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Pourquoi un ePub ?

Le manuel de sixième a été publié sur l’iBook Store grâce au logiciel iBooks Author. Cette merveilleuse application ne rend disponible le livre que sur les seuls iPad et Mac. Sont exclus les iPhone et iPod !
En publiant une version ePub du manuel de sixième, celui-ci est désormais accessible sur tout ce qui est pommé et précédé d’un « i », mais aussi sur toute machine lisant l’ePub, c’est-à-dire à peu près tout : Windows, Linux, Androïd, tablette machin truc, tablette machin chose, etc.

Cette version ePub est une version allégée du manuel de sixième (en deux parties : littérature et grammaire). iBooks Author permet de produire des manuels d’une richesse confinant à la nausée : quiz ici, diaporama là, vidéos partout, etc. Mais on perd de vue l’essentiel dans un manuel scolaire destiné au français et à la littérature : les textes.

L’ePub est alors un moyen de revenir à l’essentiel.

Mais ne perdons pas de vue que l’ePub, ce livre numérique, offre de superbes possibilités. En voici quelques-unes.

Agrandir le texte

Cette possibilité est très utile à tous ceux dont la vue rend la lecture difficile. Moi-même, quadragénaire, je l’utilise.

Agrandir le texte

Texte agrandi

Changer la police

Les élèves dyslexiques apprécieront cette possibilité (ainsi que la précédente d’ailleurs). Le texte devient lisible à tous.

Police changée

Énoncer la sélection

Cette fonction est une fonction d’accessibilité : cette fois encore, le livre s’adapte à diverses formes de handicap. Personnellement, j’utilise cette possibilité de faire lire le texte pour écouter un mot de vocabulaire en anglais ou en allemand voire une phrase entière.

Énoncer la sélection

Copier et coller le texte

Cette fonction est très pratique dans tous les exercices pour lesquels on n’aurait pas envie que l’élève perde du temps à réécrire un texte. C’est, par exemple, le cas de tous les exercices sur la ponctuation (recopier un texte en ajoutant la ponctuation), mais aussi lorsque l’on veut effectuer des recherces rapides et prendre des notes.

Copier le texte

Agrandir les images

Les reproductions de tableaux sur photocopie en noir et blanc ayant traumatisé ma sensibilité artistique, je regarde toujours cette option avec émotion. On peut désormais véritablement apprécier une œuvre.

Image agrandie

Utiliser le dictionnaire intégré

On ne quitte pas le livre pour rechercher la définition. La lecture n’est interrompue qu’un bref instant.

Dictionnaire intégré

Prendre des notes

La prise de notes n’est pas réservée au seul support papier. Le numérique permet même l’envoi et donc le partage des notes (via SMS, Twitter ou mail, etc.).

Prendre des notes

Surligner le texte

On a souvent besoin de surligner des passages. Las ! On vous interdit souvent de le faire ou vous vous interdisez vous-même de le faire. Le numérique vous le permet puisque vous pouvez aussi bien supprimer ensuite toute trace de votre passage.

Surligner le texte

Effectuer une recherche

Auparavant, quand je cherchais un passage dans un livre, je feuilletais celui-ci avec l’espoir de trouver plus ou moins rapidement ce que je cherchais. À présent, je recours à cette fonction de recherche par mot clé. Plus rapide et efficace.

Faire une recherche

Bien sûr, il existe de nombreuses autres possibilités…

Télécharger le manuel de sixième

Amazon

Kobo

Google Play

Apple Store

Manuel de sixième :

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Le manuel de 6e partout

Le manuel de 6 toujours libre mais plus gratuit

Manuel de 6eJ’ai longtemps hésité, mais la décision est prise : le manuel de 6e, s’il est toujours libre, n’est plus gratuit. La raison est fort simple : cela m’amusait beaucoup d’élaborer Ralentir travaux (dans lequel s’origine ledit manuel) ; cela me passionnait de réaliser avec iBooks Author ce même manuel ; cela m’a moins amusé de le découper en 8 chapitres afin de permettre à ceux dont la connexion et l’espace insuffisant sur leur iPad ne permettaient pas le téléchargement de ce gros fichier. Enfin, rendre accessible le manuel pour les appareils allant puiser sur Amazon, Kobo et Google Play a achevé de me cheviller cette idée dans la tête : mes petites réalisations ne sont plus un hobby, c’est un véritable travail, avec parfois la nuance étymologique appartenant à ce mot.

Pourquoi un tel développement ?

Réaliser un manuel avec iBooks Author permettait de produire un contenu certes riche (quiz, exercices interactifs, cours en vidéo, diaporamas, etc.) mais accessible sur les seuls Mac et iPad. Or mes élèves qui semblent avoir pris à la lettre l’injonction du BYOD viennent le plus souvent avec un matériel qui n’est pas pommé. Je voulais donc leur permettre de télécharger (et pour eux, c’est évidemment gratuit) le format adapté à leur matériel. Le PDF, ça va bien un moment…

La simplicité comme impératif

Au reste, avec le temps, j’en suis arrivé à me convaincre que la débauche de moyens techniques offerts par iBooks Author nous éloignait de l’essentiel : l’accès aux textes. Comme le rappelle Jiminy Panoz, Amazon a bâti son empire sur la simplicité et la légèreté du livre. Or la Kindle illustre à merveille le charme de ce petit appareil en noir et blanc qui s’enrichit à lui tout seul de la beauté littéraire. Je n’explique pas autrement le succès d’une telle machine bien loin des séduisantes réalisations de Jony Ive. Ça a d’ailleurs été la tâche la plus émouvante pour moi que de transposer mon manuel sur cette liseuse.

Pour que le livre soit plus aisément manipulable ou lisible, je l’ai scindé en deux : une partie dédiée à la littérature, l’autre à la grammaire. Seule le format iBooks Author offre la totalité en un seule volume avec en prime le contenu multimédia (diaporamas, vidéos, fichiers audio, etc.).

Le manuel quasiment partout

Quoi qu’il en soit, le manuel reste libre, tout entier accessible gratuitement sur Ralentir travaux, dépourvu du moindre DRM, mais payant (une somme qui me semble relativement modique) sur les plateformes suivantes :

Amazon

Kobo

Google Play

Apple Store

Manuel de sixième :

Sur l’Apple Store, on trouve donc deux manuels de 6e, l’un très complet au format iba (donc lisible sur Mac et iPad), l’autre (en deux volumes) au format ePub (donc lisible partout, y compris sur l’iPhone).

Les manuels de 5e et de 4e, quant à eux, sont toujours gratuits. Ils sont disponibles sur l’Apple Store (ou en PDF).

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Premier ePub

Le chevalier (chapitre I)Cela fait des années que je parle de faire un ePub, c’est chose faite. C’est bien sûr un modeste essai, très modeste.

Jusqu’à présent, j’avais consacré l’essentiel de mon temps à réaliser des manuels avec iBooks Author. Je tenais absolument à quitter ce logiciel si puissant (mais si abandonné) pour me consacrer à la réalisation de livres toujours libres, toujours gratuits, mais aussi accessibles en un format un plus standard que l’iba proposé par Apple. Nombre de mes éléves étant équipés de tablettes Androïd, il fallait bien qu’ils puissent lire un peu autre chose que du PDF (l’un des rares formats concédés par iBooks Author).

Exemple du chapitre-1

Je le disais, c’est un modeste essai. À bien des égards, il faudra retravailler ce livre (ce chapitre plus précisément), mais j’étais vraiment impatient de le partager avec vous. On retrouve donc l’essentiel du chapitre I du Manuel de 5e. On y trouve les textes, les images, mais aussi et surtout les dictées audio, les vidéos ainsi que les quiz.

Mais surtout, maintenant que le livre est libre, gratuit et dans un format ouvert, je vous en prie, si vous avez un peu de temps, aidez-moi à faire un peu plus joli.

Bonne lecture !

Télécharger le chapitre 1 du manuel de 5e

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Le manuel de 5e est publié !

Il est gratuit, il est libre

Manuel de 5eVous dire l’émotion qui s’empare de moi au moment où j’écris ces lignes est une curieuse gageure : le manuel de 5e est disponible. Il est terminé, il est publié.

C’est le troisième et dernier d’une série de manuels libres et gratuits consacrés à l’enseignement du français au collège.

Il y a fort à parier que je n’aurais pas trouvé l’énergie de faire ce nouveau livre, si je n’avais reçu un soutien qui m’a tant fait défaut depuis que j’ai commencé à mettre mes cours en ligne en 2007.

En effet, la campagne de financement sur Ulule m’a permis de travailler dans des conditions exceptionnelles. Les années précédentes, je travaillais sur un écran de 13″. Cette année, mes petits yeux de quarantenaire ont pu s’épanouir à contempler la surface vitrée d’un magnifique 27″. Le confort matériel n’était pas le moindre bonheur, mais il n’était rien sans le réconfort apporté par tous ceux qui m’ont fait confiance et ont porté haut leur foi en Ralentir travaux et ses manuels scolaires. L’enjeu n’était pas rien : il s’agissait de rendre l’ensemble du site et des livres absolument libres. Ils étaient déjà gratuits, ils sont désormais libres.

Hymne à la joie

Ma joie tient au travail accompli qui a été particulièrement éprouvant. C’est le livre pour lequel j’ai consacré le plus d’efforts, notamment en ce qui concerne la mise en page ou la typographie. C’est aussi le livre qui m’a demandé le plus de travail : il a nécessité de traduire des textes de nombreux auteurs (Chrétien de Troyes, Robert de Boron, Guillaume IX d’Aquitaine, les fabliaux, etc.) ou de les adapter (Robert Louis Stevenson, Rabelais…).

Le manuel (premier chapitre)

Tout cela se serait passé dans le meilleur des mondes, s’il ne m’était apparu qu’Apple délaissait totalement cette merveilleuse application qu’est iBooks Author. Créée pour révolutionner le manuel numérique, et n’ayant rien révolutionné du tout (mais pouvait-on confier une révolution aux éditeurs ?), la pragmatique pomme ne met plus du tout à jour un logiciel devenu plantogène. Ce fut une douleur permanente que ces plantages qui m’ont fait perdre des heures de travail [récemment une petite mise à jour a insensiblement changé les choses].

Last but not least, le processus de publication est juste insupportable. Je l’abandonne purement et simplement. Peut-être le manuel de cinquième finira-t-il par être validé par Apple, mais, las d’attendre, j’ai accepté la proposition de Yann Verry, et les livres sont à présent hébergés chez mon hôte que je remercie chaleureusement. Cela me permettra, au reste, de les mettre à jour plus facilement. À cet effet, la page consacrée aux manuels mentionnera les mises à jour, qui n’auront pas eu à subir les lenteurs de la pomme.

Je vous recommande de télécharger le livre à partir de votre ordinateur plutôt que de votre iPad. Pour une raison que je ne comprends pas encore, cela semble mal fonctionner.

De l’avenir

Ce labeur appartenant désormais au passé est l’occasion de regarder en avant : je n’y vois qu’HTML 5 et ePub. À présent, mon site doit être considérablement mis à jour, et je suis impatient de produire des versions ePub. J’ai d’ailleurs commencé, et, afin de ne pas perdre trop de temps, j’ai choisi l’ePub 2 qui me permettra de mettre assez rapidement à votre disposition une nouvelle publication.

J’aurai d’autant plus le temps de faire tout cela que – vous disais-je au tout début – il n’y aura pas d’autre manuel. Le programme de 3e portant sur des œuvres du XXe et XXIe siècles, je ne pourrai proposer des textes pour lesquels je n’ai pas les droits. Je me contenterai des morts libres, et proposerai peut-être quelques chapitres sur ces auteurs que le domaine privé n’a pas accaparés. C’est dommage, mais rappelons-nous qu’il n’est pas de cimetière plus riant qu’une bibliothèque libre, et n’oublions pas de militer pour que la culture du libre pénètre une sphère scolaire largement hantée par l’argent et le droit dans ce qu’il a de plus restrictif.

Manuel de sixième  Le manuel de cinquième  couverture4

Dédicace

J’avais tout d’abord pensé dédier mon livre à ma ministre. J’avais pensé à quelque chose comme « Puisqu’une jeune femme peut désormais être ministre de l’Éducation, gageons que les manuels scolaires puissent désormais devenir libres et gratuits ». J’ai finalement conservé le dédicataire unique des origines : les 100 personnes ayant soutenu d’une façon ou d’une autre ce manuel.

Que ce billet soit à nouveau l’occasion de les remercier chaleureusement.

Remerciements

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Unchain my site

CC BY-SA 3.0 Depuis sa création, Ralentir travaux a eu vocation à être diffusé le plus largement possible. Le site n’est-il pas né du désir d’offrir à tous – surtout aux élèves ne bénéficiant d’aucun soutien scolaire – la possibilité de trouver une aide sans inscription, sans mot de passe ou sans contrepartie quelconque ? Il s’agissait aussi de proposer, à l’enseignant désireux de trouver un peu d’inspiration, des ressources qu’il pourrait adapter à sa guise.

Dès lors la liberté était inscrite dans les gènes du site. J’avais d’ailleurs repris à mon compte ces mots de Condorcet afin de montrer que la notion de propriété intellectuelle était un abus qu’il fallait dénoncer (1).

Par le passé, j’usais du mot «libre» sans trop savoir quelle notion il recouvrait. Plus tard, je découvrais les licences Creative Commons et m’emparait de celle-ci. Cela signifiait : fais ce que tu veux, mais ne vends pas. Or cette clause non commerciale (et cela a été dit de nombreuses fois) est un frein à la diffusion du savoir. Et Ralentir travaux n’a pas vocation à se recroqueviller sur lui-même dans la crainte d’une exploitation commerciale. Ce serait un non-sens. Au reste, nombreuses sont les personnes requérant l’autorisation d’utiliser telle ou telle partie du site, et invariablement la réponse est affirmative. Seule une demande était restée sans suite en raison de cette fameuse clause NC…

Il est donc nécessaire de recourir à une nouvelle licence. Seuls le partage à l’identique et la reconnaissance de la paternité de l’œuvre seront exigés. Que l’on me pardonne ce dernier sursaut d’orgueil (que m’accorde le droit), mais je tiens encore un peu à ma progéniture ! J’ai juste envie de lui donner un peu le large, et d’observer de loin ce qu’elle devient entre les mains de ceux qui voudront bien s’en emparer, et, je l’espère, la diffuser plus largement encore.

Dons

Mais, avant d’adopter une telle licence, je voudrais poser une condition. Il y a quelque temps j’affichais un bandeau afin de susciter les dons. Je paie les frais d’hébergement et ceux liés à l’achat du nom de domaine, les logiciels ou leurs mises à jour. Que dire de mon Mac acheté en 2008, si ce n’est qu’il est vieillissant (2) ? Je ne demande pas de salaire pour les années passées à bâtir Ralentir travaux, mais je veux bien un peu d’aide pour continuer l’œuvre. Or ces dons, malgré la promesse que pouvaient constituer les milliers de visites quotidiennes (3), se sont montrés largement insuffisants (4). En un an, à peine de quoi acheter InDesign ou un logiciel de ce type…

Manuel de 6eJ’ai fait mes calculs. J’aurais besoin de 2000 à 2500 € pour acheter diverses choses (nouvel ordinateur, un micro, quelques logiciels, etc.). Une telle somme est donc la condition du changement de licence. Cela en vaut-il la peine ? J’avoue que je suis assez curieux de le découvrir. Peut-être cette demande fera-t-elle un joli flop. En ce cas, la question de la licence ne taraude que moi.
Toujours est-il que nombre de sites recourent annuellement aux dons. Je m’en remets donc à ce principe. Et encore ! je n’attends même pas une cotisation annuelle, mais celle de sept ans passés à construire le site et plus encore, puisque je n’entends pas m’arrêter là (le manuel de 5e est déjà en chantier).

Bref, il ne reste plus qu’à organiser ce financement, mais vous pouvez d’ores et déjà faire un don sur Ralentir travaux.
Passé le seuil financier susmentionné, Ralentir travaux (tout : le site, les manuels) devient libre.

Notes :
1 – Je parle, bien entendu, de mon propre cas. Il ne me viendrait, par exemple, nullement à l’idée de tenir un tel discours au sujet de Michel Tournier ou d’Umberto Eco. Simplement, le professeur que je suis ne saurait prétendre à faire valoir un privilège reposant simplement sur quelques années d’études.
2 – Je ne peux même plus enregistrer de screencast sans que les ventilateurs de l’ordinateur se mettent à souffler à tous les diables, rendant par là même la vidéo inaudible.
3 – 1 633 891 visiteurs durant l’année 2013.
4 – Un merci exponentiel agrémenté d’un bisou dégoulinant à tous ceux qui m’ont envoyé leurs dons. Un don… Quel mot plus adorable la langue française a-t-elle inventé ? De manière plus générale, je voudrais remercier ceux qui donnent de leur personne, de quelque façon que ce soit et qui contribuent (loin des discours anxiogènes tenus par des inactifs bavards) à faire du web un lieu hautement éducatif.

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Petite analyse du zombie

Night of the Living DeadLe zombie est une créature qui manifeste une déchirure du réel, un scandale : ce qui ne peut pas arriver arrive.

Appelé également mort-vivant, l’oxymore révèle, bien mieux que le mot d’origine créole, la contradiction insupportable que ce cousin éloigné du désormais banal fantôme représente. La mort est déjà intrinsèquement bien assez traumatisante et inquiétante (que se passe-t-il dans l’au-delà ? En principe, personne n’est revenu nous le dire) pour qu’elle ne s’accompagne pas d’un délai supplémentaire accordé selon un goût plutôt douteux : mort, vivant, mais pourrissant. À ce propos, vous êtes vous déjà demandé pourquoi on enterrait les morts ? Il y naturellement une question d’hygiène, mais on les enfouit parce que leur vue est insupportable. Hormis le cas très particulier de Blancheneige, le discours est invariablement le même : «Cachez-moi ce cadavre que je ne saurais voir. Il est laid, il est dévoré par les vers, il pue, enterrez-le, brûlez-le, faites ce que vous voulez, mais qu’on me l’ôte de la vue».

Le zombie apparaît donc. C’est la première chose qu’il fait. Il se montre, et c’est assez insupportable. D’abord, il remet en question l’idée du repos mérité, et puis il indique assez clairement le sort qui nous attend inéluctablement. Voyez ce que vous ne voulez voir.

Il y a pire. Le zombie, cet être lent, est mû par l’inassouvissable nécessité de mordre. Il a faim, faim de chair fraîche. Cela ne lui suffit pas d’incarner un scandale inhumain, il lui faut encore vouloir notre propre mort qui nous transformera ipso facto en mort… vivant. Ce qui n’est pas mort mais qui est mort quand même veut notre mort (etc.). Remarquez que cet Ennemi n’en veut pas tant à notre peau qu’à faire de nous son aliment. Le mort se nourrit du vivant. Ainsi le zombie représente une humanité déchue qui se dévore elle-même. Une société qui court à la catastrophe nourrit en son sein le zombie qui symbolise assez bien l’anthropophagie mortifère, la civilisation qui s’alimente d’elle-même. En regard, l’allégorie de la mort fait piètre figure. Voilà bien plus inquiétant que la grande faucheuse ! Ce n’est d’ailleurs pas la moindre ironie de cette incarnation de la mort : elle est cet ennemi que l’on ne peut tuer, il est déjà mort. Vous pouvez cependant faire quelque chose, vous pouvez atteindre la tête.

On peut, en effet, se débarrasser du zombie en visant le chef, le cerveau plus précisément. De ce point de vue, le zombie est cousin de ces extraterrestres au crâne démesuré. L’être venu d’ailleurs est nécessairement supérieurement intelligent. Et agressif ! Cependant, le zombie n’est pas intelligent. Simplement, il représente l’individu dont les fonctions du corps, ses organes, son sang sont devenus quasi caducs. Ils ne servent à rien. Le cerveau peut survivre à l’ablation du foie, des poumons ou du cœur. C’est donc un cerveau possédant une seule idée, une idée fixe, une seule et irréfragable idée : bouffer du vivant. Dans la saison 1 de The walking dead, les survivants les appelaient les geeks, au sens propre, les tarés.

Il faut se demander pourquoi la fiction convoque ces tarés monomanes repoussants. Dans la série susmentionnée, la raison est évidente. Il y a une fascination morbide pour la civilisation détruite. Morbide ? Paul Valéry ne nous avait-il pas prévenus que les civilisations étaient mortelles ? Après deux guerres mondiales, c’est bien le moins que puisse faire la fiction que d’évacuer nos peurs comme elle le peut. Et force est de constater que le niveau de l’ «entertainment» est nettement au-dessus des films catastrophes qui ont fleuri avec le passage à l’an 2000. Rien que l’affiche de The Walking dead est fascinante : cette autoroute dont les voies menant à la ville sont désertes, et celles en sens inverse complètement bouchées par cet exode impossible qui a entassé des foules paniquées devenues proies aisées pour zombie, l’implacable pourchassant que rien n’arrête ou presque.
Cela dit, il faut bien remarquer que la série offre un autre intérêt. Le zombie étant très lent, il ne représente pas un ennemi bien dangereux. Excepté quand il est en trop grand nombre, sa lenteur vous permet très aisément d’ajuster votre coup pour une décapitation réussie. Mais alors quel intérêt ? Le zombie est un miroir, il montre (encore une fois) ce qui reste de l’humanité. «Je cherche un homme» pourrait dire le survivant. Et, hélas ! les hommes (je veux dire ceux qui ont survécu) ne sont plus nombreux à être des hommes. Ce sont eux les monstres. Échappant à toutes les lois de la société, et par un renversement assez fascinant, l’homme devient à son tour un monstre pourchassant les monstres, une sorte de Robert Neville. Le monstre n’est pas celui que l’on croit. Voilà ce que montre la saison 2 de The Walking dead dont les protagonistes (les bons) ont trouvé refuge dans une prison. Désormais, de tels lieux protègent l’honnête homme, mais en enfermant ce dernier. Avec le zombie, on a l’impression de revivre une préhistoire cauchemardesque et cannibale, une régression, un retour en arrière sociétal.

World War Z donne à lire un renversement similaire à celui de la série télévisée, mais cette fois dans la période de reconstruction. Une fois l’invasion zombie endiguée (on parle d’ailleurs plutôt d’épidémie, de pandémie, autre peur très actuelle celle-là, une variante de la grippe espagnole), l’humanité n’offre plus à ses survivants que des individus dénués d’emploi, des F6 : dans l’économie de service, libérale, ces gens roulaient sur l’or ; une fois tout cela renversé, ces gens ne savent rien faire.
Et voilà que le zombie nous ramène à l’Ecclésiaste : tout est vanité. La vie est vaine, et on ne saura même pas la protéger, explique Max Brooks. Le zombie est synonyme de débâcle politique. Hybris, incurie, gabegie, incompétence, quelle qu’en soit la raison, les gouvernements du monde entier échouent à sauver le citoyen. Je pense qu’on retrouve là une image très américaine, républicaine, amoureuse des origines : arme-toi, et débrouille-toi si tu veux sauver ta peau.

Le zombie est américain, et il permet de renouer avec les origines.

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Publication du chapitre II La Genèse (sixième)

CouvertureJe me suis réveillé ce samedi matin avec une bonne surprise : un message m’annonçant la publication du chapitre II du manuel de sixième. Cela aura donc pris moins d’une semaine ! Alléluia !
Ce deuxième chapitre est consacré à la Genèse, au tout début de la Genèse. On commence avec la création du monde pour terminer avec la tour de Babel. Naturellement, ça a été difficile de faire des choix – un véritable crève-cœur – parce qu’avec la Bible, on pourrait imaginer des milliers de chapitres différents. Si l’on n’avait des contraintes de temps ou de programme, j’aurais volontiers suivi la trame narrative du film de John Huston. Cela m’aurait permis d’évoquer Abraham et différentes histoires comme celle de Sodome et Gomorrhe.
De manière générale, je voulais, un peu à la manière de Victor Hugo, présenter la Bible comme un fabuleux recueil d’histoires, de contes, de légendes, etc., montrer des temps immémoriaux où l’homme vivait en compagnie de Dieu avant d’être chassé de l’Éden, un temps où l’homme vivait des centaines d’années, un temps où l’on pouvait rencontrer des géants – les Néphilim – les hommes forts du temps jadis (pour dire la vérité, je les ai oubliés ceux-là).
De toute façon, je pense publier à l’avenir des variantes du chapitre II. Ce seront des chapitres bis. Je pourrais alors en consacrer un à L’Exode, par exemple. Le chapitre II n’est donc pas terminé, et ne le sera jamais, un peu comme les lettres permutant de la Torah.
Reste que je suis vraiment très heureux de poursuivre la publication de ce manuel de sixième, lequel, contrairement à celui de quatrième, voit le jour chapitre après chapitre, progressivement, au fur et à mesure de mes envies, de mes découvertes. Et plus j’avance dans ce travail, plus j’en arrive à la conclusion que le numérique nous permet d’accéder à la beauté des choses. J’en veux pour preuve ce tableau de Brueghel, La tour de Babel, que l’on peut télécharger, pour peu qu’une image de 200 Mo ne vous fasse pas peur. Et même si iBooks Author ne vous permet pas d’afficher une image d’une telle résolution, 5000 pixels par 5000 pixels, sur un iPad, c’est déjà très beau !
Il me reste à vous souhaiter une bonne lecture.
Pendant ce temps-là, j’irai poursuivre ce manuel, qui se poursuivra par la guerre de Troie. Ce sera le chapitre trois (oui, je sais, le jeu de mots est pitoyable).
chapitre-III

Mise à jour
Ce chapitre a connu sa première mise à jour :

  • Corrections d’erreurs (merci infiniment à ceux celles qui me les signalent,
  • Ajout d’illustrations,
  • Ajout d’Extraits du journal d’Adam de Mark Twain.

Je vous recommande tout particulièrement la lecture du texte de Mark Twain.
Bonne lecture .

Téléchargez les manuels (cliquez sur les images) :
couverture4 couverture1 Manuel iTunes Chapitre III

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Un manuel pour iPad, explications en vidéo

Le manuel de sixième (chapitre I) a connu une petite mise à jour. Ont été ajoutés, entre autres, 1 exercice et deux screencasts.
Pour accompagner cette première mise à jour, voici une
petite vidéo exposant les différentes ressources offertes par un manuel numérique.

P.-S. L’heure tardive, un mac vieillissant et soufflant comme un damné ainsi qu’un nez bouché vous inviteront, je l’espère, à l’indulgence. 🙂

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Il doit bien y avoir des hackers chez les littéraires

L’accord sur la numérisation et la diffusion du fond de la BNF, la monétisation qui doit en découler ne laissent pas de m’inquiéter. Cela devrait d’ailleurs inquiéter tout utilisateur d’internet, mais l’enseignant que je suis est doublement inquiet. Il l’est, bien sûr, en tant que citoyen (auquel, par ailleurs, les questions de neutralité, d’accès à la culture importent), il l’est en tant que professionnel de l’éducation.

Voici pourquoi.

Sans Wikipédia, sans Gallica, sans tous ces sites qui donnent accès librement à la littérature, aux illustrations, aux manuscrits, etc., je retourne à ce qui est, pour moi, l’âge de pierre de ma profession : les années 90 où il fallait recopier à la main des textes, des contes entiers, les scanner, utiliser un logiciel de reconnaissance de caractères puis les corriger. Aujourd’hui, cela n’est plus la peine, car il me suffit de copier et de coller un extrait de tel ou tel auteur, de le relire et, éventuellement, de corriger telle ou telle erreur. Je gagne alors un temps précieux. Imaginez le temps qu’il faut pour recopier ne serait-ce qu’un conte de Voltaire !

J’ai trouvé un autre moyen de jouir (professionnellement) de Wikipédia ou Gallica. Ai-je à faire un exercice sur les propositions subordonnées relatives ? Voudrais-je quelques exemples littéraires de bon aloi qui en imposeront davantage que mes petites phrases inventées pour l’occasion ? Vais-je relire des milliers de pages pour trouver le bon exemple littéraire ? Que nenni ! On ouvre, dans Gallica ou Wikipédia une page de Chateaubriand, de Zola ou de n’importe quel auteur, on fait un cmd (ou clic) + f, on tape quelques mots clefs et l’on trouve tout ce que l’on cherche en un clin d’œil. Des centaines de propositions apparaissent surlignées. Combien de temps, d’heures, de jours ai-je gagnés en ayant à ma disposition tout ceci?

Ce temps, entre autres, m’a permis, par exemple, de concevoir des manuels libres et gratuits. D’ailleurs, ces manuels ont vu le jour parce que le partage de la culture, le libre (Aaron Swartz, je te salue au passage) m’ont permis d’accéder à tout un pan de notre culture, celui-là même qui était auparavant enfermé dans les coffres des grandes bibliothèques, oublié, car ne faisant plus l’objet de publication peu rentable, exposé dans des musées lointains ou des collections privées, etc. Privés de tout cela, mes manuels ressembleraient, après en avoir accouché dans la douleur du scanner et de l’OCR, à de vagues et exsangues photocopies dépourvues d’illustrations.

Or Apple m’avait déjà signifié que les mots «libre» et «gratuit» n’étaient pas les bienvenus sur la couverture d’un livre exposé sur son store. Très bien. Faut-il que dorénavant il n’y ait plus rien de libre ni de gratuit ? Que les incunables (vous savez ceux qui sont «antérieurs à 1500». Appréciez la tautologie) soient commercialisés ? bardés de DRM ? Savez-vous ce que cela signifie pour tous ces pays – je pense notamment à certains pays d’Afrique, du Maghreb – qui bénéficient gratuitement et librement de cette somme ?

Bien des fois, lors de l’élaboration de mes manuels, je me suis dit que le droit d’auteur avait été inventé, non pas pour nourrir les ayants droit, mais pour engraisser des éditeurs confisquant des œuvres d’auteurs morts depuis près de cent ans (un vrai conte !). Mais ceux qui le sont depuis un demi-millénaire, faut-il qu’ils le soient également ? Faudra-t-il payer pour les lire ? En ce cas, il faudra faire ce qu’a fait Aaron Swartz, il faudra piller le catalogue et le mettre en ligne. Il doit bien y avoir des littéraires chez les hackers.

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Publication du premier chapitre du manuel de sixième

Couverture du premier chapitre
Voilà une journée qui commence bien !

Apple m’envoie ce matin (ou cette nuit) un message pour me dire que mon livre est désormais disponible sur l’iBookstore. L’année commence donc avec la publication du premier chapitre du manuel de sixième conscré aux fables !

Je ne vous réexplique pas tout. Je ne vous redis pas pourquoi j’écris ce manuel, pourquoi j’ai choisi de le publier dorénavant par chapitre. En revanche, je vous laisse découvrir ce premier chapitre de ce nouveau manuel toujours libre, toujours gratuit.

Vous pouvez le télécharger sur iTunes, sur iTunes U, en PDF ou même retrouver la plupart de son contenu sur Ralentir travaux.

Bonne lecture.