une idée en tête : vous servir.

Je revendique aussi une certaine sobriété de moyens. Claude peut largement faire votre bonheur. Pas la peine de courir après mille apps. Tout au plus s’est-on autorisé quelques incartades du côté de Brisk, Suno, TTSMaker ou Perplexity.

Cette formation s’inscrit dans la continuité d’une autre purement dédiée à la différenciation et aux moyens ou méthodes à mettre en œuvre pour y parvenir.

Comme toujours, puissent ces documents vous aider voire vous inspirer et m’inspirer en retour de vos commentaires.

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Itinéraire d’un lecteur gâté : Les maux du numérique

Neuvième épisode

Épisode 9 Podcast

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Avant de conclure cette série d’articles consacrés à la lecture numérique, arrêtons-nous un moment sur les maux qui accablent le lecteur penché sur sa tablette et qui ne demande pourtant qu’à lire paisiblement, maux que nous avons jusqu’à présent éhontément ignorés. Le lecteur – que nous avons jusqu’ici dépeint comme gâté – peut précisément voire sa lecture se gâter du fait de ces maux, lesquels viennent abîmer la lecture, ce qui ne va pas sans conséquence bien fâcheuses. Mais quels sont ces maux ? Si les cavaliers de l’apocalypse n’étaient que quatre, les annonciateurs de l’Enfer numérique sont ici au nombre de huit. Le double. Rien que ça ! Les voici.

  • Les publicités et autres messages indésirables
  • L’infobésité
  • Les algorithmes de recommandation
  • Le doomscrolling
  • L’économie de l’attention
  • La polarisation
  • Les fake news
  • Les hallucinations

Ces maux ont rendu la fréquentation du web compliquée, mais pas impossible à condition de savoir comment les affronter et apprendre à nager en eau trouble. Cette petite liste tératologique peut sembler quelque peu hétéroclite et on pourra justement se demander ce que les uns ont à voir avec les autres. C’est bien simple et nous l’avons dit. D’une façon ou d’une autre, ils perturbent la lecture, la diffèrent, altèrent la qualité de l’expérience, induisent en erreur, vous rendent captifs, vous isolent, vous font errer d’une chose à l’autre que vous n’avez pourtant pas choisies. La liste est interminable.

Passons en revue ces monstres. Mon esprit fonctionnant un peu comme celui de Montaigne (malheureusement, la comparaison s’arrête là), nous procéderons à sauts et à gambades, passant de l’un à l’autre sans autre logique que celle qui amène à ma mémoire le souvenir de ces maux.

Souhaitons leur disparition et, en attendant, voyons également comment les affronter.

Publicités et autres messages indésirables

Quand vous lisez sur le web, la pire des choses (encore que ce classement va s’avérer bien difficile pour savoir à qui donner la priorité dans le pire du pire), c’est probablement la publicité. Je sais bien qu’elle permet à certains de payer le nom de domaine, l’hébergement ou les frais de développement. J’en sais quelque chose. Mais qu’on me permette à mon tour de ne pas l’afficher.

Pour cela, on a vu que le mode lecture de Safari (on retrouve cette fonction sur tous les navigateurs) était un premier moyen. Le second est certainement le désormais traditionnel bloqueur de publicités. On en trouve de nombreux. Il suffit de faire une recherche sur l’App Store. Vous en trouverez plein.

Adblockers

J’utilise pour ma part 1Blocker qui bloque les publicités naturellement, mais aussi toutes sortes d’inconvénients parmi lesquels on trouve au premier chef les cookies et autres trackers en tout genre.

1blocker

Mentionnons aussi des applications comme StopTheMadness laquelle porte bien son nom et qui vous redonne un peu de contrôle sur ces sites qui, par exemple, bloquent le copier/coller, lancent automatiquement des vidéos… Il y a aussi superagent qui vous débarrasse des pop-ups. Banish bannit une autre forme de pop-ups familière aux utilisateurs d’iPhone et iPad vous invitant à utiliser l’app plutôt que le navigateur. Hush fait quelque chose de similaire en tuant dans l’œuf ces pop-ups qui vous invitent à souscrire ici à une newsletter, là à consentir à un tas de trucs dont vous n’avez que faire. Vous voyez que ce ne sont pas les options qui manquent. Ça n’est jamais parfait. Parfois, il vous faudra désactiver l’une de ces extensions pour que le site fonctionne correctement à nouveau, mais ça en vaut amplement la peine.

Infobésité

Ce mal est terrible et les solutions que l’on peut apporter à ce problème dépendent largement de vous et de votre capacité à accepter que oui, l’information est partout et que non, vous ne pouvez ni tout lire ni tout voir.

En revanche, vous pouvez stocker pour un éventuel plus-tard tel ou tel article. Peut-être ne le lirez-vous jamais, mais vous avez sauvegardé cet article et cela soulage partiellement votre culpabilité. Reste à vous organiser un tout petit peu. On a pu voir que GoodLinks me rendait de fiers services pour cela. C’est ma boite à liens. L’effort minimum consiste à appliquer un tag à l’article sauvegardé, et une étoile à celui qu’il m’importe de lire au plus tôt. Les meilleurs moments pour soulager ma culpabilité liée à mon désir d’information sont toujours ces temps hors-connexion (bien rares il est vrai) où je peux rattraper un peu de mon retard.

J’aime beaucoup aussi le widget sur l’écran d’accueil de ma tablette qui affiche aléatoirement le titre d’un des articles que j’ai sauvegardés et tire ainsi de l’oubli l’un de ces articles enfouis dans une masse sans cesse croissante.

Ma culpabilité se fait hélas cruellement ressentir quand je constate que la liste des articles sauvegardés croît plus vite qu’elle ne décroît, mais à la faveur des vacances, il est parfois possible de soulager ce sentiment bien pénible.

Algorithmes de recommandation

Dominique Cardon, dans À quoi rêvent les algorithmes, nous explique le fonctionnement des algorithmes :

Le futur de l’internaute est prédit par le passé de ceux qui lui ressemblent.

Et il ajoute un peu plus loin :

Ils sont prédictifs parce qu’ils font constamment l’hypothèse que notre futur sera une reproduction de notre passé.

Prédire le futur en fonction de notre passé ! Très concrètement, YouTube agit de cette façon : puisque vous avez regardé une vidéo des Smiths, vous aurez bien envie d’en voir une autre, n’est-ce pas ?

Si vous détestez que l’on vous dise que lire et quoi regarder, fuyez ces réseaux comme feu Twitter qui, au lieu d’afficher chronologiquement les messages des personnes auxquelles vous vous êtes abonné, font apparaître ce qu’ils pensent que peut-être vous seriez intéressé de voir, choix largement dépendant d’algorithmes pas toujours très intelligents, mélanges de likes et de retweets, favorisant les favorisés et créant un espace sans rapport avec celui que vous avez essayé de vous créer. Si l’on y réfléchit bien, il y a là une sorte de contenu éditorialisé. Je ne vois pas d’autres termes pour parler d’un réseau social qui prône la liberté d’expression poussée à son paroxysme et qui laisse passer tweets racistes, sexualisés ou anti wok.

Pour contrer les timelines créées par d’autres, vous pouvez créer des listes. Avant la diaspora qu’a entraîné le rachat par Musk de Twitter, j’avais des listes que je trouvais plutôt riches et informatives. On y trouve malheureusement de la publicité et certaines personnes ont déserté le réseau social autrefois adoré. Mais on peut aller voir sous d’autres cieux comme Mastodon. On peut aussi préférer l’antique flux RSS, et là au moins vous décidez de ce que vous lisez. Si jamais vous avez un abonnement à l’une des plateformes permettant de consulter des flux RSS, vous pouvez mettre en place des filtres qui apporteront également une solution à notre problème qui est l’infobésité. Vous pouvez par exemple interdire certains mots et certains articles n’apparaitront plus.

Rien à voir avec la lecture, mais mentionnons une application comme Freetube qui, si vous détestez les publicités ou justement les recommandations, vous permettra de retrouver un certain plaisir à regarder YouTube. En effet, avec Freetube, nulle publicité ni rien de tout ce qui rend la fréquentation de YouTube pénible.

Freetube

À noter que, sur iPad, feeeed propose quelque chose de similaire puisque lorsque vous lancez une vidéo YouTube vos yeux et vos oreilles ne font pas l’objet d’un assaut publicitaire visuellement et auditivement navrant qui vous force à regarder un truc qui vous plonge dans des abîmes d’indifférence.

Feeeed

Doomscrolling

J’ai cherché la traduction de « doomscrolling » et ai trouvé « défilement morbide ». Je ne sais pas lequel est le pire (anglais ou français), mais il faut bien reconnaître que les designers du monde entier se sont ingéniés à trouver les moyens de vous faire parcourir des pages et des pages de vidéos ou de textes. Des années de métro et de bus m’ont amené à conclure que cette pratique n’était pas nécessairement l’apanage des jeunes, mais que les « vieux » aussi pouvaient s’adonner à cette pratique abrutissante qui vous absorbe dans la contemplation sans fin d’un contenu avoisinant souvent la nullité totale.

Je ne crois pas particulièrement souffrir de ce problème (sauf période de vide existentiel), mais enfin voilà quelques conseils.

Le mode Concentration offre des possibilités qui méritent d’être explorées. Il vous permet, comme son nom l’indique de vous concentrer sur ce que vous avez à faire et pour vous y aider, vous pouvez choisir de ne plus afficher telle application voire tel écran d’accueil, de supprimer momentanément les notifications et, couplé à Temps d’écran, vous pouvez prendre la mesure du temps que vous passez sur telle ou telle application. C’est une première étape.

Je suis bien d’accord que concernant le dernier point, l’efficacité est maigre et outre un petit sentiment passager de culpabilité, vos efforts pour minimiser votre temps d’écran seront bien vains.

Je serais bien tenté d’essayer une app comme Ochi, mais voilà ! un abonnement supplémentaire ainsi qu’une petite incertitude quant à l’efficacité de tels procédés font que je n’ai pas franchi le pas. Je reste toutefois attentif aux possibilités de contrôle proposées par ces applications, mais si je vois à l’avenir que je peine à contenir ce frénétique besoin de continuer à scroller, je recourrais probablement davantage à ces applications pour limiter la consultation de contenus finalement non choisis.

Au reste, j’ai trouvé dans Wired un article très intéressant intitulé How to Stop Doomscrolling-With Psychology. Dans cet article, on trouve cette non moins intéressante partie intitulée Avoid Confirmation Bias (Éviter le biais de confirmation) et qui démontre que l’on a tendance à discréditer ce qui contrevient à nos opinions.

“Research has shown that humans have a sort of mental filter that causes us to discredit information that challenges what we already believe to be true, and we give more weight to ideas we agree with,” Johnson says. “When you are doomscrolling, you will find there is no shortage of terrible information out there that will only enhance your confirmation bias.” 1

In fine, il nous faut considérer que notre propre vision du monde n’est pas un solipsisme et qu’on ne saurait tout juger à l’aune de nos convictions. Il faut savoir argumenter contre soi-même, se faire l’avocat du diable en somme. Si cette schizophrénie intellectuelle vous effraie, demandez à chatGPT de vous apporter la contradiction.

Économie de l’attention

La démonstration n’est plus à faire et la chose est désormais bien connue. Nous avons un degré d’attention limité et elle représente une potentielle richesse que les différents acteurs de la Silicon Valley s’efforcent de monétiser. En gros, vous avez un service qui est gratuit comme Spotify ou YouTube et vous pouvez soit faire disparaître la publicité en payant un abonnement, soit payer avec votre attention et supporter des discours commerciaux dont la portée intellectuelle est rarement au-dessus du niveau d’un enfant de cinq ans. Cet article du Guardian au titre éloquent, Netflix’s biggest competitor? Sleep, montre bien l’ampleur du problème. En 2017, pour Reed Hastings, le patron de Netflix, son plus gros concurrent n’était pas Amazon ou YouTube, mais le sommeil. On en est là.

Tout aussi inquiétant est la façon dont les algorithmes ou l’interface s’efforcent de vous garder dans l’application. TikTok s’en est fait une spécialité. Vous n’avez même pas à cliquer pour voir une vidéo. Vous êtes déjà en train de regarder. Les J’aime, les titres accrocheurs (clikbait), les recommandations font qu’il est difficile de résister.

Que faire ? Le premier pas consiste à en prendre conscience. Il y faut de la volonté ensuite et cela n’a rien d’évident et malheureusement je n’ai aucune recette miracle si ce n’est celles que nous avons déjà évoquées plus haut.

Polarisation

On la qualifie souvent de politique, mais je trouve qu’elle touche tous les pans de la société et pour prendre un sujet que je connais – celui de l’éducation – je trouve qu’elle touche aussi le corps enseignant. Il n’est que de se souvenir de la réforme du collège en 2016 qui avait divisé en deux camps les enseignants.

Qu’est-ce que le lecteur peut faire ? Multiplier les sources d’information, ne pas se laisser enfermer dans des bulles. Accorder un peu d’attention aux voix dissonantes qui n’abondent pas dans votre sens.

Reste qu’il faut bien connaître qu’avec les réseaux sociaux, on fait l’expérience de l’altérité, et que cela peut être difficile. On se confronte aux opinions d’autrui, lesquelles sont susceptibles de vous heurter. Si cette opinion n’est pas le fruit d’une manipulation (on y vient dans la partie suivante), on peut lui accorder quelque crédit, mais parfois cette opinion n’a pas d’autre objectif que de condamner voire de vous expliquer doctement en quoi vous êtes un sinistre abruti, et toujours lorsque je me trouve dans de tels lieux, je puise ou j’essaie de puiser un peu de sagesse chez les moralistes et notamment La Bruyère qui écrivait :

Parler et offenser pour de certaines gens est précisément la même chose ; ils sont piquants et amers, leur style est mêlé de fiel et d’absinthe, la raillerie, l’injure, l’insulte leur découlent des lèvres comme leur salive ; il leur serait utile d’être nés muets ou stupides, ce qu’ils ont de vivacité et d’esprit leur nuit davantage que ne fait à quelques autres leur sottise : ils ne se contentent pas toujours de répliquer avec aigreur, ils attaquent souvent avec insolence ; ils frappent sur tout ce qui se trouve sous leur langue, sur les présents, sur les absents, ils heurtent de front et de côté comme des béliers ; demande-t-on à des béliers qu’ils n’aient pas de cornes ? de même n’espère-t-on pas de réformer par cette peinture des naturels si durs, si farouches, si indociles ; ce que l’on peut faire de mieux d’aussi loin qu’on les découvre, est de les fuir de toute sa force et sans regarder derrière soi.

Les Caractères, V De la société et de la conversation, 26

J’aimerais assez, au reste, n’être pas le seul à lire cet ouvrage et qu’on érige à nouveau la discussion en un idéal. Citons une dernière fois La Bruyère.

L’on parle impétueusement dans les entretiens, souvent par vanité ou par humeur, rarement avec assez d’attention : tout occupé du désir de répondre à ce qu’on n’écoute point, l’on suit ses idées, et on les explique sans le moindre égard pour les raisonnements d’autrui : l’on est bien éloigné de trouver ensemble la vérité, l’on n’est pas encore convenu de celle que l’on cherche.

Les Caractères, V De la société et de la conversation, 67

Fake news

La chose n’est pas nouvelle. Umberto Eco l’a bien montré dans Six promenades dans les bois du roman ou encore dans Le Cimetière de Prague. Il y montre comment le faux, les thèses complotistes ont eu les pires conséquences. On sait en effet que les Protocoles des sages de Sion ont eu une influence considérable sur l’Holocauste.

La guerre du faux d'Umberto Eco

Il nous faut en tout cas avoir à l’esprit que nous sommes entrés dans l’ère du soupçon, que tout est potentiellement faux et que l’intelligence artificielle va très certainement industrialiser cette production du faux, mais au moins le lecteur doit-il être averti. Il nous faut enfin éduquer nos élèves et les outiller à apprendre à détecter le faux.

Ils peuvent utiliser Newsguard (qui est gratuit sur le navigateur Edge en installant cette extension) ou des sites de fact-checking. Cet article de Wikipédia en dresse la liste par pays. En France, il y a les Décodeurs. Aux États-Unis, on connaît, entre autres, AFP Fact Check ou celui de Reuters.

À ce sujet, j’aime bien les propositions d’Asma Mhalla dans son ouvrage Technopolitique et qui explique que nous n’avons pas tous vocation à être des super-experts ou des fact-checkers nés.

Nous devrions nous concentrer non plus sur la recherche viscérale du « vrai », mais plutôt nous demander toujours des choses simples et perdues de vue par la plupart : « Qui », « Qui me parle ? » « D’où me parle-t-on ? » « Qui me dit quoi dans quelle intention ? », autant de questions réflexes bien plus salutaires, plus proactives que celle de savoir si « c’est vrai » ou si « c’est faux ». En lieu et place des injonctions, penser des actions simples mais répétées de politiques publiques qui mettent les citoyens en mouvement, en contrôle, en responsabilité, en désir.

Technopolitique – Comment la technologie fait de nous des soldats

Hallucinations

À ces maux parfois anciens, on en ajoutera un nouveau, l’hallucination. C’est en effet de ce petit nom qu’on désigne les curieuses productions des IA quand au lieu de dire « Je ne sais pas », elles se mettent à inventer. Lors des débuts de chatGPT, l’épisode des œufs de vache a bien faire rire la planète. Il est certes (en partie) réglé, mais l’IA ne continue pas moins d’inventer. J’en ai fait la démonstration récemment à de jeunes élèves. Il suffit de demander une biographie de soi et c’est le grand n’importe quoi.

Llama Claude Mistral Gemini
Yann Houry is a French entrepreneur and computer scientist who has made significant contributions to the field of artificial intelligence. He is the co-founder and CEO of Dataiku, a collaborative data science platform that enables organizations to build, deploy, and manage their own AI models.<br><br>Houry was born in 1984 in France, where he developed an interest in computer science and entrepreneurship from a young age. He went on to study computer science at the École Polytechnique in Paris, where he earned his master’s degree in 2007. After completing his studies, Houry worked as a software engineer at various companies, including Google and Facebook, before co-founding Dataiku in 2013. Yann Houry est un acteur français né en 1984 à Lille. Il est principalement connu pour ses rôles à la télévision, notamment dans les séries Camping Paradis et Clem. Dans Camping Paradis, il a incarné le personnage de Benjamin Ferreira pendant 10 saisons, de 2006 à 2016. C’était l’un des rôles principaux de la série.<br><br>Depuis 2017, il joue le rôle de Simon dans la série Clem sur TF1. C’est aussi l’un des personnages récurrents de cette comédie familiale. Au cinéma, on a pu le voir dans des films comme La bonne épouse (2017) ou Le meilleur reste à venir (2019). Il a également joué au théâtre, notamment dans L’assassinat de Ernesto G. avec Fabrice Eboué en 2019. Yann Houry est un réalisateur, scénariste et producteur français. Il est né le 13 novembre 1975 à Paris. Il a suivi des études de cinéma à l’Université Paris 8 et a commencé sa carrière en réalisant des courts-métrages.<br><br>En 2002, il a co-fondé la société de production "Les Films du Worso" avec ses amis de longue date, les réalisateurs Riad Sattouf et Guillaume Brac. Ils ont produit plusieurs courts-métrages, dont "Les Jours où je n’existe pas" de Jean-Charles Fitoussi, qui a remporté le César du meilleur court-métrage en 2004.<br><br>En 2006, Yann Houry a réalisé son premier long-métrage, "Les Amitiés maléfiques", adapté du roman éponyme de Emmanuel Bourdieu. Yann Houry est un entrepreneur français né le 28 novembre 1973 à Paris. Il est le fondateur et PDG de la société de conseil en innovation et transformation digitale, Fabernovel.<br><br>Après avoir obtenu un diplôme d’ingénieur en informatique à l’École nationale supérieure des mines de Paris, Yann Houry a travaillé dans le secteur de la finance chez Goldman Sachs et chez Morgan Stanley. En 2000, il a rejoint la société de conseil en stratégie McKinsey & Company, où il a travaillé pendant 10 ans.<br><br>En 2010, Yann Houry a fondé Fabernovel, une société de conseil en innovation et transformation digitale.<br>

Là encore, la solution toute relative est de développer la conscience que l’IA est capable d’inventer de toutes pièces des faits. Le cas des œufs de vache était truculent, mais des gens plutôt éduqués se sont fait duper, comme on peut le voir dans cet article du New York Times relatant les mésaventures d’un avocat se reposant naïvement sur les résultats produits par le chatbot. De ce point de vue, je trouve que les propos de Sam Altman, le fondateur d’OpenAI, sont toujours d’actualité.

ChatGPT is incredibly limited, but good enough at some things to create a misleading impression of greatness.
it’s a mistake to be relying on it for anything important right now. it’s a preview of progress; we have lots of work to do on robustness and truthfulness. 2

En somme, on a besoin d’éducation, mais ce n’est pas nouveau.

Que conclure de tout cela ?

On le voit bien. Il n’y a pas qu’une nécessité technologique de s’équiper d’applications bloquant les publicités ou vous permettant de retrouver un peu d’autonomie dans un monde où les algorithmes choisissent pour vous ce que vous allez lire ou regarder. L’enjeu est bien plus grave. Ce qui se joue là n’est rien d’autre qu’une attaque en bonne et due forme de l’esprit au travers de la distribution, de la désinformation et de la manipulation. En somme, c’est une attaque et Asma Mhalla que nous avons déjà citée a raison de rappeler les propos de James Giordano quand il dit « The human brain is the battlefield of the 21st century ». Le cerveau humain est le champ de bataille du XXIe siècle. Et pour bien le comprendre, je ne peux que vous recommander de lire son livre, Technopolitique – Comment la technologie fait de nous des soldats.

Mais je réiterai tout de même ce besoin d’éducation. Et je pense que l’on se fourvoie quand, à l’école, notre seule approche de la lecture est celle des classiques. Qu’on ne s’y trompe pas. Je pense qu’il est important qu’on lise un La Bruyère, mais je pense aussi que développer des compétences de lecture sur des textes certes moins bons mais disons problématiques et qu’il importe d’identifier comme tel est fondamental. Sinon on prendra toujours le risque que le citoyen du XXIe siècle soit désinformé, et on a vu avec la campagne électorale de Donald Trump en 2016 ou la plus récente guerre en Ukraine en quoi démêler le vrai du faux était primordial. L’enjeu n’est rien moins que démocratique.

1 : « La recherche a montré que les êtres humains disposent d’une sorte de filtre mental qui nous pousse à discréditer les informations qui remettent en cause ce que nous croyons déjà être vrai, et à donner plus de poids aux idées avec lesquelles nous sommes d’accord", explique M. Johnson. "Lorsque vous faites défiler des pages indéfiniment, vous vous apercevez que les informations terribles ne manquent pas et qu’elles ne font qu’accentuer votre biais de confirmation ».

2 : « ChatGPT est incroyablement limité, mais suffisamment performant pour donner une impression trompeuse de grandeur.
c’est une erreur de s’y fier pour quoi que ce soit d’important pour le moment. il s’agit d’un aperçu des progrès réalisés ; nous avons encore beaucoup de travail à faire en matière de robustesse et de véracité. »

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Itinéraire d’un lecteur gâté : Dictionnaires et traductions

Huitième épisode

Épisode 8 Podcast

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Cette série d’articles ne serait pas complète si on ne consacrait pas une partie aux dictionnaires et autres traducteurs. En ce qui concerne les premiers, je dirais que dans un sujet consacré à la lecture numérique, il est assez évident qu’on mentionne ces traditionnels volumineux ouvrages qu’il était soit pénible de transporter (je ne sais pas s’il existe encore des écoliers qui ont la charge – au sens propre – de leur épais Larousse écorné), soit impossible de transporter (du temps que j’étais étudiant le Trésor de la langue française tenait en plusieurs volumes. Il fallait alors que je me rende à la bibliothèque pour les consulter). Il va sans dire que le numérique permet d’avoir tout ça dans sa poche. On peut ainsi faire ses recherches à toute heure du jour et de la nuit, alors qu’auparavant, il fallait se rendre à la bibliothèque, attendre éventuellement qu’elle ouvre, croiser les doigts pour que l’ouvrage désiré ne soit pas emprunté.

Quoi qu’il en soit, je vous ferai le détail de ce que ma poche contient d’ici quelques lignes, mais auparavant, il me faut en venir au deuxième point de cet article, les traducteurs. Or ceux-ci n’avaient aucun équivalent dans ma vie analogique. Ils n’existaient tout simplement pas. Google Translate n’était pas seulement un rêve. Ce n’était même pas l’embryon d’une possibilité. C’était tout au plus la fantaisie d’un roman de science-fiction ou un appareil magique digne de Star Trek.

Les dictionnaires

Le petit Robert

La première application que j’ai achetée lorsque j’ai eu mon premier iPad (on devait être en 2012 je crois) a été le Petit Robert. Bien m’en a pris car je bénéficie gratuitement des mises à jour depuis cette année-là, sans que j’aie jamais eu besoin de repasser à la caisse, ce qui ne cesse de m’étonner, tant on s’efforce de vous faire payer et repayer ce que vous avez déjà acheté en ces temps où l’abonnement est la forme de transaction la plus commune. Bref.

Le Petit Robert

Pas grand-chose à dire de son interface certes simple et claire, ni des fonctions qui rendraient l’application absolument indispensable par rapport à sa version papier. On peut bien sûr écouter les mots, ce qui peut s’avérer utile si l’alphabet phonétique reste un mystère pour vous. Reste la recherche intuitive qui peut s’avérer pratique si vous ignorez l’orthographe d’un mot. On a bien l’historique ou la possibilité de créer des favoris, mais rien de transcendant. Rien qui ne permette vraiment de procurer des arguments irréfragables à qui voudrait vous faire abandonner la version papier.

Antidote

Il n’en va pas de même de l’application Antidote qui n’est pas qu’un simple dictionnaire.

Antidote

La première fois que j’ai essayé Antidote, ce n’était d’ailleurs pas tant pour son dictionnaire (le Robert faisait et fait encore largement mon affaire) que pour son correcteur orthographique largement plus puissant que celui intégré au système. En raison des limitations du système de l’iPad, on ne bénéficie pas de certaines fonctions mais on les retrouvera sur la version web.

À ce propos, permettez-moi une petite digression. On dit souvent que les correcteurs orthographiques seraient responsables de la baisse du niveau des compétences d’écriture des élèves, que ceux-ci ne savent pas ou plus écrire, car le correcteur écrit pour eux. Laissez-moi vous compter une tout autre histoire. Quand j’ai acheté Antidote, ce n’était pas tant pour vérifier mon orthographe dont j’étais, en tant que prof de français, plutôt sûr, mais pour m’offrir le confort d’une relecture supplémentaire, une vérification certes, mais pas pour combler mes lacunes, mais plutôt pour m’assurer qu’une éventuelle étourderie n’aurait pas laissé traîner une disgracieuse et humiliante lacune. Or très vite j’ai pris conscience de la nécessité d’acquérir une nouvelle compétence que je n’avais pas et qui se trouvait être la maîtrise de la typographie. Antidote me conseillait en effet d’insérer ici des guillemets français, là un cadratin ou encore une espace (oui, on dit en principe UNE espace) insécable. J’ignorais tout cela et pendant quelque temps, Antidote a suppléé à mon ignorance et puis à force de lire et accepter ses recommandations, je les ai progressivement intégrées à ma pratique et faites miennes. En somme, j’ai appris. Le logiciel m’a servi de béquille, me disant quoi faire jusqu’à ce que je n’en aie plus besoin. Bref, le correcteur corrigeait pour moi, mais se faisant m’a instruit.

Le correcteur d'Antidote

La correction porte donc aussi bien sur l’orthographe, la grammaire que la ponctuation et donc la typographie. Et forcément, on trouve à présent un peu d’intelligence artificielle vous proposant de donner une autre tournure à votre prose, mais c’est pour l’instant bien peu convaincant, et je n’en ai pas grande utilité. Pour l’instant en tout cas.

Un peu d'IA dans Antidote

En fait, j’utilise aujourd’hui beaucoup Antidote pour son dictionnaire anglais. Il est en effet depuis quelques années bilingue. Je n’utilise que peu les autres fonctions. Elles sont pourtant, pour l’amoureux des mots, toutes très intéressantes. On a, par exemple, la possibilité de créer des favoris et parmi ces favoris, des listes que l’on pourra exporter dans un tableur (à partir de là les possibilités d’exploitation sont nombreuses. J’en ai parlé dans Utiliser Google Sheets pour apprendre du vocabulaire).

Les guides d'Antidote

Il y a aussi des guides qui sont de vrais manuels de grammaire. Il y aussi des jeux qui vous permettent de sélectionner un mot au hasard et d’apprendre son étymologie ou l’équivalent du pendu.

L'étymologie dans Antidote

Des jeux dans Antidote

Et aussi

On pourrait installer beaucoup d’autres dictionnaires, mais beaucoup de ceux que j’utilise sont en ligne. En voici une liste non exhaustive.

J’ai tout de même recours au TLFi (le Trésor de la Langue Française informatisé) du Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales qui, avec le Petit Robert, est un… eh bien… un trésor, et pour lequel il existe une app offrant une interface plaisante, claire et aérée.

Le TLFi

J’utilise aussi encore parfois le dictionnaire Larousse français anglais qui ne fait malheureusement pas l’objet d’autant d’attention de la part de son éditeur que le petit Robert. Il n’est plus mis à jour et l’interface n’est même plus adaptée au système d’exploitation actuel. C’est malheureusement le lot de nos vies numériques parsemées d’apps moribondes.

Il est quand même un autre Robert qui se partage mon cœur et qui est le Dictionnaire historique de la langue française. Quand je l’ai acheté, celui-ci avait la forme d’un livre dans l’application Books. Le dictionnaire est à présent une application autonome, certes un peu chère, mais deux fois moins que son équivalent papier, ce qui est suffisamment rare pour être noté. Et vous l’aurez compris, ce voyage dans dix siècles d’histoire des mots est bien plus léger et maniable et accessible.

Le Robert historique de la langue française

Les traducteurs

Je ne vous ferai pas l’injure de vous présenter Google Translate ou DeepL. En revanche, je vous dirai quelques mots de ce que de telles applications changent à la lecture. Et pour ce faire, je remonterai à nouveau le temps pour évoquer mon passé de lecteur.

Pour tout dire, je ne crois pas avoir été jamais doué pour les langues. Je me souviens bien (au collège ou au lycée) avoir fait l’acquisition d’un dictionnaire anglais et d’ouvrages en édition bilingue (une page en anglais, l’autre, en regard, en français), mais peut-être n’étais-je alors pas prêt à fournir les efforts nécessaires, mais je me souviens bien de mon désarroi et surtout de mon impossibilité de progresser dans ma lecture et dans ma maîtrise de la langue anglaise. Je ne mentionnerai même pas la potentielle utilisation du dictionnaire (unilingue forcément) vous obligeant à quitter votre lecture pour ouvrir ledit dictionnaire. Autant dire que la plus grande flemme me paralysait. Le désarroi que j’éprouvais atteindrait le désespoir quand on nous demanda de lire Absalom, Absalom! de Faulkner, encore que la gageure m’avait valu un bruyant éclat de rire que je ravalais amèrement et silencieusement. Je savais que c’était perdu d’avance.

Tout allait changer avec la Kindle. Cet objet a été pour moi un vrai tremplin pour la maîtrise de la langue anglaise (work in progress here). Et c’est probablement une raison supplémentaire expliquant ma désaffection pour le livre papier qui avait échoué à m’aider, à me supporter (pour emprunter un anglicisme) dans mes efforts pour comprendre la langue de Shakespeare. De surcroit, coincidaient pour moi le besoin d’améliorer mon anglais et l’adoption naissante de la liseuse.

Or, sur un tel objet, non seulement le dictionnaire est à portée de doigt puisqu’il est intégré. Un appui prolongé sur le mot le fait apparaître. Mais si d’aventure, la définition ne vous aide pas à comprendre la phrase (et sincèrement cela m’arrive encore. J’ai cherché tous les mots, et le sens de la phrase continue de m’échapper), alors il vous reste la possibilité de traduire tout en restant dans le livre.

Le dictionnaire dans l'application Kindle
La traduction dans l'application Kindle

L’intégration de la traduction n’est pas l’apanage de la Kindle. On la retrouve dans tout l’OS de l’iPad. Ainsi quand vous lisez une page web, vous pouvez faire la même chose. Vous pouvez obtenir la traduction d’un mot.

Le dictionnaire intégré dans Safari

Comme avec la Kindle, si le dictionnaire ne vous apporte pas l’aide désirée, vous pouvez obtenir la traduction d’une ou plusieurs phrases.

La traduction dans Safari

C’est également toute la page que vous pouvez faire traduire si vraiment la langue de Shakespeare (ou d’un autre) vous rebute. Remarquez que même le texte sur la photo est traduit !

Traduire toute une page dans Safari

Autant dire qu’avec de telles possibilités, on n’a aucune raison de ne pas lire ou de faire l’effort de lire dans une langue étrangère. On aura ainsi abandonné un effort (celui de chercher dans un dictionnaire) pour en fournir un autre (lire un texte dans une autre langue), et c’est souvent cela que permet la technologie : cesser de faire une chose, en somme perdre une compétence, pour en acquérir une autre ou en tout cas pour disposer d’un temps que l’on dévolue à d’autres tâches. L’exemple le plus criant est certainement Google Maps, mais je lui préfère celui de la machine à laver qui, en faisant le boulot pour vous, ne vous transforme pas en grosse feignasse méprisable, mais vous permet de faire autre chose. In fine, la machine à laver, c’est l’essor de la culture (c’est drôle, non ?).

Puis-je dire pour autant que je suis pleinement satisfait ? Que nenni. Pour que je le sois, il faudrait encore que les dictionnaires ou traducteurs soient mieux intégrés au système. Ils le sont déjà, mais ce sont ceux d’Apple qui le sont. Si vous voulez traduire une page, c’est le traducteur d’Apple que vous avez sous la main, mais si vous voulez DeepL, il vous faut quitter ce que vous étiez en train de faire et vous diriger d’un doigt alerte vers l’app idoine, ce qui est souvent la première étape d’un jeu pénible de va-et-vient.

Ce qu’il faudrait, c’est exactement ce qu’Apple a permis avec les claviers (souvenez-vous d’iOS 8). Depuis 2014 donc, vous pouvez télécharger des claviers comme vous le feriez avec des apps et les installer et ainsi les utiliser partout dans le système c’est-à-dire dans l’OS. C’est exactement ce qu’il faudrait pouvoir faire avec les dictionnaires ou traducteurs. Je voudrais, par exemple, convoquer Antidote directement dans l’application Kindle, pouvoir mettre un mot en favori et le retrouver et l’exporter dans des listes que je pourrais manipuler, éditer, exporter, enrichir, etc.

Bref, on commence à comprendre que le lecteur gâté l’est à double sens. Il est gâté comme on l’est quand on est comblé de cadeaux, mais il l’est aussi comme dans l’expression « pourri gâté ». On n’est jamais satisfait et c’est heureux puisque les appareils sur lesquels nous travaillons sont mis à jour à intervalles réguliers. Je ne suis pas bien certain que le souhait d’une telle intégration soit très partagé parmi les utilisateurs d’iOS, mais sait-on jamais.