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Des temps démodés

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Si le subjonctif a quatre temps, on n’en utilise en réalité que deux. L’imparfait et le plus-que-parfait ont été pour ainsi dire abandonnés. Seuls le présent et le passé sont encore utilisés. On peut donner quelques raisons à cela.
La manipulation du subjonctif n’est pas toujours aisée. J’ai souvenir d’un film dans lequel un homme tentait de s’imposer à la cour ; alors qu’il s’y trouvait, il tenta de placer un subjonctif qui aurait été du plus bel effet. Malheureusement, sa connaissance de la conjugaison étant approximative, il se trompa et fut la risée de tous.
Par ailleurs, le subjonctif imparfait est devenu vieilli, excessivement complexe voire artificiel, pire ! ridicule. « La Complainte amoureuse » d’Alphonse Allais le prouve :

Ah! fallait-il que je vous visse,
Fallait-il que vous me plussiez,
Qu’ingénument je vous le disse
Qu’avec orgueil vous vous tussiez ;
Fallait-il que je vous aimasse
Que vous me désespérassiez
Et qu’en vain je m’opiniâtrasse
Et que je vous idolâtrasse
Pour que vous m’assassinassiez !

Claude Gagnière dans Pour tout l’or des mots montre bien que le subjonctif imparfait peut avoir un sens ambigu :

Nous regretterions que mesdames les hétaïres pétassent plus haut que leur minijupe !
Docteur, ma femme est clouée au lit, je souhaiterais que vous la vissiez.

L’auteur de Pour tout l’or des mots rapporte également cette anecdote de Fernand Vanderem :
« Un soir, entre autres, Mme Aubernon nous avait soumis ce problème, vraisemblablement inspiré du sonnet d’Arvers : « Une femme peut-elle être aimée d’un homme sans soupçonner son amour ? » Sujet piteux au possible qui avait accompli le plus brillant tour de table quand, revenant à Mme Aubernon, il obtint d’elle cette formule de conclusion : « Eh bien, moi, quand j’étais tout petite fille, un vieux général m’a aimée deux ans sans que je le susse ! »
Toutes les têtes s’inclinaient d’un coup sous l’effroi du fou rire, lorsque, par bonheur, Mme Aubernon ajouta : « N’est-ce pas que c’est drôle ? »

Le subjonctif imparfait, sans même parler du plus-que-parfait, n’est plus utilisé. Trop compliqué à conjuguer, il demande une maîtrise de la concordance des temps, notion sur laquelle nous n’insisterons pas dans le présent cours. Ambigü, il prête parfois à rire comme les exemples de Claude Gagnière le montrent.

En revanche, il a un fort potentiel comique s’il est utilisé à bon escient. On l’a vu avec l’exemple de Lacretelle cité plus haut.

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