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La syntaxe des propositions subordonnées relatives et conjonctives

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Avant de commencer, testons vos connaissances avec un petit quiz.

Vrai ou faux ?

  1. Une proposition contient toujours un verbe conjugué.
  2. La proposition subordonnée relative dans « Ô vie qui aspire le soleil matinal » est « qui ».
  3. « dont » est un pronom relatif.
  4. Une proposition subordonnée conjonctive commence par une conjonction de subordination.
  5. Un pronom relatif a une fonction.
  6. Une proposition peut aussi être juxtaposée ou coordonnée.

Réviser

Si les notions de proposition voire de phrase (simple vs complexe) sont un peu anciennes pour vous, il est possible de se rafraîchir la mémoire en consultant l’un de ces cours. Ce sont des cours destinés aux collégiens, mais ils vous permettront de réviser les notions de base.

I - Trouver la proposition subordonnée relative

Prenons la première strophe du poème de Ronsard « Mignonne, allons voir si la rose » :

Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu cette vêprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vôtre pareil.

Cette strophe est composée d’une longue phrase qui s’étend sur l’ensemble des vers. On remarque d’ailleurs le point à la fin du sizain (nom donné à une strophe de six vers). C’est une phrase complexe qui contient donc plusieurs propositions.

À ce propos, rappelons qu’il y a, dans une phrase complexe, autant de propositions que de verbes conjugués. Il y en a trois (« allons », « avait déclose », « a perdu »). Il y a donc trois propositions.

L’une d’elle est une proposition subordonnée relative :

Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu cette vêprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vôtre pareil.

II - À quoi reconnaît-on une proposition subordonnée relative ?

Une proposition subordonnée relative est

  1. Introduite par un pronom relatif. C’est pour cela qu’on l’appelle relative (« -ve » au féminin).
  2. Elle est subordonnée en ceci qu’elle est dépendante d’une autre proposition dite principale.
  3. On dit que c’est une proposition parce qu’elle contient un verbe conjugué. C’est un peu comme une phrase. D’ailleurs, rappelons qu’une phrase simple est aussi appelée proposition indépendante.

La proposition subordonnée relative est donc « Qui ce matin avait déclose / Sa robe de pourpre au Soleil ».

  1. Elle est introduite par un pronom relatif (« qui »),
  2. Elle est dépendante d’une autre proposition (« Mignonne, allons voir si la rose »).
  3. Elle contient bien un verbe conjugué (« avait déclose »).

III - Comment a-t-on fait pour la trouver ?

Trouver une proposition subordonnée relative est très simple. Puisque l’on sait qu’elle commence par un pronom relatif, il suffit de connaître les pronoms relatifs. Vous les apprenez et quand vous en trouvez un, vous savez que vous avez une proposition subordonnée relative (1).

En revanche, il peut être plus délicat de savoir où elle s’arrête. Dans notre exemple, notre proposition coupe le sujet et son verbe : « [•••] allons voir si la rose [...] A point perdu cette vêprée, etc. ».

Mais pour être certain de bien relever la totalité de la proposition subordonnée relative, reprenons chacun des éléments qui composent la proposition.

1. Le pronom relatif

On a vu qu’une proposition subordonnée relative commençait par un pronom relatif.

Les principaux pronoms relatifs sont :

qui, que, quoi, dont, .

Parmi les pronoms relatifs, on trouve également le pronom lequel qui, contrairement aux autres, s’accorde en genre et en nombre : laquelle, lesquels, lesquelles.

Par ailleurs, le pronom lequel se combine avec diverses prépositions comme à ou de, etc. : à laquelle, auquel, de laquelle, duquel, etc.

Le pronom relatif cumule plusieurs rôles :

  1. Il introduit, on le sait à présent, la proposition subordonnée.
  2. Il a un antécédent, c’est-à-dire qu’il reprend un nom, un groupe nominal ou un autre pronom. Ici, si on se demande « Qui avait déclose / Sa robe de pourpre ? », on sait qu’il s’agit de « la rose ». Le groupe nominal « la rose » est donc l’antécédent de « qui ».
  3. Il a une fonction. Ainsi, « qui » est sujet du verbe « avait déclose ».

2. Une proposition complète

Puisque la proposition subordonnée est une... proposition, elle contient un verbe conjugué. Mais gardez absolument à l’esprit que si la proposition contient un verbe conjugué alors elle a aussi un sujet, mais elle peut avoir aussi différents compléments comme un complément d’objet ou un complément circonstanciel, etc.

C’est précisément le cas de notre exemple :

Qui ce matin avait déclose
Sa robe de pourpre au Soleil

La proposition subordonnée relative n’est ni plus ni moins qu’une phrase dans la phrase ! Donc déroulez-la à partir de son sujet : « qui » est le sujet de la proposition. Son verbe est « avait déclose ». Le verbe a un complément d’objet (elle avait déclose quoi ? « Sa robe de pourpre ») et remarquez enfin qu’on a deux compléments circonstanciels (« ce matin » et « au soleil »).

3. Une proposition qui s’insère dans la phrase principale

Afin d’être sûr de bien trouver la proposition subordonnée, il faut comprendre la structure de la phrase dans laquelle la proposition s’insère.

En fait, il faut discerner les différents blocs qui composent la phrase qu’on dit être complexe parce qu’elle contient d’autres propositions. Dans notre exemple, la proposition subordonnée relative est dite en incise, car elle coupe (comme une incision) une autre proposition.

Imaginez les propositions un peu comme des poupées russes qui s’emboîtent les unes dans les autres.

Pour bien le comprendre, imaginons une version plus simple du poème.

Allons voir si la rose qui ce matin avait déclose sa robe de pourpre au soleil a point perdu les plis de sa robe pourprée, et son teint au vôtre pareil.

Et pour simplifier encore nos explications, considérons simplement le groupe nominal « la rose ». Ce groupe est immédiatement suivi d’une proposition subordonnée relative qui sépare ce groupe nominal de son verbe (« a point perdu »). On a donc une proposition dans une proposition (puisque « si la rose qui ce matin, etc. » est elle-même une proposition dépendante de « Allons voir »).

IV - Les différents types de propositions subordonnées relatives

De très nombreux propositions subordonnées relatives sont introduites par un pronom relatif qui fait le lien (on peut même dire la relation) entre la proposition et l’antécédent. Prenons un nouvel exemple chez Du Bellay :

Seigneur, je ne saurais regarder d'un bon œil
Ces vieux singes de cour, qui ne savent rien faire, [...]

La proposition subordonnée relative « qui ne savent rien faire » est introduite par le pronom relatif « qui » et ce « qui » est mis pour « Ces vieux singes de cour » (n’ayez pas peur de vous poser l’affreuse question « C’est qui qui ? »). L’antécédent de « qui » est donc un groupe nominal. Et d’ailleurs, on dit souvent qu’un pronom, étymologiquement, ça reprend un nom !

Mais ce n’est pas toujours vrai !

Dans cet autre exemple emprunté à Du Bellay, on voit que le pronom relatif a pour antécédent... un adjectif qualificatif !

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage

Et même, parfois, le pronom relatif ne reprend rien du tout. C’est le cas des propositions subordonnées relatives que l’on appelle substantives et qui sont très fréquentes dans les proverbes :

Qui m’aime me suive.
Qui vivra verra.
Qui va à la chasse perd sa place.

V - Quelle est la différence entre une proposition subordonnée relative et une proposition subordonnée conjonctive ?

Il ne faut pas confondre les propositions subordonnées relatives et les propositions subordonnées conjonctives.

Pourtant, la confusion est possible si l’on ne se rappelle pas que le mot « que » peut avoir plusieurs natures. Pour le comprendre, prenons deux phrases contenant deux propositions toutes deux introduites par le mot « que ».

Voici un premier extrait d’un poème de Paul Verlaine :

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime [...]

Et un deuxième de Théodore de Banville :

Moi qui vous aime encor, je sais que votre voix
Est vivante, et vos fronts célestes, je les vois !

Dans lequel pensez-vous que nous avons une proposition subordonnée relative ?

Il s’agit du premier extrait. En effet, dans cet extrait, la proposition « que j’aime » est relative. Le mot « que » est un pronom relatif dont l’antécédent est « une femme inconnue ». Ce pronom est COD (« j’aime quoi ou qui ? » = « une femme inconnue »).

Dans le deuxième extrait, « que » n’a aucun antécédent. Il ne reprend rien. Il sert juste à introduire la proposition subordonnée qui complète le verbe « savoir » (« je sais quoi ? » ➝ « je sais que votre voix est vivante »). On appelle ce type de proposition subordonnée une proposition subordonnée complétive, car elle complète le verbe à la manière d’un COD.

1. Une proposition introduite par « que »

Une proposition subordonnée complétive est introduite par une conjonction de subordination. Il existe de nombreuses conjonctions de subordination, mais nous verrons cela l’année prochaine avec les propositions subordonnées conjonctives circonstancielles.

Pour le moment, il suffit de retenir que la proposition subordonnée conjonctive qui nous intéresse est introduite par la conjonction de subordination « que ».

En voici un exemple :

Le plus vieux des chasseurs qui s’étaient mis en quête
A regardé le sable en s’y couchant ; Bientôt,
Lui que jamais ici on ne vit en défaut,
A déclaré tout bas que ces marques récentes
>Annonçait la démarche et les griffes puissantes
>De deux grands loups-cerviers et de deux louveteaux.

2. Une proposition complétant un verbe

De manière générale, on peut retenir que les propositions subordonnées conjonctives ont un fonctionnement proche du COD. C’est pour cette raison qu’on les appelle aussi des complétives. C’est parce qu’elles complètent un verbe.

Vous devez donc tâcher de repérer le verbe de la proposition dans laquelle elle s’enchâsse. Dans notre exemple, il s’agit du verbe « a déclaré ». Son sujet est « Lui que jamais ici on ne vit en défaut », qui est un sujet commençant par le pronom personnel « lui », lequel est complété par une proposition subordonnée relative (« que jamais ici on ne vit en défaut »).

On peut se poser la question suivant : « Lui [...] a déclaré quoi ? ».

La réponse est « que ces marques récentes / Annonçait la démarche et les griffes puissante, etc. ».

En fait, la proposition subordonnée conjonctive dite complétive a un fonctionnement très binaire composé d’un verbe transitif (par exemple « voir ») et d’un complément (on voit quelque chose) : « J’ai vu que tu faisais ceci ou cela ».

3. Une proposition... complète

Gardez absolument à l’esprit qu’une proposition contient au moins un verbe conjugué (dans l’exemple plus haut, « annonçait »). De fait, ce verbe possède un sujet et en l’occurrence des compléments. Assurez-vous donc, quand vous la relevez, de n’oublier aucune partie de la proposition subordonnée conjonctive.

Les autres types de propositions conjonctives

Toutes les propositions subordonnées conjonctives complétives ne complètent pas un verbe (même si ce sont de loin les plus fréquentes). D’autres ont un fonctionnement plus complexe. C’est le cas des

Il est vrai que Charles Hugo n’a pas économisé sa vie. Il est vrai qu’il l’a prodiguée. À quoi ? Au devoir, à la lutte pour le vrai, au progrès, à la république. (Actes et paroles, Victor Hugo)

C’est que là-haut, au fond du ciel mystérieux,
Dans le soir, vaguement splendide et glorieux,
Vénus rayonne, pure, ineffable et sacrée,
Et, vision, remplit d’amour l’ombre effarée.
(« Vénus » de Victor Hugo)

Exercices

Exercice 1

Relevez les propositions subordonnées relatives.

Texte 1

Pour adoucir l'aigreur des peines que j'endure
Je me plains aux rochers et demande conseil
A ces vieilles forêts dont l'épaisse verdure
Fait de si belles nuits en dépit du soleil.

« La belle vieille » de François Maynard

Texte 2

Vous avez un regard singulier et charmant ;
Comme la lune au fond du lac qui la reflète,
Votre prunelle, où brille une humide paillette,
Au coin de vos doux yeux roule languissamment [...]

« À deux beaux yeux » de Théophile Gautier

Texte 3

Un sort pareil attend ici-bas le génie :
En l’Idéal qui fuit l’artiste a mis sa foi.
Heureux qui voit de loin, dans l’arène infinie,
Courir son rêve devant soi !

« Daphné » de Louise Ackermann

Texte 4

Depuis, bien que l’été ait succédé au gel,
En nous-mêmes, et sous le ciel,
Dont les flammes éternisées
Pavoisent d’or tous les chemins de nos pensées,
Et que l’amour soit devenu la fleur immense
Naissant du fier désir
Qui sans cesse, pour mieux encor grandir,
En notre coeur se recommence
Je regarde toujours la petite lumière
Qui me fut douce, la première.

« Au temps où longuement j’avais souffert » d’Émile Verhaeren

Exercice 2

Relevez les propositions subordonnées et indiquez si ce sont des propositions subordonnées relatives ou conjonctives (complétives).

J’ai remarqué dans les vicissitudes d’une longue vie que les époques des plus douces jouissances et des plaisirs les plus vifs ne sont pourtant pas celles dont le souvenir m’attire et me touche le plus. Ces courts moments de délire et de passion [...] ne sont cependant, et par leur vivacité même, que des points bien clairsemés dans la ligne de la vie. Ils sont trop rares et trop rapides pour constituer un état, et le bonheur que mon cœur regrette n’est point composé d’instants fugitifs mais un état simple et permanent, qui n’a rien de vif en lui-même, mais dont la durée accroît le charme au point d’y trouver enfin la suprême félicité.

Tout est dans un flux continuel sur la terre : rien n’y garde une forme constante et arrêtée, et nos affections qui s’attachent aux choses extérieures passent et changent nécessairement comme elles. Toujours en avant ou en arrière de nous, elles rappellent le passé qui n’est plus ou préviennent l’avenir qui souvent ne doit point être : il n’y a rien là de solide à quoi le cœur se puisse attacher. Aussi n’a-t-on guère ici-bas que du plaisir qui passe ; pour le bonheur qui dure je doute qu’il y soit connu. À peine est-il dans nos plus vives jouissances un instant où le cœur puisse véritablement nous dire : je voudrais que cet instant durât toujours. Et comment peut-on appeler bonheur un état fugitif qui nous laisse encore le cœur inquiet et vide, qui nous fait regretter quelque chose avant, ou désirer encore quelque chose après ?

Les Rêveries du promeneur solitaire, Cinquième Promenade, Jean-Jacques Rousseau

Notes :

1 - Encore qu’il convient de se méfier, car certains mots grammaticaux ont des homophones. Par exemple, « que » peut aussi bien être un pronom relatif, qu’une conjonction de subordination ou un pronom interrogatif. Voyez cette vidéo pour en apprendre davantage.

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