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La versification 1 (introduction)

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I - Le mètre

Il est défini par le nombre des syllabes (1). Ainsi l’alexandrin est un vers de douze syllabes :

Il se faut entraider, // c’est la loi de nature

Le mètre est donc le type de vers.
S’il ne compte qu’une syllabe, c’est un monosyllabe ; deux, c’est un dissyllabe ; trois, trisyllabe, etc.

II - Le compte des syllabes

1. Le e muet

Le e, très mal dit « muet », est l’un des seuls véritables points d’achoppement dans le calcul des syllabes d’un vers. La diction quotidienne a tendance à « manger » les e, soit à la fin d’un mot (2) soit au milieu d’un mot (3) : « Ell’ m’pass’ le cur’dent » (au lieu de « Elle me passe le cure-dent »).

Quand vous lisez un vers, vous devez faire très attention aux e muets : il faut les dire et donc les compter, tous sauf le dernier du vers. Le e final d’un vers ne compte jamais :

Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne

Le e de campagne ne compte pas. Le mot compte donc pour deux syllabes cam-pagne (et non cam-pa-gne).

Il reste alors deux cas à étudier : soit le e est devant un mot commençant par une consonne, soit le e est devant un mot commençant par une voyelle.

Le e devant consonne

Si, dans un vers, un mot se terminant par un e est suivi d’un autre mot commençant par une consonne, alors ce mot comptera une syllabe supplémentaire. En effet, devant une consonne, le e sera prononcé et compté, et formera donc une syllabe.

J’ai vu fondre la neige (J’ai vu fon-dre la neige)

Le mot « fondre » compte pour deux syllabes (« fon » et « dre »), le e final du mot se trouvant devant un mot (« la ») commençant par une consonne (le « l »).

Le e devant voyelle

Si un mot se terminant par un e est suivi d’un mot commençant par une voyelle, alors le e ne comptera pas.

L’opaque obscurité fermait le ciel béant ;

Le mot « opaque » est suivi d’un mot commençant par une voyelle (« obscurité »). « opaque » compte alors pour deux syllabes « o-paque »
attention Le e d’« opaque » s’élide (il disparaît) si bien qu’on dit le vers ainsi : « L’o-pa-quo-bscu-ri-té ».

2. La diérèse

En français, généralement, un groupe de voyelles est prononcé en une seule fois, donc en une seule syllabe : on dit violon (vio-lon) et non vi-o-lon ou encore lion (et non li-on).

Il arrive que, dans un vers, une suite de voyelles soit prononcée en deux syllabes. C'est ce qu'on appelle la diérèse.

La diérèse est d’ailleurs à l’origine d’un fameux jeu de mots que l’on trouve dans bien des hôtels appelés Au lion d’or. Ce jeu de mots, si l’on fait la diérèse, donne Au li-on d’or soit Au lit on dort.

Bref, pour avoir le nombre voulu de syllabes, il n’est pas rare qu’on trouve une diérèse dans un vers :

Parmi des flots d’écumes un monstre fu-ri-eux

Prononcer fu-ri-eux au lieu de fu-rieux permet d’avoir une syllabe supplémentaire et donc un alexandrin.

Voici quelques autres exemples

Il était morne et soucieux (Musset)

Soyons femme d’Horace, ou sœur des Curiaces (Corneille)

3. Les licences poétiques

La licence poétique est la liberté que donnent les règles de la poésie de modifier l’orthographe d’un mot.

Pour avoir un nombre de syllabes précis, on peut écrire « encor » au lieu de « encore » :

Un Animal paît dans nos prés,
Beau, grand ; j’en ai la vue encor toute ravie

En écrivant « encor » sans e, on perd une syllabe (« en-co-re » devant consonne faisant trois syllabes).

Notes :

1 - La poésie française n’est pas fondée sur la quantité ou la qualité des syllabes. On ne doit donc pas parler de pied.
2 - C’est ce qu’on appelle l’apocope (suppression d’une lettre ou de syllabes à la fin d’un mot).
3 - C’est ce qu’on appelle la syncope (suppression d’une lettre ou d’une syllabe à l’intérieur d’un mot).

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