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Les paroles rapportées (Troisième)

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Quand on a compris que le terme discours était polysémique, on gagne à parler de discours direct ou indirect et non plus de paroles rapportées. On réalise ainsi une économie de mots appréciable : il est en effet trop long de dire paroles rapportées directement ; discours direct est plus simple.
Bien sûr, on prendra garde de ne pas confondre le discours narratif, descriptif, etc. avec le discours direct, indirect, etc.

On gagnera en clarté également à faire un peu de tri dans tous les types de discours que nous allons évoquer. On recense d’une part le discours direct, d’autre part le discours indirect et indirect libre et enfin le discours narrativisé que l’on appelle souvent le récit de paroles pour simplifier. Mieux encore on mettra le discours direct dans la catégorie du discours rapporté, tandis que le discours indirect et indirect libre seront placés dans la catégorie du discours transposé. L’on verra ensuite que le discours narrativisé constitue une troisième catégorie.

Il est possible de se rafraîchir la mémoire en relisant le cours de l’an dernier portant uniquement sur le discours direct et indirect.

I — Le discours direct

Il s’agit d’un discours rapporté : quelqu’un (le narrateur ou un locuteur quel qu’il soit) rapporte les paroles de quelqu’un d’autre (d’un personnage ou d’un individu quelconque).

Il disait à haute voix : « Ne fuyez pas, couardes et viles créatures, car c’est un seul chevalier qui vous attaque. » (Cervantès, Don Quichotte)

L’énoncé du personnage est rapporté (fidèlement en principe) tel qu’il a été prononcé par le narrateur. Le verbe introducteur — correspondant généralement à un verbe de parole — a la charge d’introduire les paroles du personnage (voir l’exemple ci-dessus : « Il disait »).

De plus, le discours direct reproduit les intonations de la parole (phrase exclamative), les interjections (« Ah »). Le discours imite la parole telle qu’elle a été prononcée :

« Ah, fait-il, chère femme, vraiment Dieu rend bien au double, car Blérain revient avec une autre vache, une grande vache brune. Nous en avons maintenant deux au lieu d’une, notre étable sera bien petite ! »

II — Le discours indirect

a) Le discours indirect

Contrairement au discours direct, le discours indirect relève de la traduction. Il y a transformation, transposition — selon un certain nombre de règles — de la parole rapportée. C’est pourquoi on parle de discours transposé :

Passons du discours direct au discours indirect avec l’exemple suivant :

Discours direct : « C’est un objet de petite taille, dit-il. Cela semble être du verre… Laisse-moi donc regarder. » (Pierre Boulle, La Planète des singes)

Discours indirect : Il dit que c’était un objet de petite taille, que cela semblait être du verre et que je devais le laisser regarder.

Les paroles ne sont plus rapportées telles qu’elles ont été dites, mais sont transposées, transformées.

Elles sont comme insérées dans une proposition subordonnée introduite par la conjonction de subordination « que » (l’on verra que cela peut être « si » ou « de »). La proposition subordonnée est dépendante d’une principale dans laquelle on trouvera, comme au discours direct, un verbe introducteur (« Il demande que… », « Elle veut savoir si… »).

D’autres changements interviennent : le temps, le type de phrase, les pronoms personnels ou les déterminants, mais aussi certains adverbes :

Discours direct : « Ah, fait-il, chère femme, vraiment Dieu rend bien au double, car Blérain revient avec une autre vache, une grande vache brune. Nous en avons maintenant deux au lieu d’une, notre étable sera bien petite ! »

Discours indirect : Il déclara à sa femme que Dieu rendait vraiment au double, car Blérain revenait avec une autre grande vache brune, qu’ils en avaient deux au lieu d’une à présent, et que leur étable serait bien petite.

Le changement des temps est réglé par la concordance des temps. Si le temps de la phrase principale est au passé, le temps de la proposition subordonnée (les paroles rapportées) change : le présent se transpose en imparfait, le passé composé en plus-que-parfait, le futur en conditionnel. Le mode impératif se transforme en infinitif précédé de la préposition « de ».

Une phrase interrogative ou exclamative perd son intonation quand elle est subordonnée au discours indirect.

Les pronoms personnels changent (« nous » devient « ils ») ; donc les déterminants changent également « notre » devient « leur »).

L’adverbe « maintenant » n’a pas été conservé car le moment de l’énonciation n’est pas celui de du discours rapportant cette parole. En d’autres termes, leur « maintenant » n’est pas le nôtre. Pour cette raison, les adverbes de temps tels que « hier », « aujourd’hui » et « demain » sont transposés en « la veille », « ce jour-là » et « le lendemain ».

Toutefois, on gardera bien à l’esprit que le discours indirect n’est pas une traduction fidèle du discours direct. C’est une autre manière de rapporter les paroles d’un personnage. Pour cette raison, on n’a pas gardé le verbe « faire » ressenti comme familier ; l’interjection « Ah ! » ou encore les répétitions typiques de l’oral (« une autre vache, une grande vache brune ») ne peuvent être conservées.

b) Le discours indirect libre

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