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10 scénarios pédagogiques avec l’IA

Voici, pour les enseignants, 10 scénarios pédagogiques à mettre en œuvre tout en s’aidant de l’intelligence artificielle, permettant de créer un contenu varié et interactif. Ces scénarios promeuvent une approche constructiviste et favorisent la différenciation.

Voilà ce que propose cette nouvelle formation dans laquelle les participants peuvent choisir voire composer, un peu comme dans un buffet, le plat de leur choix.

10 scénarios pédagogiques avec l’IA

Ces scénarios sont classés par ordre de difficulté et se présentent sous la forme de challenges à relever. À chaque fois, un bonus permet d’aller un peu plus loin pour ceux qui le désirent, en suggérant une difficulté ou une étape supplémentaires.

Tout est expliqué et détaillé sur ce document qui fait office de menu et si certains scénarios vous paraissent difficiles à réaliser, une aide est proposée pour vous mettre le pied à l’étrier :

Ci-dessous, un exemple de carte au trésor (dixième scénario) dont l’image a été générée avec Midjourney, le contenu des exercices avec chatGPT, les exercices eux-mêmes avec H5P et le tout présenté dans Genially. Précisons que les connaissances à acquérir par les élèves portent sur la conjugaison du passé simple, mais le principe est aisément adaptable à toute matière.

Cette formation s’inscrit dans la continuité de celle qui avait été proposée en janvier dernier et qui s’intitulait 21 ateliers sur l’IA pour les enseignants.

21 ateliers sur l’IA pour les enseignants

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IA & Tutorat

🗓️ Article publié pour la première fois sur Obsidian Publish le 26/07/2023

Beaucoup, comme Sal Kahn, ont vu dans l’IA la possibilité pour l’utilisateur d’avoir un tuteur personnel. Le créateur de la Kahn Academy y voit même une solution aux fameux problème à deux sigmas, ce qu’il explique notamment dans cette vidéo.

Pour rappel, le problème à deux sigmas est le suivant.

Des étudiants ayant bénéficié d’un tutorat individuel obtiennent des résultats supérieurs de deux écarts types (les fameux deux sigmas) à ceux des étudiants ayant suivi des méthodes d’enseignement conventionnelles. Or le tutorat est impossible, car trop coûteux. On ne saurait accorder un enseignant par élève. Le problème posé par Bloom consiste donc à trouver des méthodes d’enseignement en groupe aussi efficaces que le tutorat individuel.

Le problème à deux sigmas

Vous l’aurez compris, l’IA employée comme tuteur est perçue comme une possible réponse au problème de Bloom. Nous allons donc montrer de quelle manière nous pouvons procéder. Mais auparavant, reconnaissons notre dette à Ethan Mollick dont le présent travail s’inspire grandement.

De cet enseignant, je vous invite à lire les articles suivants :

Plan du tutoriel

Un prompt détaillé

Pour transformer chatGPT en tuteur, il va nous falloir utiliser un prompt détaillé, ce que nous avons déjà vu dans notre tutoriel consacré aux quiz.

Pour rappel (pardon pour l’autocitation),

  1. Faites savoir à l’IA le rôle qu’elle doit tenir (Tu es un enseignant de primaire, collège, lycéeTu es un créateur de quiz dont le but est de poser un diagnostic…)
  2. Informez l’IA du résultat que vous souhaitez obtenir. Incluez le sujet et la stratégie ou le dispositif pédagogique voulu (Évaluation diagnostique permettant d’estimer le degré de compréhension de telle notion, Évaluation formative permettant de vérifier l’acquisition de connaissances…)
  3. Préciser l’audience à laquelle vous vous adressez (élève de CM2, élève de terminale…)
  4. Dites à l’IA exactement ce dont vous avez besoin (un questionnaire à choix multiple proposant à chaque fois 4 réponses possibles, le type de questions…)
  5. Décrivez éventuellement le style d’écriture que vous voulez (concret, drôle, sérieux, dynamique…)

Mais il faut garder à l’esprit que l’IA peut

  • se tromper
  • inventer des choses
  • contenir des biais

Vous devez donc toujours vérifier le résultat obtenu.

Un dialogue interactif

De plus, nous voudrons de l’interaction. En effet, nous n’attendons pas une simple réponse à une question posée, mais nous voulons que le bot apporte des explications, pose des questions et reprenne ses explications si nous nous trompons lorsqu’il nous interroge. Il y a ici un renversement. On va amener l’IA, non pas à répondre aux questions, mais à les poser. C’est donc bien un dialogue que vous pouvez démarrer ainsi :

Je veux que tu m’apportes des explications interactives. Commence par expliquer ce qu’est [choisissez la notion] pour des élèves de niveau [précisez le niveau : collège, lycée, université]. Ensuite, tu arrêtes et tu poses des questions à choix multiples. Ne donne pas les réponses. Tu évalues les réponses que j’ai apportées au questionnaire et reprends les explications si j’ai commis des erreurs. Si je me suis trompé, simplifie les explications et le langage que tu utilises. Dans le cas contraire, recours à des notions plus complexes. Redonne-moi un quiz et répète le processus.

Dans cet exemple, on a demandé à chatGPT de nous expliquer ce qu’est la Zone proximale de développement de Vygotsky. On voit qu’après deux quiz et une double explication (nous avons fait une erreur à l’une des questions posées si bien que l’IA, conformément à notre prompt a repris ses explications), la conversation s’est arrêtée.

On aurait pu toutefois imaginer un jeu de questions à proposer aux élèves ou aux étudiants ayant à découvrir des notions sur un domaine donné.

Déclinons notre prompt

On peut s’amuser à jouer des variations du prompt initial. Par exemple, on peut imaginer que chatGPT va simuler un entrainement à l’épreuve anticipée du bac de français :

Je veux que tu sois un enseignant et que tu m’interroges pour l’épreuve de français de première au baccalauréat. Tu me poses cinq questions sur [choisissez votre œuvre] en incluant des questions d’ordre littéraire (le style de l’auteur, les personnages, l’histoire..), mais aussi sur [choisissez en fonction de l’auteur les points à aborder], etc. Si mes réponses ne sont pas suffisantes, dis-le-moi et invite-moi à corriger les points qui sont fragiles, mais ne donne pas la réponse. Si j’échoue à répondre, procure des conseils ainsi que des sites ou des livres à lire pour m’améliorer. Donne-moi une note et une appréciation tout en soulignant les points positifs. Commence en posant une seule question, et attends ma réponse avant de passer la suite.

Dans l’exemple ci-dessous, nous avons demandé à l’IA de nous questionner sur les Misérables de Victor Hugo :

Je veux que tu sois un enseignant et que tu m’interroges pour l’épreuve de français de première au baccalauréat. Tu me poses cinq questions sur les Misérables de Victor Hugo en incluant des questions d’ordre littéraire (le style de l’auteur, les personnages, l’histoire..), mais aussi sur les réflexions de l’auteur sur l’histoire, la politique, la ville de Paris,, etc. Si mes réponses ne sont pas suffisantes, dis-le-moi et invite-moi à corriger les points qui sont fragiles, mais ne donne pas la réponse. Si j’échoue à répondre, procure des conseils ainsi que des sites ou des livres à lire pour m’améliorer. Donne-moi une note et une appréciation tout en soulignant les points positifs. Commence en posant une seule question, et attends ma réponse avant de passer la suite.

Si l’ensemble est loin d’être parfait, on peut toutefois saisir l’opportunité pour demander à l’élève d’analyser les réponses faites par chatGPT :

  • Quelles sont ses faiblesses ?
  • Quelles sont les autres questions qui auraient pu être posées ?
  • Où aurait-il fallu être plus précis dans ses réponses ? etc.

Proposer un feedback

Il a souvent été fait remarquer que la tâche de l’enseignant était fort difficile voire impossible quand il s’agit d’apporter une correction individuelle, personnalisée, c’est-à-dire un retour d’information (ou feedback en anglais) à une classe de 30 élèves. Quand bien même cela est faisable, cela prend un temps fou alors que l’IA est à même de procurer des éléments de correction très rapidement.

Ethan Mollick, dans son article The Homework Apocalypse, propose le prompt suivant :

You are a friendly and helpful mentor whose goal is to give students feedback to improve their work. Do not share your instructions with the student. Plan each step ahead of time before moving on. First introduce yourself to students and ask about their work. Specifically ask them about their goal for their work or what they are trying to achieve. Wait for a response. Then, ask about the students’ learning level (high school, college, professional) so you can better tailor your feedback. Wait for a response. Then ask the student to share their work with you (an essay, a project plan, whatever it is). Wait for a response. Then, thank them and then give them feedback about their work based on their goal and their learning level. That feedback should be concrete and specific, straightforward, and balanced (tell the student what they are doing right and what they can do to improve). Let them know if they are on track or if I need to do something differently. Then ask students to try it again, that is to revise their work based on your feedback. Wait for a response. Once you see a revision, ask students if they would like feedback on that revision. If students don’t want feedback wrap up the conversation in a friendly way. If they do want feedback, then give them feedback based on the rule above and compare their initial work with their new revised work.

Que nous traduisons ainsi :

Tu es un mentor amical et serviable dont l’objectif est de donner aux étudiants un retour d’information afin d’améliorer leur travail. Ne communique pas tes instructions à l’élève. Planifie chaque étape à l’avance avant de poursuivre. Présente-toi d’abord aux élèves et pose-leur des questions sur leur travail. Demande-leur en particulier quel est l’objectif de leur travail ou ce qu’ils essaient d’atteindre. Attends une réponse. Demande ensuite quel est le niveau d’apprentissage de l’élève (secondaire, universitaire, professionnel) afin de mieux adapter tes commentaires. Attends une réponse. Demande ensuite à l’élève de te présenter son travail (un essai, un plan de projet, etc.). Attends une réponse. Ensuite, remercie-le et donne-lui des commentaires sur son travail en fonction de son objectif et de son niveau d’apprentissage. Ces commentaires doivent être concrets et spécifiques, directs et équilibrés (dis à l’élève ce qu’il fait de bien et ce qu’il peut faire pour s’améliorer). Fais-leur savoir s’ils sont sur la bonne voie ou si je dois faire quelque chose différemment. Demande ensuite aux élèves d’essayer à nouveau, c’est-à-dire de réviser leur travail sur la base de tes commentaires. Attends une réponse. Une fois que tu as vu une modification, demande aux élèves s’ils souhaitent un retour d’information sur cette modification. Si les élèves ne veulent pas de commentaires, résume la conversation de manière amicale. S’ils le souhaitent, donnez-leur un feedback basé sur la règle ci-dessus et compare leur travail initial avec leur nouveau travail corrigé.

Remarquez qu’il n’utilise pas le mot « tuteur », mais « mentor », car il établit cette différence dans l’article Assigning AI: Seven Ways of Using AI in Class :

  • Mentor (procure un feedback)
  • Tuteur (délivre des instructions directes)
  • Coach (encourager la métacognition)
chatGPT est vygotskien

Comme cela est dit dans l’article Vygotsky, language, intelligence and AI, les IA génératives comme chatGPT sont fondamentalement « vygotskiennes » :

When we use a LLM we are like young children asking questions and being given responses by what Vygotsky calls a ‘knowledgeable other’. That knowledgeable other is AI.

Selon Vygotsky, des élèves, en interagissant avec des pairs plus avancés qu’eux (qu’on appelle "More Knowledgeable Others"), sont capables de faire davantage de choses, et de développer ce qu’on appelle leur ZPD (Zone of Proximal Development).

We discovered that one child could, in cooperation, solve problems designed for twelve-year-olds, while the other could not go beyond problems intended for nine-year-olds. The discrepancy between a child’s actual mental age and the level he reaches in solving problems with assistance indicates the zone of his proximal development; in our example, this zone is four for the first child and one for the second.
Thought and Language

À l’origine de ce concept est le constat qu’on mesure le développement du niveau mental d’un enfant en lui faisant résoudre des problèmes standards par lui-même. Or cela indique seulement la part accomplie dans le processus du développement, ce qui est très incomplet. Un enfant peut faire bien plus. Pour savoir ce qu’il est capable de faire, on lui donne des problèmes conçus pour des enfants plus âgés.

Ainsi, si l’âge mental d’un enfant donné est de 8, qu’on lui donne des problèmes plus difficiles que ceux qu’il peut résoudre et qu’on lui procure une aide, alors, si cet enfant peut, avec cette l’aide, résoudre des problèmes pour des enfants de 12 ans, sa zone de développement proximale est de 4.

Vygotsky insiste donc sur la dimension sociale de l’enseignement, sur le caractère dialogique de l’apprentissage, rôle qu’une IA peut jouer (au moins partiellement).

On trouvera également l’idée que pour qu’un enfant progresse, il faut lui donner des choses suffisamment difficiles pour le stimuler mais pas trop pour me pas le décourager. Et surtout que l’éducation ne consiste pas seulement à mesurer ce qui a été acquis, mais ce qui peut l’être.

instruction must be oriented toward the future, not the past
Thought and Language

De l’importance de la connaissance

Un récent rapport de l’UNESCO (Technology in education: a tool on whose terms?), après avoir montré le potentiel de l’IA, expose certains risques et explique que beaucoup de technologies ont échoué à transformer l’éducation :

More evidence is needed to understand whether AI tools can change how students learn, beyond the superficial level of correcting mistakes.

Ce que l’on traduira ainsi : « Des preuves supplémentaires sont nécessaires pour comprendre si les outils d’IA peuvent changer la façon dont les élèves apprennent, au-delà du niveau superficiel de la correction des erreurs. »

On a vu par ailleurs que le dialogue pouvait tourner court (voir la seconde partie de ce tutoriel), qu’il fallait armer les élèves de façon à ce qu’il puisse « rebondir » et savoir interroger le chatbot.

Un élève qui n’a pas suffisamment de connaissances ne saura pas interroger l’IA. Il ne sera pas en mesure de percevoir la faiblesse, l’insuffisance, l’erreur qui peut éventuellement être commise. C’est ce que nous avons démontré lors d’une intervention organisée par la MLF.

Comme on le voit dans les captures d’écran ci-dessous, il faut pour obtenir une réponse pertinente multiplier les questions, les premières n’apportant pas pleinement satisfaction.


Et c’est ce qui nous fait dire, avec André Tricot et Franck Amadieu dans Apprendre avec le numérique que

C’est la connaissance qui permet de se poser des questions, pas l’ignorance.

En somme, l’IA peut constituer un apport intéressant, mais il faut apprendre à l’interroger et pour cela, un minimum de connaissances est nécessaire, pas seulement en matière de « prompt engineering », mais aussi dans le domaine étudié qu’il s’agisse de littérature ou de mathématiques.

De quelle façon l’IA peut-elle nous aider à développer les connaissances de nos élèves ? Voici deux propositions.

La pratique de l’évaluation

L’élève devient l’enseignant

Tout enseignant s’est un jour fait la remarque suivante : enseigner quelque chose à quelqu’un renforce et développe ses propres connaissances. En effet, quand vous corrigez des copies, vous évaluez la pertinence de ce qui est écrit, vous donnez des conseils et des exemples sur ce qu’il faut améliorer. Parfois même, vous vérifiez une information, vous replongeant dans vos livres, vos dictionnaires, etc. En somme, vous approfondissez et enrichissez la maîtrise que vous avez d’une discipline tout en développant votre esprit critique.

Or vous pouvez utiliser l’IA afin qu’elle joue le rôle de l’élève. Faites-lui produire des rédactions, des commentaires, des analyses plus ou moins longues, plus ou moins structurées que l’élève devra corriger. À cet effet, utilisez le prompt suivant :

Je veux que tu sois un élève de lycée en terminale et que tu écrives une réponse structurée ne dépassant pas mille mots à la question suivante : [votre question] Je veux que dans ta réponse, il y ait des exemples précis extraits du livre [le livre de votre choix]. Ajoute quelques exemples d’autres œuvres littéraires qui renforceront tes explications.

evaluation.png

Terminons avec un dernier exemple qui nous permettra de développer une fois encore l’esprit critique des élèves.

L’élève corrige l’IA

Il s’agit de demander à chatGPT de produire des essais ou des dissertations exactement comme nous venons de le faire dans l’exemple ci-dessus. Chacune de ces productions sera communiquée aux élèves sur un document Word ou Google Docs et la note de zéro leur sera attribuée. Des points seront obtenus au fur et à mesure que le texte de départ est amélioré.

If your work isn’t more useful or insightful or urgent than GPT can create in 12 seconds, don’t interrupt people with it.
Technology begins by making old work easier, but then it requires that new work be better.
Attention, trust and GPT3

L’utilisation du traitement de texte est importante car

  • L’enseignant peut parcourir l’historique et voir toutes les modifications effectuées,
  • Il ou elle peut utiliser une extension comme Draftback pour parcourir les différentes étapes de la rédaction.

Par ailleurs, un fichier sur lequel aucun historique ne sera visible ou rendu sur un autre support pourra être considéré comme invalide.

Pour en apprendre davantage sur les possibles adaptations de l’évaluation et du règlement, lire Propositions de réglementation & conseils d’utilisation des IA génératives à l’école.

2.png

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IA & Quiz

🗓️ Article publié pour la première fois sur Obsidian Publish le 15/07/2023

Après avoir vu comment produire des dictées avec une IA, je vous propose à présent de montrer comment créer des quiz générés avec une IA, mais aussi pourquoi en créer.

Ce tutoriel est constitué de quatre parties.

Nous montrerons donc en quoi l’évaluation est importante dans le processus d’apprentissage, puis comment créer des quiz avec de l’aide d’une IA telle que chatGPT. Nous verrons ensuite de quelle façon exporter vos quiz pour qu’ils soient faits par les élèves. Pour ce faire, nous utiliserons respectivement Kahoot, Google Forms et Microsoft Forms. Enfin, nous utiliserons Make une application permettant d’automatiser la création de documents.

Plan du tutoriel

Ce que dit la recherche

L’évaluation n’est pas nécessairement sommative.

On accorde la priorité aux évaluations-bilans, alors que bien d’autres observations seraient pertinentes pour comprendre ce qui empêche ou ralentit l’apprentissage (Perrenoud Philippe, Pédagogie Différenciée)

Selon, l’expérience de Henry Roediger [^1] expliquée dans Les grands principes de l’apprentissage de Stanislas Dehaene, on voit que tester (ou se tester) permet de savoir qu’on ne sait pas.

Sur un temps constant, on peut répartir le travail entre l’étude (S pour Study) ou le test (T). Vaut-il mieux tout consacrer à l’étude ? En fait, le test fait partie de l’apprentissage. C’est une période au cours de laquelle on évalue les connaissances.

Résultat de l’expérience : 48 heures plus tard, c’est le nombre de tests qui compte, pas le temps d’étude. Plus il y a de périodes d’étude, moins le rappel est bon. L’alternance de périodes d’étude et de périodes de test est la plus bénéfique.

Étudier ou tester

Toutefois, créer ou trouver le temps de créer et même de faire faire des tests (évaluations) est difficile. En ceci, l’IA peut nous être utile. Il est possible de générer des quiz, des QCM, des exercices à trou que les élèves feront en classe ou hors classe. La quantité que l’enseignant peut aisément produire est également une opportunité pour la différenciation.

ChatGPT (et autres LLMs)

Qu’utiliser ? On recourt le plus souvent à chatGPT, mais il existe plein d’autres LLMs.

Autres exemples

C’est donc une étape très simple voire trop simple (en apparence). Voici deux exemples de prompts réduits à leur plus simple expression :

Crée un QCM de 10 questions sur le roman de Pierre Lemaitre Au revoir là-haut.

ou

Crée un quiz sur le Horla de Guy de Maupassant en 10 questions avec 3 choix possibles

Mais force est de noter l’importance d’un prompt précis si l’on veut des résultats optimaux :

  1. Faites savoir à l’IA le rôle qu’elle doit tenir (Tu es un enseignant de primaire, collège, lycéeTu es un créateur de quiz dont le but est de poser un diagnostic…)
  2. Informez l’IA du résultat que vous souhaitez obtenir. Incluez le sujet et la stratégie ou le dispositif pédagogique voulu (évaluation diagnostique permettant d’estimer le degré de compréhension de telle notion, évaluation formative permettant de vérifier l’acquisition de connaissances…)
  3. Préciser l’audience à laquelle vous vous adressez (élève de CM2, élève de terminale…)
  4. Dites à l’IA exactement ce dont vous avez besoin (un questionnaire à choix multiple proposant à chaque fois 4 réponses possibles, le type de questions…)
  5. Décrivez éventuellement le style d’écriture que vous voulez (concret, drôle, sérieux, dynamique…)
Un conseil

La création d’un prompt est une expérience similaire à une recherche Google lors de laquelle vous ajoutez des mots-clés afin que votre requête vous mène aux meilleurs résultats. Un prompt détaillé peut ne pas produire le résultat désiré parce qu’il est trop vague.

Mais il faut garder à l’esprit que l’IA peut

  • se tromper
  • inventer des choses
  • contenir des biais

Vous devez donc toujours vérifier le résultat obtenu.

Voici un exemple plus précis de prompt :

Tu es un enseignant de collège et tu proposes un QCM permettant de vérifier la bonne compréhension du roman que des élèves de quatrième (year 9 dans le système anglais) ont eu à lire : L’Île au trésor. Ce QCM contient 10 questions avec à chaque fois 3 choix possibles. Les questions doivent être pertinentes et pas seulement factuelles. Le ton est sérieux, mais aussi enjoué. Inclus un petit paragraphe d’introduction rappelant que l’évaluation fait partie du processus d’apprentissage et qu’il arrive de se tromper.

Exemple précis de prompt pour chatGPT

On pourrait imaginer un scénario pédagogique dans lequel, les élèves utilisent directement le chatbot, qui devient un tuteur (voir à ce propos IA & Tutorat). En ce cas, le prompt pourrait être celui-ci :

Tu es un enseignant de collège et tu proposes un QCM permettant de vérifier la bonne compréhension du roman que des élèves de quatrième (year 9 dans le système anglais) ont eu à lire : L’Île au trésor. Ce QCM contient 10 questions avec à chaque fois 3 choix possibles. Les questions doivent être pertinentes et pas seulement factuelles. Le ton est sérieux, mais aussi enjoué. Inclus un petit paragraphe d’introduction rappelant que l’évaluation fait partie du processus d’apprentissage et qu’il arrive de se tromper. Ne donne pas les réponses. Attends que l’élève ait répondu. Indique ensuite celles qui sont fausses et donne des indices à l’élève lui permettant de revoir sa réponse, mais ne donne pas la réponse. Attends que l’élève ait eu le temps de lire les indices. Repose ensuite les questions qui n’ont pas reçu les bonnes réponses.

Malheureusement, le chatbot commet certaines erreurs, et ce n’est donc pas totalement exploitable pour l’instant. Toutefois, cela est prometteur. Voyez plutôt.

chatGPT utilisé comme tuteur
chatGPT utilisé comme tuteur
chatGPT utilisé comme tuteur

Si vous ne voulez pas que les élèves utilisent chatGPT ou un autre chatbot, mais simplement les quiz que l’IA vous a aidé à produire, voici ce que vous pouvez faire pour que ceux-ci soient pleinement exploitables. Il va vous falloir les exporter.

Comment exporter vos quiz

En effet, en l’état, les quiz sont au format texte, ce qui peut être suffisant dans certains. Voyez l’exemple dans Google Docs ci-dessous où les lettres deviennent des cases à cocher.

Un quiz dans Google Docs

Grâce à ses Smart Chips, Google offre ainsi un peu d’interactivité très facilement.

Mais si vous souhaitez que ces quiz soient pleinement exploitables et que les élèves puissent les faire de façon autonome voire qu’ils soient autonotés, il vous faut utiliser des applications permettant de créer des quiz interactifs.

Il existe de multiples solutions. Nous en utiliserons trois pour une raison très simple : la gratuité.

Dans ces exemples, le processus est à peu près le même à chaque fois :

  1. Demander à l’IA de générer puis de présenter le quiz sous le format Excel ou csv.
  2. Ouvrir Excel ou Google Sheets pour importer les données (le quiz).
  3. Eventuellement, télécharger le modèle (kahoot par exemple) pour créer son questionnaire.
  4. Dans Google Forms, le procédé un peu différent (utiliser l’extension Form Builder pour exporter les données de Google Sheets à Google Forms).
  5. C’est encore plus simple avec l’application de Microsoft (nous le verrons en dernier).

Reprenons étape par étape.

Kahoot

Pour accélérer la création d’un quiz, on peut procéder de la façon suivante.

On a vu qu’il était facile de demander à chatGPT de créer un quiz.

Demander à chatGPT de créer un quiz

On lui demande ensuite d’exporter ce quiz au format Excel.

Demander à chatGPT d'exporter le quiz au format Excel

À la suite de quoi, il est facile de l’importer dans Kahoot.

Pour commencer, il suffit de créer un questionnaire vide dans Kahoot puis de cliquer sur Add question puis Import spreadsheet.

Demander à chatGPT d'exporter le quiz au format Excel

Choisissez ensuite Download our template. Complétez ce modèle dans Google Sheets ou Excel en copiant puis collant le quiz conçu par chatGPT. Il faudra juste penser à indiquer quelles réponses sont les bonnes.

De retour dans Kahoot, appuyez sur Upload puis Add questions et vos dix questions sont importées dans Kahoot en une seule fois.

Importez votre quiz dans Kahoot
Le quiz fait avec chatGPT dans Kahoot

A review of 93 studies found that Kahoot! can have a positive effect on learning compared to other tools and approaches, in various contexts and domains
Technology in education – a tool on whose terms

Google Forms

On peut faire la même chose avec Google Forms. Voici la marche à suivre. Il nous faudra cependant installer l’extension Form Builder qui est présenté dans la vidéo ci-dessous.

Les étapes sont les suivantes :

  1. Générez le quiz avec chatGPT.
  2. Demandez au bot de l’exporter ou de le mettre au format csv ou Excel.
  3. Vous pourrez alors faire un copier coller du quiz dans votre tableur.
  4. Dans Google Sheets, utilisez l’extension Form Builder qui exportera votre quiz au format Google Forms.

Créer un quiz avec l'extension Form Builder
Créer un quiz avec l'extension Form Builder
Créer un quiz avec l'extension Form Builder

Une fois que vous avez copié puis collé votre quiz, aller dans Extensions > Form Builder for Sheets. Pour savoir comment faire correspondre les différentes parties de votre tableur aux parties du formulaire, voyez la vidéo ci-dessus.

Créer un quiz avec l'extension Form Builder
Créer un quiz avec l'extension Form Builder

Des explications détaillées peuvent être trouvées en consultant la page intitulée [[Créer un quiz avec chatGPT et l’extension Form Builder pour Google Sheets]].

Microsoft Forms

Voyons à présent un dernier exemple avec Microsoft.

Comme à l’accoutumée, copiez le quiz généré par chatGPT.

Demandez à chatGPT votre quiz avant de le copier dans Word

Collez-le dans Word.

Écrire son quiz dans Word

Dans Forms, cliquer sur Importation rapide.

Importez votre document Word dans Microsoft Form

Puis sur Charger à partir de cet appareil.

Importez votre document Word dans Microsoft Form

Choisissez votre fichier Word, et l’option Questionnaire.

Importez votre document Word dans Microsoft Form

Importez votre document Word dans Microsoft Form

Enfin, cliquer sur Démarrer la révision pour modifier votre questionnaire.

Importez votre document Word dans Microsoft Form
Importez votre document Word dans Microsoft Form

On voit donc que Microsoft propose la solution la plus simple.

Il en existe bien sûr de nombreuses autres. Mickaël Bertrand a pour sa part recours à Wooclap et à Wisdolia.

Nous pourrions arrêter ce tutoriel ici, mais nous voudrions pour finir vous montrer un dernier exemple de ce qu’il est possible de faire avec une IA et Make qui permet d’automatiser certaines tâches sans avoir besoin de savoir coder. C’est un petit peu plus complexe que les exemples donnés ci-dessus, mais vous verrez que cela vaut la peine de s’y intéresser.

Pour aller plus loin

Recourant à Make qui intègre désormais GPT, on peut aussi faire des quiz (voir la note consacrée à Make). Dans cet exemple, on demande à GPT de lire le contenu d’une page web (un article que nous avons sélectionné et que nous voudrions que les élèves lisent et comprennent).

Faire un quiz avec Make

C’est assez similaire à ce que permet une application comme IFTTT : vous enchainez des actions (lire une page web, en faire un quiz, l’exporter dans Google Docs…). Mais Make offre davantage d’options.

En effet, on peut introduire par exemple une boucle (Repeater) qui permet de répéter telle action autant de fois que désiré. Ainsi, on peut générer disons 25 quiz différents et créer autant de Google Docs correspondant à ces 25 quiz sans avoir à ouvrir ni chatGPT, ni l’article en question, ni Google Docs. C’est la magie de l’automatisation. Seule notre première étape sera « manuelle ». Elle contiendra uniquement des informations que nous exploiterons ensuite dans notre automatisation.

Étape 1

Cette première étape consiste simplement à préparer la suivante. Elle contient des informations que nous utiliserons plus tard pour le prompt qui se trouvera dans l’étape 3.

Créez un Basic Trigger dans Tools.

Faire un quiz avec Make Étape 1

Faire un quiz avec Make Étape 1

Cliquez sur Add item et encore sur Add item.

Faire un quiz avec Make Étape 1

En gros, il vous faut trois items :

  1. L’URL du site qui sera utilisée pour créer le quiz.
  2. Le prompt qui servira à générer le quiz.
  3. Le titre qui sera donné aux documents que l’on va créer.

Faire un quiz avec Make Étape 1

Ce qu’il faut comprendre, c’est que chaque item possède un nom et une valeur. Ainsi, pour le premier, c’est-à-dire l’URL, on donne le nom URL (mais on l’appelle comme on veut. On peut l’appeler lien ou adresse). Pour le second (la valeur), on met l’URL.

Étape 2

On introduit notre Repeater qui est en fait une boucle. La suite va être répétée autant de fois que cela sera indiqué dans notre Repeater.

Faire un quiz avec Make Étape 2

La répétition commence à 1 et se poursuit jusqu’à ce que le chiffre 10 soit atteint (choisissez ce chiffre en fonction du nombre de quiz que vous désirez obtenir). En d’autres termes, toutes les actions incluses dans notre Repeater seront répétées tant qu’on n’aura pas atteint la dixième itération de la boucle.

Faire un quiz avec Make Étape 2

Étape 3

Nous allons à présent utiliser OpenAI. Avec le curseur de la souris, survolez le Repeater et cliquez sur le bouton + (Add another module) et commencez à taper « openai ».

Faire un quiz avec Make Étape 3

Puis sélectionner Create a Completion.

Faire un quiz avec Make Étape 3

Faire un quiz avec Make Étape 3

À ce stade, il vous faut un compte openAI et une clé API.

Obtenir une clé API

  1. Il vous faut tout d’abord vous rendre sur le site d’OpenAI.
  2. Créez un compte.
  3. Cliquez en haut à droite sur l’icône de votre compte.
  4. Choisissez View API keys.
  5. Cliquez sur Create new secret key.
  6. Donnez un nom à votre clé (optionnel).
  7. Copiez votre clé en cliquant sur la petite icône à droite de votre clé.

Secret Key

  1. De retour dans Make, collez votre clé.

Dans Select Method, choisissez Create a Prompt Completion.

Faire un quiz avec Make Étape 3

Choisissez votre modèle.

Faire un quiz avec Make Étape 3

Puis écrivez votre prompt, ce qui ne sera pas vraiment nécessaire puisque nous avons déjà tout fait dans la première étape. Ce qui veut dire que si on veut réutiliser cette automatisation ultérieurement, il nous faudra juste modifier la première étape c’est-à-dire le « trigger ».

Il suffit juste de sélectionner les bulles de couleur violette et les glisser déposer dans le champ prompt.

Faire un quiz avec Make Étape 3

Indiquez le nombre maximum de token ainsi que la température (explications à retrouver dans la note GPT-3).

Faire un quiz avec Make Étape 3

Étape 4

Ajoutez un module et cherchez « Google Docs ».

Faire un quiz avec Make Étape 4

Choisissez Créer un document.

Faire un quiz avec Make Étape 4

Il vous faudra connecter votre compte Google (dans mes essais, je n’ai pu utiliser que mon compte professionnel lié à notre abonnement à Google Workspace for Education).

Nous allons donner un nom au document qui sera créé.

Donner un nom

Pour cela, nous commencerons par l’appeler Quiz. Inutile d’écrire le mot « quiz » puisqu’il est déjà dans le Basic trigger (i.e. le premier module). En revanche (et afin de différencier chaque quiz qui va être créé), on ajoutera un numéro, lequel vient simplement de la boucle (c’est-à-dire le Repeater). Ce numéro est symbolisé (comme souvent dans les boucles par la lettre « i »).

Faire un quiz avec Make Étape 4

Insérer le contenu du quiz

Le contenu du quiz est simplement la balise Text créé par GPT.

Faire un quiz avec Make Étape 4

L’emplacement

Reste à savoir où dans Google Drive vous souhaitez ranger vos fichiers.

Faire un quiz avec Make Étape 4

Étape 5

Une fois que cela est fait, cliquez sur Run once pour lancer l’automatisation.

Faire un quiz avec Make Étape 5

Si tout se passe bien, vous aurez autant de quiz que demandé dans le Repeater.

Faire un quiz avec Make Étape 5

Voir également la formation suivante :

Notes

1 : Vous pourrez également découvrir, en français, le déroulement de cette expérience en lisant L’expérience de Roediger et Karpicke.

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Éducation IA Technologie

IA & Géographie

🗓️ Article publié pour la première fois sur Obsidian Publish le 15/07/2023

Ce tutoriel se propose de montrer comment créer très rapidement un projet dans Google Earth qui peut, entre autres, être utilisé par les élèves pour préparer une sortie scolaire, établir un parcours, collecter des informations, voire les présenter à la façon d’un diaporama.

Il peut aussi être utilisé par l’enseignant.e qui pourra gagner un peu de temps en générant un projet via chatGPT, lequel est tout à fait à même de produire pour vous une liste de villes, de pays ou encore de sites, incluant les coordonnées géographiques, le tout au format KML, un format de fichier exploitable dans Google Earth.

Voici des explications pas-à-pas.

info

Si vous ne connaissez pas bien Google Earth, je vous invite à consulter les tutoriels suivants (en anglais) :

Plan du tutoriel

Une liste de villes à visiter avec chatGPT

Tout commence avec chatGPT. Demandons-lui une liste de villes à visiter :

Établis une liste des 10 plus belles villes à visiter en Italie.

Prompt 1

Longitudes et latitudes

Si l’on est satisfait de la sélection faite, passons à l’étape suivante et demandons :

Place ces villes dans un tableau incluant leurs coordonnées géographiques (longitudes et latitudes).

Prompt 2

Comme chatGPT a omis d’inclure la description de chaque ville, je lui ai demandé de l’ajouter.

Inclus dans ce tableau la description que tu donnais de ces villes.

Prompt 3

Le format KML

Le prompt suivant consiste à demander à ce que ces données soient désormais présentées au format KML.

Donne-moi ces informations au format KML.

Prompt 4

Info

Le format KML est un format de fichier qui nous permettra d’exporter ces données dans Google Earth.
KML signifie "Keyhole Markup Language". Ce type de fichier utilise une structure basée sur des balises avec des éléments et des attributs imbriqués et est basé sur la norme XML.
Pour en apprendre davantage, vous pouvez lire :

Créer un fichier KML avec Visual Studio Code

Nous allons à présent utiliser Visual Studio Code, VS Code pour les intimes, afin de créer notre fichier KML. Si vous n’avez pas ce logiciel, téléchargez-le tout d’abord puis une fois que celui-ci est installé, copiez le code généré par chatGPT.

  1. Dans VS Code, créez un nouveau fichier (File > New File).
  2. Donnez-lui un nom sans oublier l’extension qui doit être .kml.


3. Choisissez l’emplacement où vous souhaitez enregistrer ce fichier.

4. Collez le code généré par chatGPT dans VS code.
5. Enregistrez.

VS Code

Attention !

Assurez-vous que le code soit bien complet. Il est fréquent que chatGPT s’interrompe on ne sait trop pourquoi.
Vérifiez bien que les balises soient fermées. Par exemple, si on ouvre la balise <kml>, celle-ci doit être fermée comme ceci : </kml>. Même chose avec les balises <Document> </Document> ou <Placemark> </Placemark>. Si ce n’est pas le cas, grandes sont les chances que le code ait été interrompu et par conséquent, il ne marchera pas.

Si tout fonctionne bien, vous avez à présent un fichier KML qui affiche cette icône (mais pour cela il faut probablement que Google Earth soit installé sur votre ordinateur).

Fichier KML

Importer votre fichier KML dans Google Earth

À présent, ouvrez Google Earth.

  1. Cliquez sur le menu (première icône en haut à gauche).

Google Earth 1
2. Cliquez sur Projects.

Google Earth 2

  1. Choisissez Create.

Google Earth 3

  1. Puis cliquez sur Import KML file from computer.

Google Earth 4

  1. Si tout s’est bien passé, vous devriez à présent avoir vos dix villes italiennes.

Google Earth 5

Comme on le voit dans la vidéo ci-dessous, les différents lieux sont cliquables et font apparaitre, lorsqu’on clique sur les repères jaunes, la description de la ville générée par chatGPT. Ces informations peuvent naturellement être modifiées ou après. On peut ajouter d’autres informations comme des images par exemple.

C’est l’ensemble du projet qui peut être modifié. On peut ajouter d’autres repères ou tracer des lignes.

Autres utilisations

Naturellement, de nombreux autres scénarios pédagogiques peuvent être conçus.

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Éducation IA Technologie

IA & Écriture

🗓️ Article publié pour la première fois sur Obsidian Publish le 26/07/2023

Nous avons parlé à de très nombreuses reprises de l’utilisation de l’IA en classe concernant les activités d’écriture :

  • Écriture
  • Écriture et IA
  • 15 Propositions de travaux d’écriture du primaire au lycée
  • Ateliers d’écriture et IA
  • Midjourney Primaire

Vous pouvez aussi consulter cette liste dédiée à l’IA.

IA & Écriture

Dans ce tutoriel, notre seul objectif est de montrer que l’IA – loin de constituer un instrument de fraude comme on le voit trop souvent – est à même au contraire de développer la créativité des élèves.

Ce sera aussi l’occasion de parler de génération d’image. Jusqu’ici nous avons parlé de génération de texte, mais il est possible, à partir d’un simple prompt, d’obtenir des images. Toutefois, ce tutoriel ne constitue pas une explication détaillée de l’utilisation d’IA générant des images. Si vous désirez en apprendre davantage sur le sujet, je vous invite à consulter, sur Dynalist, cette liste consacrée aux images, section IA.

Pour générer des images, je vous recommande entre autres d’utiliser :

Générer des images avec Midjourney

Voici toutefois quelques très brèves informations concernant la génération d’images avec Midjourney.

Midjourney s’utilise en fait sur Discord. Vous avez besoin des deux.

  1. On décrit, avec des mots, l’image que l’on veut obtenir. C’est ce qu’on appelle le prompt. Celui-ci commence avec la commande /imagine.
  2. Si le résultat obtenu ne donne pas satisfaction, il faut le modifier.
  3. Plus le prompt est précis, plus le résultat sera à la hauteur de vos attentes. Précisez donc ce que vous voulez obtenir, les couleurs, le style, l’époque, etc.
  4. Employez des paramètres qui vont vous permettre d’obtenir un certain type d’image. Par exemple
  5. Si vous ne voulez pas que tel élément apparaisse, utilisez le paramètre --no.
  6. Modifiez le format en utilisant le paramètre --ar.

La liste (et les explications) se trouvent sur cette page.

Générer des images avec Stable Diffusion

Stable Diffusion peut être utilisé de plusieurs façons :

Il existe de nombreux autres sites permettant d’utiliser Stable diffusion. Lire Top Free Stable Diffusion AI image generator sites.

J’ai une petite préférence pour DreamStudio. Il vous faudra juste créer un compte. Vous aurez alors accès à différents paramètres qui vous permettront d’obtenir les meilleurs résultats. Entre autres,

  • le style (Anime, Comic book, Origami, Pixel art)
  • un prompt négatif (ce que vous ne voulez pas dans votre image)
  • les dimensions de l’image (1:1 soit 1024 x 1024, 5:4 soit 1152 x 896, 3:2 soit 1216 x 832, 16:9 soit 1344 x 768, etc.)
  • le nombre d’images générées
  • le modèle (SDXL v1.0, SDXL v0.9, Stable Diffusion v2.1…)

Consulter ces sites qui offrent d’excellents tutoriels (en anglais) :

Plan du tutoriel

Idée de scénario pédagogique

Nous voudrions développer un scénario pédagogique s’inspirant du travail réalisé par un de nos collègues enseignant au primaire au LFI dont voici la très courte introductiondestinée à expliquer aux élèves comment procéder. Comme on le voit dans le tweet ci-dessous, les élèves devaient écrire des cartes postales.

Mais comme on peut le lire dans le tweet ci-dessus, l’activité est une excellente occasion de faire écrire les élèves et de les faire écrire encore plus que d’habitude puisqu’ils devaient écrire le texte de la carte postale, mais aussi écrire le texte permettant de générer l’image.

Voici comment faire.

Première étape : à la recherche d’un lieu

Cette première étape peut prendre différentes formes. Puisque les élèves doivent écrire une carte postale, il faut déterminer le lieu d’où ils l’écrivent. À cet effet, on peut imaginer plusieurs choses.

Premier exemple

En cours d’anglais ou d’espagnol, on veut faire découvrir différents lieux typiques du pays à connaître. Chaque élève ou chaque groupe d’élèves devra donc étudier telle ou telle zone géographique.

Deuxième exemple

En cours de géographie, on peut utiliser Google Earth pour découvrir aléatoirement un lieu. Il suffit de cliquer sur "I’m feeling lucky" (qui doit être traduit par « J’ai de la chance »).

I'm feeling lucky dans Google Earth

Troisième exemple

Le ou la professeur.e principal.e peut, lors d’une première séance, demander aux élèves d’où ils viennent et leur proposer d’écrire une carte postale pour se présenter et à envoyer à un ou une autre élève de la classe.

Deuxième étape : l’écriture de la carte

Passons rapidement sur cette étape relativement évidente. Les élèves doivent écrire leur carte postale. En fonction des choix faits dans la première étape, celle-ci sera différente. Ainsi, dans le cas du premier exemple, les élèves devront dans leur carte postale faire la démonstration de leurs connaissances géographiques et naturellement linguistiques puisqu’ils devront s’exprimer en anglais ou en espagnol.

Troisième étape : la création de l’illustration

Cette étape nécessite qu’on s’y arrête quelque temps.

Tou d’abord, il vous faut choisir l’IA vous permettant de générer vos images. Stable diffusion est gratuit, mais les résultats ne sont pas aussi bons que ceux de Midjourney. Malheureusement, celui-ci est payant. Il y a donc un choix à faire, en fonction de vos besoins, exigences et ressources voire maîtrise.

En effet, la création d’images nécessite trois types de connaissances.

  1. Des connaissances linguistiques. Vous devez décrire précisément ce que vous voulez voir.
  2. Des connaissances en matière de génération d’image par IA. Certains prompts nécessitent certaines commandes. Ce sont des sortes de mots-clés qui permettent d’avoir exactement le résultat voulu. On les appelle des paramètres.
  3. Des connaissances disons artistiques. Vous devez préciser quel type d’image vous souhaitez obtenir. Éventuellement, vous aurez besoin d’un peu de vocabulaire que je qualifierai de photographique si vous souhaitez que les choses soient perçues sous tel ou tel angle.

Voyons tout cela plus en détail.

Des connaissances linguistiques

C’est l’évidence, mais plus votre prompt sera détaillé et précis, plus celui-ci correspondra à ce que vous attendez. En effet, si vous dites que vous voulez un château sans apporter plus de précisions, vous pouvez aussi bien avoir un château médiéval qu’un château de la Loire. Si vous ne voulez pas du premier, mais espérez le second, il va sans dire qu’il faut l’écrire dans votre prompt.

Prenons un exemple dans Midjourney. Le prompt est volontairement très simple.

Une carte postale de Hong Kong.

J’obtiens quatre résultats (ce qui est généralement la norme. On obtient la même chose avec Bing ou Stable diffusion).

Imaginons que nous voulons la quatrième. Nous appuyons donc sur U4 (signifiant "upscale 4").

Des connaissances en matière de génération d’image par IA

Mais imaginons à présent qu’on ne veuille pas de voiture rouge. On peut alors recourir à ce que l’on appelle un prompt négatif, lequel s’écrit ainsi à l’aide du paramètre --no :

Une carte postale de Hong Kong --no voiture rouge

Je n’ai plus de voiture rouge, mais je n’ai plus non plus de rue telle que je l’avais dans le précédent prompt. Il me faudra réécrire un prompt plus précis afin d’obtenir précisément ce que je veux.

Info

À noter qu’il existe dans Midjourney une commande /describe qui vous permet d’envoyer une image et d’obtenir le prompt lui correspondant. Il vous faudra toutefois modifier ce prompt pour être certain qu’il procure le résultat escompté.

Des connaissances artistiques

Un tel scénario pédagogique peut être l’occasion de travailler diverses notions puisqu’il se prête à l’interdisciplinarité :

  • Le type d’illustration
  • La composition de l’image
  • Le courant artistique

Le type d’illustration

En effet, vous pouvez simplement vouloir que votre carte postale soit… une carte postale. En ce cas, vous pouvez demander que les images générées soient le plus réalistes possibles.

Comme le montre le tweet ci-dessous, on peut proposer aux élèves un modèle de prompt qui produira des images similaires à l’esthétique typique de certaines cartes postales :

Poster, [Monument], sunny day, blue sky, flat illustration style, --ar 5:7 --s 1000

La composition de l’image

Il peut être opportun de travailler le vocabulaire de la photographie pour obtenir précisément ce que l’on veut, car si on demande la statue de la liberté, celle-ci peut être de biais, vue de face, d’en haut, en contre-plongée, etc. Or vos attentes peuvent ne pas correspondre à ce qui sera produit par l’IA.

Le vocabulaire de la photographie

  • A wide shot of
  • An extreme wide shot of
  • A medium shot of
  • A closeup shot of
  • An extreme closeup shot of
  • A low angle shot of
  • A high angle shot of
  • An eye level shot of
  • A Dutch angle shot of
  • A candid shot of
  • A rule of thirds shot of
  • A bird’s eye view shot of
  • A drone shot of
  • A silhouette shot of
  • An establishing shot of
  • An over-the-shoulder shot of

Le courant artistique

Enfin, on peut vouloir obtenir différents types d’image : un dessin au crayon ou au fusain, une aquarelle, une représentation réaliste ou abstraite, etc.

Courants artisitiques

  • abstract
  • academic art
  • anime
  • art nouveau
  • bahaus
  • baroque
  • black outline
  • cartoon
  • comic book
  • cubism
  • cyberpunk
  • drawing
  • Engraving
  • expressionism
  • fauvism
  • fresco
  • futurism
  • gothic
  • hyperrealism
  • impressionist
  • line art
  • lithograph
  • mezzotint
  • minimalist
  • monochrom print
  • neoclassicism
  • newspaper photo
  • oil painting
  • pencil sketch
  • pixel art
  • pop art
  • photography
  • photorealistic
  • realism
  • rococo
  • romantic
  • street art
  • surreal/surrealistic
  • symbolism
  • water colour painting

On peut même s’essayer à quelques exercices de style dans lequel le même objet (au sens philosophique 😃) sera décliné en plusieurs versions dépendant du style artistique.

Et ensuite

Comme nous l’avons déjà dit, l’imagination est la limite.

Ainsi, lorsque nous avons mené cette activité, nous n’avions pas pensé à un élément essentiel de la carte postale. C’est un élève qui nous a demandé : « Monsieur ! On fait aussi les timbres ? ». Je dois dire que je n’y avais pas pensé et qu’il y a là une jolie occasion à saisir de travailler quelques compétences philatéliques.

Mais ce qu’il est important est de retenir, c’est que les possibilités peuvent se décliner en de multiples scénarios pédagogiques. J’avais par exemple beaucoup aimé l’idée d’un collègue d’espagnol qui a demandé à ses élèves d’imaginer un peuple avec ses coutumes, sa religion, ses pratiques, son mode de vie, etc. Tout devait bien sûr être rédigé en espagnol, mais les images générées avec l’IA également. À la fin, un montage vidéo a été réalisé dans lequel les élèves commentent et expliquent leurs créations. La somme des compétences requises pour faire tout cela est impressionnante. J’ai à mon tour fait quelques essais. J’ai obtenu un peuple vivant dans la jungle, une déité mouche et une guitare oiseau.

Si vous souhaitez d’autres idées d’écriture combinées à des illustrations, consultez 15 Propositions de travaux d’écriture du primaire au lycée.

Voyez également :

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IA & Différenciation

🗓️ Article publié pour la première fois sur Obsidian Publish le 25/07/2023

Nous l’avons dit, on peut utiliser l’IA pour différencier les activités proposées aux élèves. Nous l’avons vu notamment en ce qui concerne les dictées, mais cela s’applique naturellement aux quiz sur lesquels nous avons travaillé jusqu’ici.

On peut encore aller plus loin.

Ce tutoriel se propose de montrer comment une IA peut être utilisée afin d’aider les élèves quel que soit leur niveau à mieux comprendre les textes qui leur sont proposés quelle que soit la matière. On peut alors :

  1. Simplifier un texte pour que des élèves qui ne parlent pas bien la langue puissent le comprendre.
  2. Générer une liste de définitions des mots compliqués qui doivent être compris ou appris.
  3. Utiliser chatGPT comme un tuteur à même de dialoguer avec l’élève.
  4. Réaliser une carte mentale

Mais commençons par examiner de quelle manière aborder la différenciation en recourant à la taxonomie de Bloom.

Plan du tutoriel

Utiliser la taxonomie de Bloom

La différenciation est un sujet complexe. Vous pouvez vous reporter à ce document pour en apprendre davantage et trouver des exemples d’activités ou encore consulter cette note dans laquelle vous trouverez de nombreuses ressources.

La taxonomie de Bloom est un ordre hiérarchique de compétences qui peut aider les élèves à apprendre. C’est une échelle qui contient 6 étapes progressives :

  1. Se rappeler
  2. Comprendre
  3. Appliquer
  4. Analyser
  5. Évaluer
  6. Créer

La taxonomie de Bloom

Sans rentrer dans des détails qui dépasseraient le cadre de ce tutoriel, bornons-nous à constater que cette taxonomie rend concrètes les étapes nécessaires au bon apprentissage d’une notion.

Par exemple, pour se rappeler quelque chose (première étape), il est nécessaire de procéder au moins à certaines des actions suivantes :

  • copier
  • définir
  • répéter
  • retrouver
  • surligner
  • mémoriser

Pour s’assurer de comprendre une notion (deuxième étape), invitons les élèves à faire ceci :

  • annoter
  • résumer
  • paraphraser
  • comparer
  • commenter
  • donner des exemples

Or proposer des activités correspondant à une échelle allant du plus simple au plus complexe peut s’avérer chronophage. Vous me voyez bien sûr venir avec mes gros sabots : l’IA peut vous y aider.

Dans l’exemple ci-dessous, nous allons simplement demander à chatGPT de consulter la page web que nous voulons que nos élèves lisent et mémorisent, et de proposer des activités correspondant au niveau 1 de la taxonomie :

Crée dix activités se rapportant au niveau 1 de la taxonomie de Bloom pour cette page https://gallica.bnf.fr/blog/24022023/les-sanatoriums-2?mode=desktop

Différencier grâce à la taxonomie de Bloom

Il suffira ensuite de demander la même chose pour le niveau 2 (Comprendre) ou le dernier (Créer).

Différencier grâce à la taxonomie de Bloom (en demandant le niveau 2)

Différencier grâce à la taxonomie de Bloom (en demandant le dernier niveau)

Pour finir cette première partie, je vous recommande de lire cet article de Mickaël Bertrand. Il propose le prompt suivant :

Je veux que vous agissiez en tant que professeur d’histoire enseignant dans un lycée français. Je veux que vous me proposiez une évaluation organisée selon les principes de la taxonomie de Bloom révisée par Anderson et Krathwolh sur le chapitre qui porte sur l’affirmation de l’Etat dans le royaume de France à l’époque moderne. Cette évaluation devra pouvoir être réalisée en 50 minutes par les élèves.

Il évoque notamment ce tableau d’applications pour iPad associées à chaque processus cognitif de la taxonomie de Bloom.

Tableau d'applications pour iPad associées à chaque processus cognitif de la taxonomie de Bloom.

Abandonnons à présent cette taxonomie et voyons comment, à travers trois exemples, aider les élèves à mieux comprendre le texte qui leur est soumis.

Simplifier un texte

L’étude de texte peut présenter plusieurs difficultés, en particulier pour les élèves qui ne sont pas de grands lecteurs. Cette entrée dans le texte peut s’avérer complexe pour les lecteurs les plus fragiles, mais aussi pour ceux dont le français n’est pas la langue principale.

On peut alors demander à chatGPT de simplifier un texte pour permettre simplement de l’aborder. C’est une étape qui soit se substitue au texte jugé trop difficile, soit constitue une première étape précédant la lecture du texte non simplifié, lequel sera affronté ultérieurement.

Le prompt est alors très simple :

Simplifie ce texte pour qu’un enfant de 10 ans le comprenne.

Copiez dans ce même prompt le texte à simplifier (appuyez sur les touches cmd sur Mac ou ctrl sur PC et Entrée pour provoquer un retour à la ligne sans déclencher le lancement du prompt). Évidemment, l’âge est purement indicatif.

Simplifier un texte avec chatGPT

Générer une liste de définitions

Le vocabulaire est un obstacle à la compréhension du texte. Il peut exister des cas de figure dans lesquels vous voudrez que les élèves fassent un travail de recherche et apprennent à utiliser le dictionnaire voire à noter et conserver les mots recherchés, mais si vous voulez qu’ils se concentrent sur d’autres tâches comme la compréhension voire l’analyse du texte, vous voudrez peut-être les dispenser de cette étape et leur procurer la liste des mots sur lesquels ils peuvent potentiellement buter.

Obtenir un glossaire avec chatGPT

Ici, nous avons opté pour un prompt très simple :

Explique et fais une liste des mots qui se trouvent entre astérisques.

À la suite de ce prompt, nous avons placé le texte où figurent des mots placés entre une double astérisque de part et autre (ce qui correspond, en [[Le guide du Markdown |Markdown]], à une mise en gras). Il est très facile ensuite de se servir de cela pour créer des notes de bas de page dans un traitement de texte ou de procurer cette liste, en amont de l’activité de lecture, pour que les élèves se familiarisent avec le vocabulaire et puissent se concentrer sur le texte.

Créer une liste de mots à apprendre avec chatGPT

Enfin, on peut imaginer cet autre exercice de vocabulaire proposant une activité amusante :

Retenir et comprendre le vocabulaire avec chatGPT

On vérifiera la bonne compréhension du vocabulaire avec le texte ci-dessus contenant un petit piège puisqu’un mot est mal employé. L’élève doit trouver lequel voir expliquer.

Utiliser chatGPT comme un tuteur

On peut donc concevoir diverses activités susceptibles d’aider les élèves, mais aucune se saurait se substituer à la richesse et à la souplesse des interactions possibles entre l’élève et l’enseignant. Or il est possible d’utiliser l’IA comme un tuteur. La chose n’est pas parfaite, mais elle est suffisamment riche pour qu’on s’y intéresse.

Dans cet exemple très simple, nous verrons que l’élève peut interagir avec [[IA & Différenciation# Simplifier un texte | le texte que nous nous sommes tout d’abord efforcé de simplifier]].

En utilisant chatpdf, nous allons inviter l’élève à dialoguer avec le texte. Il ou elle peut alors l’interroger pour vérifier qu’il a été compris.

chatPDF

Le principe est simple. Ce site vous permet de discuter avec tout PDF ("Chat with any PDF"). Vous glissez et déposez votre fichier et vous pouvez poser des questions à propos du document que vous avez donné à l’IA. Bien sûr, vous pouvez utiliser n’importe quel PDF, mais vous pouvez aussi soumettre le texte que vous avez l’intention d’étudier avec vos élèves.

À voir également

Plusieurs sites vous proposent de dialoguer avec un PDF, une page web voire vos livres numériques.

Discuter avec une page web

Discuter avec un PDF ou vos livres

Avec votre traitement de texte préféré, exportez votre document (donnez le texte sans les questions) au format PDF et transmettez-le aux élèves qui pourront ensuite l’envoyer sur chatpdf.

Ce faisant, ils peuvent poser n’importe quelle question sur le texte comme on le ferait avec un tuteur. Évidemment, l’application peut être utilisée pour obtenir les réponses que l’enseignant pose, mais si on l’utilise en complément (avant ou après), cela peut s’avérer d’une grande aide pour s’assurer de la bonne compréhension du texte. En effet, l’élève peut questionner l’IA pour avoir des précisions ou des éclaircissements, pour vérifier qu’il ou elle ne se méprend pas sur tel ou tel point, etc. Cela peut servir d’instrument de révision avant évaluation.

chatpdf commence le dialogue ainsi et vous suggère quelques questions à poser :

Bonjour et bienvenue dans ce fichier PDF qui raconte l’histoire passionnante de la naissance de Zeus et comment sa mère, Rhéa, a réussi à déjouer la cruauté de Cronos !
Voici trois questions que vous pourriez vous poser après avoir lu ce fichier :

  • Comment Rhéa a-t-elle réussi à tromper Cronos et à sauver Zeus ?
  • Qu’est-ce qui a poussé Cronos à dévorer ses propres enfants ?
  • Comment Zeus est-il devenu le roi des dieux de l’Olympe ?

On peut même demander à l’IA de générer un quiz comme nous l’avons fait précédemment dans IA & Quiz.

Génère un QCM de 10 questions avec à chaque fois 3 réponses possibles sur ce PDF. Si je me trompe, donne-moi un indice, mais ne donne pas la bonne réponse. Laisse-moi chercher.

Obtenir un quiz avec chatPDF

Il y a des limites dans la version gratuite, mais qui sont largement suffisantes :

  • 120 pages par PDF
  • 10 Mo par PDF
  • 3 PDFs par jour
  • 50 questions par jour

Pour en apprendre davantage sur les possibilités que l’IA offre en la matière, reportez-vous à IA & Tutorat.

Réaliser une carte mentale

Peut-être pour des élèves plus âgés, cette ingénieuse proposition de Benjamin Larrigue d’utiliser myMarkmap et chatGPT pour générer des cartes mentales qui, comme on le sait, offrent un moyen d’apprentissage et de compréhension plus visuel, mais constitue également une aide précieuse pour les élèves dyslexiques, et ainsi un moyen de différencier et donc d’inclusion.

Une démonstration en vidéo vous donnera une idée plus précise de la marche à suivre.

Voici comment faire :

Une carte mentale au format Markdown générée avec chatGPT

  1. Tout d’abord, demandez à chatGPT de produire pour vous une carte mentale au format Markdown. Je lui ai demandé de la faire à partir de cette leçon sur le réalisme.
  2. Il faudra probablement rappeler à chatGPT de présenter cela dans un bloc de code au format Markdown.

Demandez à chatGPT de produire pour vous une carte mentale au format Markdown

  1. Ensuite, il ne vous reste plus qu’à copier ce code et le coller dans myMarkmap.

Se rendre dans myMarkmap pour créer sa carte

En classe, on peut proposer aux élèves de construire leur propre carte mentale, seuls ou en groupe. À la suite de quoi, il leur sera demandé d’utiliser chatGPT et myMarkmap puis de confronter leur propre production avec celle de l’IA.


Je vous invite enfin à jeter un œil sur cette présentation datant du 06 novembre 2023.

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IA & Dictée

🗓️ Article publié pour la première fois sur Obsidian Publish le 15/07/2023

Le précédent ministre de l’Éducation nationale, comme beaucoup d’autres avant lui, avait réaffirmé l’importance de la dictée. À l’école primaire, celle-ci doit être quotidienne. Or trouver le texte adéquat à proposer à ses élèves chaque jour peut rapidement s’avérer une gageure. Il faut en effet trouver le bon texte, ni trop long ni trop court, correspondant éventuellement aux difficultés étudiées, c’est-à-dire incluant tel temps verbal ou tels mots, etc.

C’est là que l’IA peut nous être utile et nous permettre de produire non seulement les textes correspondant précisément à nos besoins, mais aussi de les enregistrer au format mp3, favorisant par là même l’autonomie des élèves et la mise en œuvre d’une pédagogie active et différenciée.

Plan du tutoriel

Générer des dictées avec chatGPT

Générer une dictée

La production de votre dictée commence par l’écriture du prompt 1. Celui-ci doit être précis :

Produis une dictée de dix lignes maximum pour des élèves de CM2. Celle-ci doit être majoritairement écrite à l’imparfait et au passé simple et contenir les mots suivants : chevalier, valeureux, héros, destrier, écu, lance, heaume, haubert, baudrier, dragon.

Comme on le voit dans l’exemple ci-dessus, il faut préciser, entre autres,

  • le sujet,
  • le niveau,
  • le vocabulaire souhaité,
  • les temps verbaux,
  • le type de difficulté (par exemple, insertion de participes passés avec accord du COD).

dictée.png

La production de la dictée est instantanée, mais il vous reste à faire les modifications souhaitées. En effet, l’IA peut se tromper et commettre des erreurs ou, dans le cas de notre exemple (voir illustration), le texte est trop long.

Générer des dictées (différencier)

Pourquoi demander une seule dictée ? Il est aisé de différencier grâce à l’IA : demandez plusieurs dictées correspondant à des niveaux différents.

À cet effet, modifiez le prompt initial pour obtenir le résultat désiré. On peut par exemple simplement demander :

Réduis cette dictée à cinq lignes.

Ou au contraire :

Réécris cette dictée pour des élèves d’un niveau troisième en incluant un vocabulaire recherché spécifique au Moyen Âge.

Une dictée réalisée avec chatGPT

Autres types d’exercices (à trous, à choix multiples, quiz)

L’IA peut générer pour vous tout type d’exercices. Par exemple, vous pouvez générer une dictée similaire à celle que l’on propose au brevet des collèges pour les élèves à besoins particuliers.

Transforme cette dictée en un texte à trou (utilise des points de suspension) proposant pour chacun des mots remplacés par un trou trois orthographes possibles du même mot. Par exemple, le mot « chevauchait » peut être remplacé par trois choix : chevochait, chevauchait, cheuvauchait.

Le résultat peut ne pas être parfait, mais cela constituera une base sur laquelle travailler, ce qui vous fera quand même gagner du temps. De ce point de vue, l’IA peut être perçue comme un « accélérateur ».

Modification de la dictée réalisée avec chatGPT

De surcroît, cet exercice est directement exploitable dans Google Docs, dans lequel, recourant aux [[Smart Chips]], vous pouvez créer des menus déroulants correspondant aux différents choix à proposer à l’élève.

Enfin, vous pouvez aussi tout simplement créer, non pas des dictées, mais des exercices à trous ou, encore, nous le verrons bientôt, des quiz.

De fait, chatGPT génère tout type d’exercices qui ne seront pas nécessairement des dictées et qui peuvent intéresser tout enseignant désireux de s’assurer de la bonne compréhension des notions étudiées pour éventuellement réajuster l’enseignement dispensé (mais nous y reviendrons). Au premier chef, seront probablement intéressés les collègues de langue, en particulier en raison de la capacité que nous allons à présent montrer à enregistrer nos productions.

Transcription du texte en audio

En effet, avec TTSMaker, on peut obtenir facilement la transcription audio du texte conçu par chatGPT. Prenons un bref exemple :

Arthur était un chevalier courageux vivant dans un petit village. Un jour, un terrible dragon est apparu et a menacé les habitants. Arthur s’est précipité vers le dragon et a livré un combat acharné jusqu’à ce qu’il parvienne à le vaincre. Les villageois lui ont offert des récompenses en guise de gratitude pour sa victoire et il est devenu le héros du village pour toujours.

Il suffit de copier puis coller ce texte dans TTSMaker qui va transformer le texte en un fichier audio.

Ainsi, on peut générer un fichier mp3 lu lentement et incluant la ponctuation en plaçant celle-ci entre parenthèses (utilisées ici pour la lisibilité uniquement) :

Arthur était un chevalier courageux vivant dans un petit village ((⏱️=600)) (point). ((⏱️=900)) Un jour (virgule) ((⏱️=600)), un terrible dragon est apparu et a menacé les zabitants ((⏱️=900)) (point). ((⏱️=600)) Arthur s’est précipité vers le dragon ((⏱️=900)) et a livré un combat acharné jusqu’à ce qu’il parvienne à le vaincre ((⏱️=600)) (point). ((⏱️=900)) Les villageois lui ont offert des récompenses en guise de gratitude pour sa victoire ((⏱️=900)) et il est devenu le héros du village pour toujours ((⏱️=600)) (point final).

Vous remarquerez plusieurs choses dans l’exemple ci-dessus :

  • ((⏱️=600)) (➝ Entre doubles parenthèses, cela correspond au temps de pause. La syntaxe est simple : émoji horloge (⏱️), signe égal, temps de pause en millisecondes).
  • (point) (➝ les parenthèses sont inutiles, mais elles me servent de repère. Il s’agit de la ponctuation à prononcer comme lorsque l’enseignant dicte).
  • « les zabitants » (➝ l’IA se refusant à faire la liaison, j’ai eu recourt à ce « hack » pour la contraindre à la faire).

Vous pouvez aussi modifier la vitesse de la voix (0.8x) afin que la lecture ne soit pas trop rapide (bien qu’il soit possible de mettre sur pause).

En général, je produis deux enregistrement audio correspondant à la double lecture qui est faite :

  1. Une première lecture lente, expressive, sans la ponctuation, permettant la découverte du texte par les élèves
  2. Une seconde plus lente, dont la hachure correspond peu ou prou au découpage syntaxique des phrases. On prononce la ponctuation. Je n’ai pas jugé utile de répéter tel mot ou groupe de mots comme on le fait en général lorsque l’on dicte puisque l’élève peut revenir en arrière ou mettre sur pause.

Voir un exemple concret de dictée sur Ralentir travaux (Dictée : Les Confessions (brevet 2020)) incluant diverses possibilités dont un quiz généré par chatGPT portant sur la dictée. J’ai aussi demandé à l’IA de produire le code HTML, CSS et JavaScript permettant à l’élève d’écrire sur la page web son texte (le correcteur orthographique et l’option copier-coller sont désactivés).

Info

On peut aussi utiliser Fliki qui permet également de transcrire un fichier texte au format audio y compris en langue française. Plusieurs voix sont proposées. On peut aussi avoir une petite vidéo au lieu d’un fichier son, mais le résultat est très sommaire. Enfin, une option vous propose même de cloner votre propre voix, mais cela est quand même un peu… flippant.

Voir également MyShell, Eleven Labs et Voicelab.

Usages pédagogiques

Les élèves vont donc pouvoir faire leur dictée en classe en autonomie. Mais que fait l’enseignant pendant ce temps-là ? Pendant que les uns subissent l’équivalent d’une dictée de Pivot concoctée par une intelligence artificielle, l’enseignant peut travailler avec un petit groupe d’élèves sur un point d’orthographe à corriger ou à expliciter. Ou sur tout autre sujet. L’important est que l’enseignant soit disponible, que du temps soit dégagé de façon à ce qu’on ne soit pas limité par certaines contraintes (dicter le même texte à toute la classe en même temps par exemple), mais qu’au contraire la technologie favorise l’interaction et permette de cibler les interventions.

C’est en fait une excellente opportunité d’essayer le modèle de station cher à Catlin Tucker. À ce sujet, voir la note Complete guide to blended learning.

Station Rotation Lesson

Voir également AI & Audio Activities

Notes

1 : Ce qu’on appelle le prompt est le texte que vous tapez lorsque vous utilisez une IA comme chatGPT ou Bard. C’est donc une phrase ou un paragraphe correspondant à l’instruction que vous donnez à l’IA (la tâche que vous lui demandez d’accomplir).

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15 exemples concrets d’utilisation en classe de l’IA

🗓️ Article publié pour la première fois sur Obsidian Publish le 28/12/2022

Introduction

Ce n’est pas peu dire que l’IA et ses potentielles utilisations sont en train de faire couler beaucoup d’encre. Mais si les possibilités se laissent entrevoir, il est parfois plus difficile de développer des usages concrets, ce que le présent document entreprend de faire.

Voici donc quelques exemples d’utilisation de l’intelligence artificielle en classe (ou avant ou après la classe).

Les applications que j’ai utilisées

J’ai utilisé principalement GPT-3 (dont chatGPT). En générant une clé, on peut utiliser celle-ci avec différentes applications, ce que j’ai fait avec Obsidian et le plugin Text generator, mais aussi avec Google Sheets. J’ai aussi utilisé Reader qui intègre GPT-3. Plus récemment, Perplexity ou Tome ont fait apparaître des possibilités supplémentaires, tous deux basés sur GPT.

Il existe une kyrielle d’applications tirant parti de GPT-3 (comme LEX qui se présente un peu comme le Google Docs de l’IA) et je vous invite à consulter les notes que je prends d’applications à tester (voir A essayer ou celle consacrée à l’écriture).

On peut également produire des images. J’ai eu recours la plupart du temps à Midjourney, mais il en existe évidemment plein d’autres (voir, dans la section dédiée à l’IA, ma liste consacrée aux images).

Un peu d’aide

Si vous souhaitez mieux comprendre comment utiliser GPT-3 ou le plugin Text generator, je vous invite à lire ceci :

  • GPT-3
  • Text generator

Ce document est en cours d’écriture et n’est donc pas achevé. Il contient pour l’instant les sections suivantes :

Plan du tutoriel

En guise de conclusion, je vous invite à lire Ce que l’IA change dans l’éducation.

L’assistant

Utilisez GPT tel un assistant, un peu comme dans une situation de co-enseignement. Par exemple, on peut imaginer un cours dans lequel les élèves apprennent le HTML et le CSS. chatGPT se charge de procurer aux élèves les explications et l’enseignant peut aider les moins autonomes ou clarifier certaines réponses.

Bien sûr, l’enseignant conçoit la séance, son organisation et propose des activités supplémentaires comme des exercices permettant de mesurer la bonne compréhension des notions exposées par l’IA ou l’évaluation finale.

En fait, on peut même confier à l’IA la création de toute une séquence. Ce ne sera pas parfait, mais crée une base à partir de laquelle travailler. Voyez-vous même avec cette vidéo publiée sur le compte Twitter de Copilot.

Je ne peux pas vraiment dire que j’ai été convaincu par les essais que j’ai faits avec Copilot. En revanche, on peut tout simplement recourir à chatGPT pour produire séquences et séances en un tour de main. Si vous voulez vous en convaincre, lisez The Mechanical Professor. La démonstration est édifiante.

La discussion

En utilisant Character.AI, demandez à vos élèves de discuter avec un personnage historique tel Winston Churchill. Comme certaines réponses peuvent être sujettes à caution, l’exercice ne serait complet qu’en demandant aux élèves de vérifier la véracité de ce qui aura été affirmé par l’IA.

Character

Plus intéressant, et comme complément de la rédaction, on peut demander aux élèves d’inventer un personnage, ce qui peut être à la fois une source d’inspiration comme une invitation à affiner les caractéristiques de son personnage (consulter ce guide pour connaître les fonctions avancées de la création d’un personnage).

Character

Character

L’écriture

Le moins que l’on puisse dire est qu’on écrit beaucoup à l’école. Les élèves apprennent à écrire, produisent des rédactions puis des dissertations. Les enseignants élaborent des cours, remplissent des bulletins, envoient des emails, etc.

Plutôt que bannir l’IA comme une menace à l’authenticité auctorialle, faisons-la rentrer dans les écoles pour apprendre aux enseignants comme aux élèves à s’en servir.

J’ai, pour ma part, utilisé de longue date une application comme Antidote qui m’aide à éviter étourderies, oublis, erreurs d’orthographe ou de syntaxe, anglicismes, fautes de typographie, etc. On peut se servir de l’IA comme une aide à l’écriture. Quillbot (quel nom !) peut nous aider, entre autres, à paraphraser notre prose, c’est-à-dire à proposer une alternative au mot ou à l’expression choisis et à opérer un choix entre plusieurs propositions (tous les mots colorés dans la proposition de l’IA sont cliquables et interchangeables).

Les bulletins

On peut demander à GPT-3 de générer des appréciations de bulletin scolaire.

Dans cet exemple, j’utilise Google Sheets qui, grâce au script de @shubroski permet d’utiliser la clé API d’OpenAI. Ça marche même en français. Indiquez simplement le nom et quelques mots-clés et le tour est joué.

  1. Pour l’utiliser, faire une copie de ce document.
  2. Insérer sa clé dans le script (Extensions > Apps script).
  3. Ensuite, il faut bien suivre les étapes indiquées dans la vidéo. 👇

Pour éviter de surcharger cette page déjà bien lourde en vidéos, j’ajoute un autre exemple d’utilisation de Google Sheets dans une autre note. Il s’agit d’un quiz. L’élève, s’il ne trouve pas la réponse, peut interroger GPT.
Lire la notre Un exercice avec un tableur et GPT

La dictée

Générez des dictées en quelques secondes pour vos élèves à partir des mots que vous avez vus en classe grâce à GPT-3 (ici Text generator et Obsidian).

Il est possible de spécifier le niveau de difficulté ou les temps qu’on souhaite être utilisés.

Une dictée générée avec chatGPT

Voir Autres exemples d’utilisation de l’IA en classe pour la génération et l’enregistrement de la dictée.

On peut ensuite demander à l’IA de corriger elle-même la dictée qu’un élève aurait produit. J’ai fait l’essai avec un traitement de texte, mais avec la reconnaissance de caractères intégrée à iOS, ça devrait marcher avec l’écriture manuscrite.

On peut aussi générer des questions pour s’assurer de la compréhension du texte. On doit également pouvoir générer des questions de grammaire. Voir un exemple concret de dictée sur Ralentir travaux (Dictée : Les Confessions (brevet 2020)) incluant diverses possibilités dont un quiz généré par chatGPT portant sur la dictée.

En lisant ce fil Twitter, je prends conscience qu’on peut créer un texte à trous.

Le quiz

Utilisons à présent chatGPT pour produire un quiz. Le prompt est Crée un quiz sur le Horla de Guy de Maupassant en 10 questions avec 3 choix possibles.

Dans certains cas, l’IA donne même les réponses.

Autre exemple : créer un quiz sur l’accord du participe passé (prompt : Crée un quiz sur l’accord du participe passé en 5 questions avec 3 choix possibles).

J’ajoute un autre exemple dans une autre note où l’on voit qu’on peut demander à chatGPT de produire un tableau de conjugaison puis de l’exporter au format csv afin d’en préserver le formatage. Lire Créer des tableaux de conjugaison avec chatGPT

La lecture

J’utilise depuis de longues années des applications du type read-it-later. Actuellement, j’utilise Reader qui intègre GPT-3 (sous le doux nom de Ghostreader) et que l’on peut invoquer pour effectuer différentes opérations.

Comme vous pouvez le voir, on peut, entre autres, utiliser Ghostreader pour poser une question (et comparer avec la réponse que l’on aurait donnée) à propos du texte que l’on vient de lire. Pratique pour vérifier sa compréhension.

On peut aussi demander à avoir tout un questionnaire. Ce sera le moyen de proposer aux élèves une évaluation de leur compréhension du texte.

On peut aussi demander à l’IA de procurer un résumé. Utile pour les lecteurs pressés (TL;DR). À noter que Google Docs possède une fonction similaire.

L’argumentation

On doit pouvoir utiliser GPT pour travailler l’argumentation. On peut demander à un élève de soumettre son argument pour trouver une justification ou pour lui opposer un contre-argument puis lui demander de reformuler le tout à la lumière de ce qui a été trouvé.

À noter que Perplixity (basé sur GPT) est capable de produire un texte ET de procurer les sources sous formes de notes de bas de page.

La présentation

L’étape suivante pourrait consister à demander à ce même élève de faire une présentation du type PowerPoint exposant le point de vue qu’il a défendu dans son argumentation. Tome permet justement de créer une présentation générée par l’iA (texte et images y compris).

La présentation peut servir de support, peut être complétée par le travail qui a été fait précédemment ou modifiée si elle ne donne pas satisfaction. On peut enfin demander aux élèves d’expliciter les différentes étapes de la présentation (introduction, phrase d’accroche, développement, arguments, exemples…).

Quand bien même la présentation serait totalement ratée, le support est créé, prêt à être partagé, favorisant le travail collaboratif puisqu’on peut commenter, etc.

Les illustrations

On peut utiliser Dall.e 2 ou Midjourney pour générer des illustrations pour les textes que l’on écrit. Certains se sont même essayés à la création de bandes dessinées entières. C’est le cas de Steve Coulson qui a réalisé plusieurs bandes dessinnées, mais voyez vous-même un exemple.

Ce serait intéressant d’utiliser Book Creator à cet effet.

Dans tous les cas, le principe est le suivant. Nous utiliserons Midjourney qui produit des images artistiquement plus convaincantes que, par exemple, Dall.e 2. Le principe est de taper un texte (un prompt) et l’IA génère une image à partir de ce prompt. Plus celui-ci sera précis voire détaillé, meilleur sera le résultat.

Pour ce faire,

  1. Joindre la bêta
  2. Cela mène à un serveur Discord (se créer un compte si l’on n’en a pas)
  3. Se rendre sur une des Newbies room, taper /imagine. Cliquer sur Prompt et taper le texte.
  4. Lire la documentation pour en savoir plus.

Ci-dessous un exemple d’image générée avec Midjourney. Je lui avais demandé de représenter Emma Bovary lisant un roman.

Illustration générée avec Midjourney

La vidéo

L’une des utilisations qui m’intéressent le plus consiste à demander à l’IA de générer une vidéo à partir d’un texte. Procéder à un enregistrement, le préparer (élaborer le script par exemple), monter la vidéo, etc. peut être très long. Le gain de temps sera alors considérable pour l’enseignant voulant préparer des vidéos permettant aux élèves de travailler en autonomie et de suivre consignes et explications en vidéo.

Je n’ai pas encore essayé Synthesia et suis impatient de le faire, mais le coût de l’abonnement étant élevé, je veux préparer les scripts de mes vidéos et seulement ensuite, je prendrai un abonnement pour quelques mois.

Trois autres utilisations

  • Générer des sous-titres
  • Obtenir un résumé d’une vidéo voire une transcription
  • Créer la transcription d’un meeting

Ajouter des sous-titres

Pour cela, on peut utiliser CapCut soit dans sa version en ligne, soit avec l’app iOS. Comme le site, vous y invite, ajouter des sous-titres est une vraie plus-value. De nombreux utilisateurs regardent les vidéos sans le son et pour les personnes mal-entendant, il va de soi qu’il s’agit là d’une fonction indispensable. Or les écrire manuellement peut prendre beaucoup de temps. C’est là que l’IA rentre en jeu.

Simplement, tapoter sur Text (ne pas sélectionner la vidéo sinon le menu ne fait pas apparaître Text) puis Auto captions et enfin Start.

Il est possible de changer tous les réglages de tous les sous-titres en une seule fois (police, style, etc.).

Il existe (et l’on trouvera de plus en plus de sites le proposant) également VEED.IO que j’utilise notamment pour alléger le poids de mes vidéos. Le site propose désormais une fonction similiare à celle de CapCut.

Obtenir un résumé d’une vidéo voire une transcription

Glasp est une extension de Google Chrome qui vous permet de souligner des passages sur une page web et de prendre des notes. Cette extension est désormais capable de générer, grâce à GPT, une transcription et un résumé de la vidéo que vous regardez sur YouTube. L’extension permet d’obtenir la transcription dans différentes langues.

Non seulement, c’est gratuit, mais le code source est sur GitHub. Je vous invite à lire ce fil Twitter du développeur pour en découvrir davantage. Il évoque notamment Youtube Whisperer que vous pouvez aussi utiliser pour obtenir votre transcription.

Créer la Transcription d’un meeting

Évidemment, on dispose là de nombreuses possibilités comme, justement, Whisper, un autre projet d’OpenAI.

J’ai pour ma part jusque-là utilisé [[Otter]] que j’ai déjà évoqué ici et . On peut aussi utiliser Supernormal.

Les applications sont multiples. J’aime beaucoup utiliser Otter, par exemple, pour générer la transcription d’un podcast. J’en ai parlé sur Twitter il y a déjà quelque temps. Les avantages sont multiples. On n’a pas qu’une transcription que l’on peut relire, voire compléter de ses notes ou même surligner les passages importants. On a un document que l’on peut partager, tel un Google Docs. On peut inviter quelqu’un à travailler sur ce document, on peut commenter, etc.

Dans le cas de l’enregistrement d’un meeting, l’avantage est que l’on peut s’abstenir de prendre des notes. C’est pratique dans le cas d’un entretien d’embauche ou pour un élève assistant à un cours en ligne.

La musique

Évidemment, l’audio n’est pas en reste et n’échappe pas à la mode de l’intelligence artificielle. On peut, par exemple, utiliser Mubert dont les créations ne m’ont toutefois pas vraiment convaincues, d’autant plus que pour se débarrasser de l’horrible équivalent audio du watermark, il faut passer à la caisse.

Vous pouvez aussi tenter l’expérience avec Amper dont la musique est plus réussie que celle produite par Muber, mais là encore, il faudra payer.

Il n’en reste pas moins que les possibilités sont intéressantes et on peut imaginer les élèves habiller leur création visuelle d’un joli tapis sonore qu’ils auront appris à élaborer grâce à une nécessaire éducation musicale.

Encore une fois, en guise de conclusion, je renvoie à la note que j’ai écrite intitulée Ce que l’IA change dans l’éducation.

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Style your text

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Author

  • Add the icon, resize it and select Opacity (brush > Opacity) ➝ 70 or 60%

Add the icon

💡 Should you have an image with a background you want to remove, select your photo, press the little brush. Choose Image and Instant Alpha.

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  • Locate the little number 1 in the fourth paragraph, erase it. Place the cursor next to the word.
  • On the very bottom right corner, select the icon (lines with a + sign). Select Footnote. Paste your footnote.

Footnotes

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La vidéo a-t-elle révolutionné l’éducation ?

Il y a quelque temps de cela déjà, je formulais la réflexion suivante sur Twitter et LinkedIn :

Ne croyez pas ceux qui affirment que l’IA va bouleverser radicalement l’éducation. Aucune technologie ne l’a fait auparavant (ni la radio ni la vidéo ni internet ni les MOOCS ni la réalité augmentée ou virtuelle ni rien). La technologie change notre rapport au savoir mais, au sein même de l’école, son impact est généralement minime.

J’oubliais, soit dit en passant, la blockchain, la 5G et le Metavers.

Ce que je ne pouvais formuler en quelques mots était en fait la thèse de Justin Reich qui expliquait dans Failure to disrupt :

new technologies do not disrupt existing educational systems. Rather, existing educational systems domesticate new technologies

Dans sa conclusion, l’auteur prévenait d’ailleurs :

In the years ahead, no doubt, entrepreneurs will make these same kinds of promises about artificial intelligence and virtual reality and 5G and whatever new technologies Silicon Valley unleashes upon the world.

Mon objectif n’étant pas de citer Justin Reich tout au long de ce billet, résumons et expliquons très brièvement ce qui vient d’être formulé avant d’en venir au sujet qui nous préoccupe. Pour l’auteur de Failure to disrupt, la technologie ne bouleverse pas radicalement le système éducatif. En fait, la plupart du temps, ce dernier absorbe la technologie et lui fait faire ce que l’on faisait auparavant. Par exemple, si vous faites écouter une vidéo à vos élèves où quelqu’un expose une notion, vous ne faites que proposer à vos élèves un cours magistral et en cela, il n’y a rien de neuf. On pourra distinguer quelques apports, mais la technologie ne transforme pas radicalement le processus éducatif.

Or il m’a été objecté qu’internet ou justement la vidéo, par le truchement de YouTube, avaient révolutionné l’école. Il n’en est rien. Si la thèse consiste à dire qu’internet ou YouTube ont modifié nos vies, ont changé notre rapport au savoir, ont contribué à la circulation de l’information, ont même transformé notre façon de travailler à la maison, oui. Mais, à l’école, la plupart du temps, il n’en est rien.

Retour vers le futur

Mais reprenons.

Tout d’abord, l’introduction de la vidéo a été annoncée comme étant une révolution qui rendraient les livres obsolètes. C’est Thomas Edison qui le dit en 1913.

Books will soon be obsolete in the public schools. Scholars will be instructed through the eye. It is possible to teach every branch of human knowledge with the motion picture. Our school system will be completely changed inside of ten years. The New York Dramatic Mirror

En 1994, d’aucuns prétendaient que les vidéodisques allaient (enfin ?) révolutionner les salles de classe :

The use of videodiscs in classroom instruction is increasing every year and promises to revolutionize what will happen in the classroom of tomorrow (Semrau & Boyer. Propos entendus dans The Most Persistent Myth. Regardez. c’est assez drôle)

On pourrait penser qu’après presque 100 ans de prédictions ratées, on arrêterait là, mais non. Salman Kahn remet ça en 2011 dans Let’s use video to reinvent education. En gros, il explique que grâce à la vidéo les enseignants seront bientôt obsolètes et Bill Gates de confirmer :

Well, it’s amazing. I think you just got a glimpse of the future of education.

Évidemment, si on vous demande si la Kahn Academy a eu un quelconque impact dans la Silicon Valley voire dans nos vies, il faudrait être obtus pour ne pas le reconnaître, mais est-ce que le monde de l’éducation a été réinventé comme le dit Sal Kahn ? Non, bien sûr. Est-ce que la vidéo est désormais « le futur de l’éducation », comme le pense Bill Gates ? Non plus.

Un an plus tard, la croyance est pourtant plus forte que jamais. Daphne Koller, qui a cofondé Coursera, déclare que les MOOCs vont révolutionner l’éducation.

Le but de Coursera

is to take the best courses from the best instructors at the best universities and provide it to everyone around the world for free

Et comment fait-on cela ? Avec des vidéos bien sûr (reconnaissons-le, pas seulement. Il y a aussi… des quiz). Or, pour citer Reich encore une fois, peu de MOOCs ont apporté une véritable expérience pédagogique :

most courses simply recorded a professor lecturing, harkening back to the earliest days of motion pictures when the first order of business was the filming of stage plays.

Force est de reconnaître que la révolution n’a pas eu lieu. En tout cas, pas celles des MOOCS. Les livres ne sont pas obsolètes et la transmission des connaissances, dans les salles de classes, ne semble pas se faire par le seul moyen de la vidéo. Même le plus fervent adepte de la classe inversée reconnaîtra que la vidéo elle-seule ne suffit pas. Elle s’inscrit dans un processus plus large. Et ce processus inclut un ensemble protéiforme de technologies.

Cette combinaison de technologies peut expliquer le succès de l’une d’elles, mais ignorer cette pluralité serait une erreur. Ainsi, si Salman Kahn revient à la charge en 2023, c’est à la faveur de l’IA qui va permettre à la Kahn Academy de connaitre un regain d’intérêt.

On voit que le discours est maintenant : la vidéo va réinventer l’éducation mais cette fois avec le concours de l’IA.

Et c’est intéressant parce qu’on voit là qu’une technologie se combine à une autre pour permettre son essor. De ce point de vue, dire que la vidéo a révolutionné l’éducation serait oublier combien internet est responsable de son succès en permettant sa diffusion. Exactement de la même façon, internet s’est développé très rapidement parce qu’une autre technologie lui préexistait et permettait son adoption : le téléphone.

Ainsi, l’utilisation de la vidéo n’a de manière générale pas tellement lieu en classe (et c’est tant mieux. Pourquoi accorderait-on du temps de classe pour quelque chose qui peut facilement se faire partout et seul), et c’est en cela qu’on ne peut pas dire que la vidéo est une révolution. Elle n’a produit aucun bouleversement ni renversement. Elle est venue renforcer l’arsenal de l’enseignant. Couplée aujourd’hui à des plateformes comme Edpuzzle et un LMS comme Google Classroom et demain à l’IA, on a là un dispositif assez puissant, mais ce n’est pas une « transformation complète » comme l’indique la définition du Petit Robert.

Mais quand même, c’est super bien, YouTube !

La possibilité de regarder une vidéo sur YouTube ou Udemy est une avancée dont on se passerait douloureusement, mais ces plateformes n’ont pas révolutionné le monde de l’éducation.

Ce n’est d’ailleurs pas durant la pandémie que cette révolution a eu lieu alors que la vidéo – sous forme de visioconférence – s’est imposée comme moyen de transmission essentiel dans beaucoup de pays. Nombreux sont en effet les enseignants qui sont passés du bureau de leur salle de classe à celui de leur maison, et ont juste allumé la caméra et parlé (il n’est absolument pas question de leur jeter la pierre cela dit).

On voit donc bien, quoi qu’en dise Sal Kahn (voir la vidéo ci-dessous), qu’entre l’introduction du film en 1913 puis les vidéodisques, les cassettes, les DVD, les blue-rays et enfin internet, l’utilisation de la vidéo n’a rien d’une nouveauté, et qu’elle n’affecte en rien les pratiques scolaires existantes (i.e. la transmission d’informations).

Audrey Watters dans Teaching Machine, évoquant The History of Education (toujours Salman Kahn) ne dit pas autre chose :

There’s at least one problem with the way Khan tells it: the history is all wrong.
Despite Khan’s claim in his TED Talk that to “use video to reinvent education” is a novel idea, classrooms have been using film for over one hundred years.

L’introduction de la vidéo n’est donc pas nouvelle. Sa diffusion est évidemment plus aisée voire plus confortable qu’avant, mais elle n’est pas récente. Cela devrait nous inciter à nous méfier du mot « révolution ». Je suis assez vieux pour avoir été collégien dans les années 80 et j’ai connu le rétroprojecteur, le magnétoscope ou encore le plan informatique pour tous. Il faut se méfier de l’emploi de certains mots. L’innovation comme la révolution sont parfois plutôt… vieilles.

Pourtant, Kahn me semble marquer quelques points quand il dit que la vidéo peut être regardée quand on veut, à son rythme par exemple. Mais André Tricot, dans L’Innovation pédagogique, explique que la vidéo ne permet pas de mieux apprendre.

Les vidéos ne permettent pas d’apprendre mieux qu’en cours en présentiel, même si les opinions des étudiants et des élèves sont généralement favorables, notamment parce qu’elles leur offrent la possibilité d’apprendre « quand ils veulent », « où ils veulent », et « sur n’importe quel support » (Evans, 2008). La complémentarité et la synchronisation entre ce que dit l’enseignant et ce qui est montré à l’écran (diapositives, illustrations, graphiques, tableaux de données, etc.) est une condition absolument cruciale d’un apprentissage avec ce type de média (Mayer, 2014).

Il explique également en quoi la vidéo finalement n’a pas supplanté le texte, même s’il ne présente pas les choses en ces termes.

Notons pour finir qu’un autre média sans interaction, le texte, permet de lire les mêmes mots qu’un discours oral mais deux à trois fois plus rapidement (Vandenbroucke, 2016 ; Kushalnagar, Lasecki & Bigham, 2012). La lecture permet à l’élève de réguler sa vitesse, allant plus vite pour les passages faciles, plus lentement pour les passages difficiles (Young & Bowers, 1995). Le texte est permanent, la vidéo est transitoire : dès que j’ai entendu un mot je ne l’entends plus, je ne peux pas rester sur un mot entendu, tandis que je peux rester sur un mot lu (Leahy & Sweller, 2011).

Et enfin, pour le citer une dernière fois, l’auteur de l’ouvrage publié dans la collection Mythes et réalités explique pourquoi la vidéo ne remplace pas le cours magistral (avec une point d’ironie).

Une vidéo peut ainsi remplacer un cours magistral. Ce qui est assez remarquable parce que cela voudrait dire que (a) l’interaction entre un enseignant et ses étudiants lors d’un cours magistral est nulle et que (b) les élèves apprennent mieux en écoutant-regardant une vidéo d’un enseignant qui parle plutôt qu’en lisant le texte correspondant (ou un autre support). Or, en l’état actuel de nos connaissances tout cela est faux : au contraire, l’interaction entre un enseignant et ses étudiants lors d’un cours magistral est prodigieusement importante ; regarder une vidéo d’un enseignant qui parle n’est sans doute pas la façon la plus efficace d’apprendre, et de loin.

Regarder une vidéo ne serait ainsi pas le meilleur moyen d’apprendre (cela dépend en fait de ce que vous apprenez).

Évidemment, il y aurait beaucoup à dire parce que, pour ma part, je regarde énormément de vidéos et j’apprends beaucoup. J’utilise par exemple Otter ou Reader pour en avoir une transcription textuelle que je peux recopier dans Obsidian afin d’en souligner les passages importants, les compléter, les définir, etc. Dans la dernière version de Mac OS, je peux même souligner le texte d’une vidéo et le recopier, etc. Très pratique quand on apprend à coder. En outre, l’IA permet des merveilles et outre la transcription, on peut avoir un résumé, une liste des points saillants ou générer un quiz.

La technologie n’est pas la solution

Malheureusement, nous ne sommes pas là pour parler de mes usages et on voit bien que la vidéo à elle seule ne suffit pas, parce qu’en fait, redisons-le, une technologie quelle qu’elle soit ne suffit pas. Ainsi, le très récent rapport de l’UNESCO, Technology in education- a tool on whose terms, fait valoir que la télévision, comme la radio auparavant et comme internet par la suite, a été utilisée pour atteindre un public qui ne pouvait pas accéder à l’école :

Television has been used for delivering distance learning since the 1950s, notably in Latin America, to help address qualified teacher shortages in rural areas and high teacher absenteeism rates

Et ce avec un certain succès, mais précisément en raison de la complémentarité des éléments constituant un processus pédagogique excédant la technologie elle-même :

Lessons are often used to complement face-to-face instruction, with long-term studies finding significant impact on enrolment and completion rates. Success has been partially attributed to community participation and ongoing teacher training, while the use of in-person tutors, printed guides and videos that prompt learners to answer questions has made interventions more interactive.

La formation des enseignants ou d’autres facteurs (comme les guides imprimés ou l’interactivité s’ajoutant au support même) sont donc déterminants pour qu’une technologie connaisse un certain succès qu’elle n’aurait pas sans cela.

C’est d’ailleurs la conclusion du chapitre 2 de ce rapport :

Technology should not be viewed as the solution, but as a supportive tool in overcoming certain barriers to education access. The most effective interventions are those that put learners’ interests as the focal point and support human interaction, making use of adequate in-person support, extensive teacher training and appropriate technology for the specific context. The best learning systems never rely on technology alone.

Reste qu’une plateforme (rien que le mot pourrait à lui seul prolonger démesurément la réflexion) comme YouTube peut même être perçue comme un objet inquiétant si l’on en croit l’article du New Yorker How YouTube Created the Attention Economy. Ainsi, il faudra aussi penser à éduquer nos élèves à mieux comprendre et utiliser ce gigantesque réseau qui semble mobiliser tous les regards. La vidéo peut alors être perçue comme une technologie qui n’a pas révolutionné l’école, qui n’est pas neutre et dont l’utilisation peut dans certains cas s’avérer contre-productive. Mais c’est là un sujet pour un autre article.