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Marche arrière toute

Yann Houry

J’ai longtemps snobé les réseaux sociaux.

Je détestais en particulier la propension de ses utilisateurs à s’afficher impudiquement, et à raconter et commenter leur vie.

À dire vrai, je ne suis pas persuadé d’avoir beaucoup changé d’avis à ce sujet.

Reste que j’ai fini par m’inscrire.

La raison en est simple. La quasi totalité de mon entourage est sur Facebook, si bien que je me trouvais isolé, refusant ce que tout le monde avait adopté. J’avais un peu le sentiment d’avoir refusé quelque chose comme le téléphone. Alors je me suis inscrit, m’asseyant sur mes beaux principes et faisant fi de mes réticences à confier mes données personnelles sur un site ne m’appartenant pas.

Pour autant, je ne regrette rien. C’est à mettre dans la balance : qu’y gagne-t-on ? Qu’y perd-on ?

Ce que l’on perd, on le sait. En s’inscrivant sur un tel site, on s’interdit de protester contre des fichiers tels Edwige, car on a rempli soi-même sa fiche de la façon la plus exhaustive voulue. Mais ce que l’on gagne, c’est la possibilité de tisser du lien social, de rester en contact, de développer des contacts de façon exponentielle. C’est très bien vu. Comment dire ? C’est un peu comme si un lieu en permanence ouvert s’offrait à vous. Dans ce lieu prendraient place tous vos amis et tous les amis de vos amis, et ainsi de suite. Comme lorsqu’un miroir se réfléchit dans celui d’en face. C’est vertigineux.

Dès lors, je comprends pourquoi afficher complaisamment sa photo est une nécessité. On s’identifie ainsi, cherchant le nom d’abord, le visage ensuite (il y a tant d’homonymes). On rencontre ses amis, ses anciens amis, des gens oubliés, des gens qu’on ne connaît pas, des gens morts également…

Je dois dire, à ce sujet, que cela a été un choc pour moi. En effet, Facebook vous faisant régulièrement des propositions d’amis, le site peut très bien vous renvoyer vers des utilisateurs décédés dont l’inscription n’aurait pas été annulée. C’est troublant qu’un individu se rappelle ainsi à vous !

Quoi qu’il en soit, j’aime beaucoup. Je ne sais pas très bien de quelle façon m’en servir encore. Par exemple, je verrais bien une utilisation à la Twitter, ce site de micro-blogging. Ou alors utilisant Twitter pour ce qu’il est, j’utiliserais Facebook pour ce gai babillage quasi permanent qui fait son charme.

On verra.

Évidemment, si vous voulez que l’on se croise sur Facebook, il faudra vous inscrire.

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