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La Thénardier

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Lecture analytique d'un extrait des Misérables de Victor Hugo

On retrouve, dans ce portrait, toutes les caractéristiques que nous avons identifiées précédemment.

« grande, blonde, rouge, grasse, charnue, carrée, énorme et agile » est une suite d’épithètes séparées par des virgules. Seules les deux dernières sont coordonnées. C’est ce qu’on appelle une énumération. Les deux premières épithètes peuvent paraître mélioratives (« grande, blonde ») ; la suite révèle que l’énumération est plutôt péjorative (« rouge, grasse, charnue, carrée »). Les deux dernières sont quelque peu contradictoires (« énorme et agile »), l’agilité s’opposant à l’énorme masse de Mme Thénardier. Une métaphore est utilisée la pour représenter : « une souris au service d’un éléphant ».

Comme tous les monstres (pensez à Dracula : mort et vivant, livide et plein de vitalité, homme et animal), elle est la réunion de contradictions. C’est exactement ce qu’exprime la comparaison « Cette Thénardier était comme le produit de la greffe d’une donzelle sur une poissarde » ou « la mijaurée sous l’ogresse ». Il y a chez cette femme quelque chose de génétiquement monstrueux.

Les monstres dont nous avons jusqu’à présent étudié les portraits étaient des créatures étranges, surnaturelles (irréelles, disent certains élèves). Ils se caractérisaient par la leur laideur physique et leur capacité à faire peur (pensez aux cyclopes, au minotaure...) . Or cette femme décrite par Victor Hugo est un monstre en ceci qu’elle est laide (voir l’affirmation qui clôt la description : « Au repos, il lui sortait de la bouche une dent ») et qu’elle est méchante. « C’est le bourreau », dit l’auteur. Le bourreau, faut-il le rappeler, est celui qui torture ou qui donne la mort. Pensez au bourreau Samson et au supplice de Damiens, régicide torturé et écartelé.

C’est entre les mains de cette femme que Fantine, la mère de Cosette, a confié sa fille. De nos jours, le monstre est un individu, un être humain, qui comme l’indiquent les deux autres énumérations, impose son humeur (le privilège des grands animaux, dirait Albert Camus) : « le logis, les lits, les chambres, la lessive, la cuisine, la pluie, le beau temps, le diable » et fait trembler « les vitres, les meubles et les gens ». Chacune de ces énumérations s’achève sur un élément qui provoque l’étonnement (« le diable », « les gens »).

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