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Humeur Informatique

Logiciels payants et logiciels libres

Kernel Panic J’ai eu récemment quelques soucis avec Mac OS X Lion m’obligeant à procéder à une réinstallation totale du système. C’est ce qu’on appelle faire une clean install. Soit. Désireux de chasser impitoyablement le moindre bug, j’ai évité de réimporter toutes mes petites données via Time Machine. Il a donc fallu tout réinstaller à la main, à l’ancienne : télécharger les logiciels (je ne les garde plus sur un disque externe, il est tellement plus simple de tout retélécharger), les installer, les enregistrer, les activer, et tout le tralala.

J’installe Photoshop Element. Je possède la version 6 de ce logiciel que j’ai acheté il y a quelque temps, soucieux que j’étais de ne plus utiliser une version complète d’un logiciel dépassant mes moyens et intellectuels et financiers (vous voyez ce que je veux dire). J’ai d’ailleurs failli acheter la dernière version de Photoshop Element, mais l’essai de 30 jours que j’ai pu en faire ne m’a que très peu convaincu, et surtout un bug gênant m’a dissuadé de me délester de plus d’une soixantaine d’euros (être enseignant, ça a parfois des avantages), un bug que j’espérais voir disparaître avec ma toute récente réinstallation (d’ailleurs ça m’a rappelé la première installation de Windows XP au début du siècle quand je n’utilisais pas encore Mac OS) : avec un compte non administrateur, certaines palettes d’effets ne s’affichent pas, elles ne fonctionnent donc plus ! J’ai essayé, j’ai repassé mon compte en admin, Photoshop Element fonctionne très bien bien. On peut dire «bien», pas «très bien» : c’est comme ça que ça fonctionne chez Adobe : il y a un bug ? N’espérez pas un correctif ! achetez la prochaine version et priez pour que le bug soit corrigé. Dans le cas qui me préoccupe, les versions 7, 8 et 9 ne changent rien à l’affaire. Photoshop Element veut fonctionner sur un compte admin. Eh bien non ! C’est un principe : je n’utilise pas un compte administrateur !

Du coup, j’utilise Pixelmator que j’ai acheté il y a longtemps déjà et dont je n’ai pas payé une seule mise à jour. Évidemment, une version 2 étant prête à voir le jour, je vais peut-être repasser à la caisse. Cela dit, quand on voit (ce qu’on voit, dirait Coluche) la dernière version de The Gimp, il est permis d’avoir quelques hésitations…

Mais ce qui m’a vraiment exaspéré, lors de cette réinstallation de Mac OS, c’est Parallels Desktop, un logiciel qui permet la virtualisation d’un autre système (vous pouvez installer une distribution Linux ou un Windows sur votre Mac au sein même de Mac OS X). Cette possibilité est apparue avec les processeurs x86 quand Apple a abandonné le Power PC (vous avez déjà émulé Windows, au fait, sur un PowerBook ?). Le premier a avoir publié son programme, ce n’est pas VMWare, qui s’est fait griller la priorité, mais Parallels ! C’est même l’un des premiers logiciels que j’ai acheté pour mon premier MacBook Pro avec processeur Intel en 2006. L’année d’après, j’ai acheté la mise à jour, j’ai donc acheté la version 2, puis la version 3 l’année suivante, et la version 4 l’année d’après. Déjà quelque peu lassé, j’avais freiné des quatre fers, et puis je ne sais plus comment, j’ai tout de même obtenu la version 5 (dans un bundle, je crois). L’année suivante a vu l’apparition de la version 6, et puis plus récemment de la version 7, et si tout se passe bien en 2050, il y aura eu à peu près autant de versions que d’années dans ce cinquantenaire…

Quoi qu’il en soit, je veux réinstaller Parallels Desktop ! Tout d’abord, je constate la difficulté de se procurer la version 5. Heureusement, j’avais tout de même, dans un coin d’un de mes disques durs, gardé une copie. J’installe et l’installateur me propose de télécharger une version plus récente (que j’espère être la 5 pour laquelle j’ai un numéro de série). La chose se passe avec une lenteur qui indique que leurs serveurs ne sont pas consacrés à permettre au client de rapatrier une version ancienne. Au bout d’un temps interminable (et d’un échec), j’installe la chose… et paf ! Incompatibilité avec Lion ! Hein ? Quoi ? Tout ou presque est compatible ou rendu compatible avec Lion, et là non ? Hein ? Quoi ? Sur le site de l’éditeur, on m’apprend que la version 5 restera incompatible avec Lion, cette version qui marchait très bien avec Snow Leopard, et qui – alors vraiment très curieusement – semblait fonctionner avant formatage du disque sur… Lion.

Dépité, je me fais une raison. Je m’apprête à ressortir une énième fois ma carte bleue mon compte Paypal et dépenser plein d’euros, et puis je me suis dit : «Mais quel con ! Pourquoi ne pas télécharger VirtualBox qui est gratuit ?» Dont acte.

Exit Parallels. Ils sont peut-être polis chez Parallels. Dans les mails qu’ils vous adressent pour vous signaler une mise à jour payante, ils ne s’adressent pas à vous en ces termes : «Chère vache à lait, nous sommes heureux de vous annoncer la mise à jour de, etc., etc.)», mais franchement à prendre les gens pour des cons, un jour les cons, ils s’en vont. C’était pourtant bien Parallels Desktop, nettement plus abouti que VirtualBox, mais pour l’utilisation que j’en fais, ça sera suffisant.

Évidemment, je ne suis pas contre les mises à jour ! C’est génial qu’un programme soit actualisé régulièrement. En revanche, on ne va peut-être pas payer la moindre mise à jour dès qu’on change d’icône ou qu’une option cachée est ajoutée ! Pixelmator est apparu en 2007, je n’ai pas déboursé un centime depuis, et pourtant le programme a évolué très régulièrement. Je prendrai très probablement la version 2. Une mise à jour payante tous les quatre ou cinq ans, ce n’est pas l’horreur. Un éditeur canadien fait de même. C’est Druide pour lequel j’ai payé une seule mise à jour sur des dizaines ! Du coup, leur logiciel Antidote est peut-être un peu cher, mais au regard de ce qu’il permet et de la fréquence des mises à jour offertes, je veux bien payer.

Alors je me demandais ce que j’allais faire : passer au tout libre ou rester sur Mac OS (j’ai quand même réinstallé Ubuntu sur une partition). J’aime trop Lion pour m’en passer, mais je me fais cette réflexion : il y a de plus en plus de logiciels libres sur ma machine : Firefox, LibreOffice, VirtualBox, VLC, etc.

Et je me fais ces réflexions : heureusement que le libre promeut des standards qui vous permettent aisément de passer d’un système à l’autre (iWork, c’est bien ! mais uniquement entre Macs, et ne me dites pas qu’on peut «exporter»). Vive LibreOffice ! Il se lance même plus vite que Pages ! Heureusement que des logiciels libres vous permettent de vous affranchir de la voracité commerciale de certains éditeurs (mais tous ne sont pas à mettre dans le même panier, on l’a vu) ! Heureusement qu’un navigateur – Firefox pour ne pas le nommer – vous offre (littéralement) la possibilité d’avoir une réelle vie privée sur internet grâce à de très nombreuses extensions (dont j’ai déjà parlé dans ce billet : Internet tel que je l’utilise). Heureusement que Linux permet à des logiciels d’exister. L’exemple en fera peut-être sourire quelques-uns, mais Aircrack-ng existerait-il sur une autre plateforme que Linux (ne me dites pas que ça existe sur Windows) ?

En somme, il y en a pour tout le monde : pour ceux qui veulent payer beaucoup, tout le temps, à tort et à travers, un peu, parfois, pas du tout. En tout cas, il faudra tout de même observer qu’Apple (au moins de façon logicielle) l’a compris : on veut bien payer, mais pas des sommes exorbitantes (ça dépend aussi du type de programme, je veux bien le comprendre). Mac OS X Lion coûte moins d’une trentaine d’euros, c’est beaucoup, beaucoup moins que Windows. Certains diront : «C’est beaucoup plus qu’Ubuntu» !