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Apprendre à lire et analyser un texte (2)

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Lire et analyser un texte

La Cigale et la Fourmi

Pour commencer, prenons un texte très « simple » et proposons un « commentaire » ou du moins un début de commentaire. Pour cela, vous allez lire le texte et allez ensuite produire un paragraphe développant une idée (celle que vous voulez) portant sur le texte. On entend, par idée, quoi que ce soit qu’on estimera important de dire à propos de ce texte.

La Cigale, ayant chanté
Tout l’Été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la Bise fut venue.
Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau.
Elle alla crier famine
Chez la Fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelque grain pour subsister
Jusqu’à la saison nouvelle.
« Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l’Août, foi d’animal,
Intérêt et principal. »
La Fourmi n’est pas prêteuse :
C’est là son moindre défaut.
« Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle à cette emprunteuse.
— Nuit et jour à tout venant
Je chantais, ne vous déplaise.
— Vous chantiez ? J’en suis fort aise :
Eh bien ! dansez maintenant. »

(Jean de La Fontaine, Livre 1, fable I)

Un peu de méthode

Pour produire ce premier paragraphe, vous pouvez vous aider de ce tableau constitué de trois colonnes. Ces trois colonnes représentent trois niveaux de lecture.

Connotation et dénotation

Leçon 1 Lire et analyser un texte

Quand on lit un texte, il y a plusieurs niveaux de lecture.

Niveau 1 La dénotation

La dénotation est le premier niveau de lecture.

« […] c’est la description objective d’une image ou la narration objective d’un texte, sans ajout, sans retrait, dans un respect total de ce qui est reproduit ou écrit. » (Diversifier & Renouveler les leçons de lecture, p.26 , Maryse Brumont)

Quand on lit un texte, on commence par se demander : « De quoi ça parle ? » Et on peut y répondre en disant : « C’est l’histoire de… ».

C’est un peu comme avec une image. Quand vous la décrivez, vous dites « Je vois ça et ça ». Avec la lecture, c’est pareil. Le premier niveau de lecture, c’est donc un peu dire « Voici ce que je vois ».

Le premier niveau peut correspondre à ceci :

La fable relate l’histoire d’une cigale qui demande à manger à la fourmi. Celle-ci refuse.

Niveau 2 La connotation

« […] c’est le lieu des inférences et de la subjectivité » (op. cit., p.27)

Il existe un deuxième niveau de lecture : la connotation. Le texte dit beaucoup de choses sans les dire. C’est un peu « une machine paresseuse » (Lector in fabula, Umberto Eco) qui veut que vous compreniez les choses mais sans les dire. C’est à vous de les deviner. C’est là, ce n’est pas explicitement dit, mais cela est présent.

La connotation, c’est ce que vous comprenez du texte.

Le deuxième niveau peut donner cela :

La fourmi refuse son aide (refus qui n’est pas exprimé en tant que tel) car la cigale est insouciante. La fourmi se sent supérieure. C’est elle qui interroge : « Que faisiez-vous au temps chaud ? ». C’est elle qui donne les ordres : « Eh bien dansez maintenant ». Elle est même cruelle, et fait preuve d’ironie en reprenant les termes du début. Elle oppose son « j’en suis fort aise » au « fort dépourvue » du début.

Niveau 3 L’interprétation

C’est le dernier niveau de lecture.

« L’interprétation est le troisième niveau de lecture, d’ordre culturel, extérieur au livre ou à l’image. » (op. cit., p.29)

Le texte vous fait penser à un autre texte, une autre œuvre (une photo ou un tableau) ou à tout autre chose (ce peut être quelque chose qui vous est arrivé). Ou encore, vous connaissez l’époque à laquelle il a été écrit. Vous pouvez le relier à un courant esthétique, un mouvement. Vous pouvez enfin penser que le texte nous dit quelque chose sur notre vie ou notre époque.

Pour ce dernier niveau de lecture, nous pouvons dire :

La cigale représente le poète (le chant évoque l’activité poétique. Cf. Ovide et Orphée) et par là même La Fontaine. Elle représente évidemment l’artiste du XVIIe dépendant du bon vouloir d’un mécène. C’est qu’avant la Révolution française, le droit d’auteur n’existe pas. L’artiste est donc dans une position d’infériorité sociale. On y lit aussi la primauté de l’art sur le travail (penser à Rimbaud dans *Une Saison en enfer* : « La main à plume vaut la main à charrue. »).

À retenir

Il convient de remplir chacune des cases du tableau afin de bien comprendre le processus de l’analyse qui se construit en passant du niveau 1 à 3.

Connotation et dénotation

Lorsque les contenus des trois colonnes sont dûment alimentés avec pertinence et sont disposés en trois paragraphes avec alinéas, et pour peu que l’on conclue par une opinion personnelle, on obtient un commentaire ordonné du type baccalauréat.

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