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Les subordonnées conjonctives circonstancielles

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Se rafraîchir la mémoire

Si les notions de proposition voire de phrase (simple vs complexe) sont un peu anciennes pour vous, il est possible de se rafraîchir la mémoire en consultant l’un de ces cours :

Sinon faites directement les deux exercices ci-dessous.

Exercice d’observation

Les exercices ci-dessous vont nous permettre de faire le point sur les différents types de proposition.

Pour chaque exercice, relevez les propositions. Tâchez d’identifier au minimum :

Exercice 1

J’ai ouï dire que la seule invention des bombes avait ôté la
liberté à tous les peuples de l’Europe. Les princes ne pouvant plus confier la garde des places aux bourgeois, qui, à la première bombe, se seraient rendus, ont eu un prétexte pour entretenir de gros corps de troupes réglées, avec lesquelles ils ont, dans la suite, opprimé leurs sujets.
Tu sais que, depuis l’invention de la poudre, il n’y a plus de places imprenables ; c’est-à-dire, Usbek, qu’il n’y a plus d’asile sur la terre contre l’injustice et la violence.
Je tremble toujours qu’on ne parvienne, à la fin, à découvrir quelque secret qui fournisse une voie plus abrégée pour faire périr les hommes, détruire les peuples et les nations entières.
Tu as lu les historiens : fais-y bien attention ; presque toutes les monarchies n’ont été fondées que sur l’ignorance des arts, et n’ont été détruites que parce qu’on les a trop cultivés. L’ancien empire de Perse peut nous en fournir un exemple domestique.

Lettres persanes, lettre 105

Exercice 2

Car, enfin, défaites-vous des préjugés : que peut-on attendre de l’éducation qu’on reçoit d’un misérable, qui fait consister son honneur à garder les femmes d’un autre, et s’enorgueillit du plus vil emploi qui soit parmi les humains ; qui est méprisable par sa fidélité même, qui est la seule de ses vertus, parce qu’il y est porté par envie, par jalousie et par désespoir ; qui, brûlant de se venger des deux sexes, dont il est le rebut, consent à être tyrannisé par le plus fort, pourvu qu’il puisse désoler le plus faible ; qui, tirant de son imperfection, de sa laideur et de sa difformité, tout l’éclat de sa condition, n’est estimé que parce qu’il est indigne de l’être ; qui enfin, rivé pour jamais à la porte où il est attaché, plus dur que les gonds et les verrous qui la tiennent, se vante de cinquante ans de vie dans ce poste indigne, où, chargé de la jalousie de son maître, il a exercé toute sa bassesse ?

Lettres persanes, lettre 34


Leçon

1. Les différents types de propositions subordonnée conjonctives

Une proposition subordonnée peut être relative (1) ou conjonctive.

Une proposition subordonnée est appelée conjonctive, car elle est introduite par une conjonction de subordination. Il s’agit des mots que (2) (et de tous ceux composés avec que : dès que, aussitôt que, bien que, quoique, tant que, pour que, parce que, puisque, alors que, etc. ainsi que les mots si, quand et comme).

On distingue deux types de proposition subordonnée conjonctive :

  1. Les complétives
  2. Les circonstancielles

Les complétives, comme leur nom l’indique, complète un verbe à la manière d’un COD et sont introduites par la conjonction de subordination que : Je veux que tu finisses ton assiette, Il pense que c’est un peu tôt (3).

Les circonstancielles, comme les compléments circonstanciels, expriment les circonstances (4) telles que le temps, la cause, le but, la conséquence, la comparaison et la concession.

2. Les différents types de circonstances

La notion de circonstance est parfois un peu vague à saisir voire à indentifier (5). Toutefois, comme on l’a vu ci-dessus, on discerne :

a - Les conjonctions de subordination exprimant :

b - Exemples :


Exercices

Exercice 1

Relevez toutes les propositions subordonnées dans cet extrait du Rouge et le Noir.

Madame de Rênal, fort timide, et d’un caractère en apparence fort inégal, était surtout choquée du mouvement continuel, et des éclats de voix de M. Valenod. L’éloignement qu’elle avait pour ce qu’à Verrières on appelle de la joie, lui avait valu la réputation d’être très fière de sa naissance. Elle n’y songeait pas, mais avait été fort contente de voir les habitants de la ville venir moins chez elle. Nous ne dissimulerons pas qu’elle passait pour sotte aux yeux de leurs dames, parce que, sans nulle politique à l’égard de son mari, elle laissait échapper les plus belles occasions de se faire acheter de beaux chapeaux de Paris ou de Besançon. Pourvu qu’on la laissât seule errer dans son beau jardin, elle ne se plaignait jamais.
C’était une âme naïve, qui jamais ne s’était élevée même jusqu’à juger son mari, et à s’avouer qu’il l’ennuyait. Elle supposait sans se le dire qu’entre mari et femme il n’y avait pas de plus douces relations. Elle aimait surtout M. de Rênal quand il lui parlait de ses projets sur leurs enfants, dont il destinait l’un à l’épée, le second à la magistrature, et le troisième à l’église. En somme elle trouvait M. de Rênal beaucoup moins ennuyeux que tous les hommes de sa connaissance.

Exercice 2

Relevez uniquement les propositions subordonnées circonstancielles dans cet extrait de Surveiller et punir de Michel Foucault puis dans la préface des Misérables de Victor Hugo.

De petites justices et des juges parallèles se sont multipliés autour du jugement principal : experts psychiatres ou psychologues, magistrats de l'application des peines, éducateurs, fonctionnaires de l'administration pénitentiaire morcellent le pouvoir légal de punir ; on dira qu'aucun d'entre eux ne partage réellement le droit de juger [...]. Mais dès lors que les peines et les mesures de sûreté définies par le tribunal ne sont pas absolument déterminées, du moment qu'elles peuvent être modifiées en cours de route, du moment qu'on laisse à d'autres qu'aux juges de l'infraction le soin de décider si le condamné « mérite » d'être placé en semi-liberté ou en liberté conditionnelle, s'ils peuvent mettre un terme à sa tutelle pénale, ce sont bien des mécanismes de punition légale qu'on met entre leurs mains et qu'on laisse à leur appréciation : juges annexes, mais juges tout de même.

Tant qu’il existera, par le fait des lois et des mœurs, une damnation sociale créant artificiellement, en pleine civilisation, des enfers, et compliquant d’une fatalité humaine la destinée qui est divine ; tant que les trois problèmes du siècle, la dégradation de l’homme par le prolétariat, la déchéance de la femme par la faim, l’atrophie de l’enfant par la nuit, ne seront pas résolus ; tant que, dans de certaines régions, l’asphyxie sociale sera possible ; en d’autres termes, et à un point de vue plus étendu encore, tant qu’il y aura sur la terre ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas être inutiles.

Exercice 3

Dites quelle circonstance est exprimée dans les phrases ci-dessous.


Évaluation

Relevez trois propositions (6 points)

Relevez trois propositions subordonnées : l’un relative, l’une complétive et l’autre circonstancielle.

Julien faisait durer son récit, et parlait de la vie malheureuse qu’il avait menée depuis son départ de Verrières. Ainsi, se disait madame de Rênal, après un an d’absence, privé presque entièrement de marques de souvenir, tandis que moi je l’oubliais, il n’était occupé que des jours heureux qu’il avait trouvés à Vergy. Ses sanglots redoublaient. Julien vit le succès de son récit. Il comprit qu’il fallait tenter la dernière ressource : il arriva brusquement à la lettre qu’il venait de recevoir de Paris. (Stendhal)

Les propositions subordonnées circonstancielles (14 points)

Relever les propositions subordonnées circonstancielles et donnez la circonstance exprimée.

Quoiqu’il soit ultra et moi libéral, je l’en loue. (Stendhal)

S'il avait pu en tenir un au coin d'une rue, dans l'ombre bien noire, il lui aurait tordu le cou, ma foi, sans scrupule, comme il faisait aux volailles des paysans, aux jours de grandes manœuvres. (Guy de Maupassant)

Je vous fais part de ce détail afin que vous ne vous fassiez pas d’illusions sur ce qui vous attend dans l’état de prêtre. Si vous songez à faire la cour aux hommes qui ont la puissance, votre perte éternelle est assurée. (Stendhal)

Chaque fois qu’on me jette le nom de mon père au visage, j’éprouve une brûlure par tout le corps. Quand je passe et que les gamins crient : Eh ! la Chantegreil ! Cela me met hors de moi ; je voudrais les tenir pour les battre. (Émile Zola)

Notes :

1 - Lire le cours sur la proposition subordonnée relative.
2 - Attention ! « que » peut aussi bien être un pronom relatif (comme dans « Il m’a rendu le livre que je lui avais prêté »). Il peut aussi être pronom interrogatif (« Que voulez-vous ? »). Il peut encore, comme on le voit dans cette leçon, être conjonction de subordination (« Je pense que ce livre n’était vraiment pas terrible »). Apprenez à les différencier en regardant la vidéo Le mot « que », qu’est-ce que c’est ?. Vous pouvez aussi vous entraînez à différencier le pronom relatif de la conjonction de subordination en faisant cet exercice.
3 - Certaines complétives ont un fonctionnement plus complexe :
- Les complétives dépendant d’une construction verbale attributive : Il est vrai que, Il est dommage que, Il est probable que : Il est vrai que c’était la nuit.
- Les complétives dépendant d’un présentatif : em>C’est que Max est un véritable bandit.
- Les complétives placées en tête de phrase : Qu’il vienne m’étonnerait beaucoup (= Cela m’étonnerait qu’il vienne).
4 - C’est-à-dire les circonstances dans lesquelles un fait se produit et qui permettent d’en comprendre la réalisation.
5 - L’identification d’une circonstance n’est pas toujours aisée et il est souvent permis d’hésiter :
- Tandis que son père avait donné son accord, sa mère persistait à refuser. (temps ou opposition ?)
- S’il vient, on le reçoit généralement bien. (condition ou temps ?)
- Bien qu’il ait très faim, il s’obstine à ne pas manger (opposition ou concession ?)
6 - L’expression malgré que est jugée incorrecte. Elle est toutefois utilisée par de grands écrivains.

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