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Le roman gothique (groupement de textes)

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Le Moine

Extrait 1 (Ann Radcliffe, Les Mystères du château d’Udolphe)

Émilie Saint-Aubert est contrainte de suivre sa tante, seul parent qui lui reste. Cette dernière est mariée au terrible Montoni, lequel les emmène au château d'Udolphe.

Cependant à mesure que les voyageurs montaient à travers les bois de sapins, les roches succédaient aux roches, les montagnes s’étageaient à l’infini, et le sommet de l’une n’était jamais que la base d’une autre. Après avoir franchi tant de degrés gigantesques, ils atteignirent enfin un plateau, où les muletiers arrêtèrent leurs bêtes fatiguées. L’immense et magnifique spectacle qui se découvrait de là-haut excita un enthousiasme général, auquel madame Montoni elle-même ne put s’empêcher de prendre part. Au-delà d’un amphithéâtre de montagnes dont les cimes, s’abaissant les unes sur les autres, semblaient aussi nombreuses que les vagues de la mer, hérissées de forêts comme d’une écume verdoyante, on apercevait la campagne italienne, où les rivières, les cités, les bois et les champs de culture s’entremêlaient dans une riche confusion. L’Adriatique bornait l’horizon ; là, le Pô et la Brenta, après avoir fertilisé le paysage dans toute son étendue, venaient dégorger leurs eaux bouillonnantes.
En quittant ce point de vue sublime, les voyageurs continuèrent leur ascension et pénétrèrent dans un étroit passage, où les regards bornés de tous les côtés, se heurtaient contre des voûtes et des parois de rochers. Nul vestige humain, nulle trace de végétation n’attestait la vie dans ce lieu désolé. Ce passage conduisait au cœur des Apennins. À la longue il s’élargit et laissa voir une double muraille de hautes montagnes d’une effroyable aridité, entre lesquelles il fallut marcher pendant plusieurs heures.

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Extrait 2 (Charles Robert Maturin, Melmoth ou l’homme errant)

Dans les caveaux d’un couvent, Alonzo, aidé d’un sinistre moine (qui a par le passé assassiné son père) attendent la nuit pour s’évader. Le lieu dans lequel ils se trouvent rappelle des souvenirs au compagnon d’Alonzo.
Ce dernier se rappelle comment il a faussement favorisé la fuite d’un couple (une jeune femme s’était déguisée en moine pour rejoindre celui qu’elle aimait, mis dans le couvent par sa famille) qu’il a ensuite enfermé dans l’un des caveaux.

« Dès que je les eus renfermés, je courus auprès du supérieur qui était furieux de l’outrage fait à la sainteté de son couvent [...] Il descendit avec moi dans le caveau. Les moines le suivirent les yeux enflammés de colère. Cette colère les aveuglait à tel point qu’ils eurent de la peine à découvrir la porte, même après que je la leur eus désignée à plusieurs reprises. Le supérieur de sa propre main enfonça plusieurs clous que les moines lui fournissaient officieusement, et ferma ainsi la gâche qui ne devait plus s’ouvrir. L’ouvrage ne fut pas long. Au premier bruit des pas qui retentirent dans le passage, les victimes poussèrent un cri, et un second quand les premiers coups de marteau furent donnés contre la porte. Elles crurent qu’elles avaient été découvertes et qu’une troupe de moines furieux voulaient enfoncer leur retraite. Ces terreurs se changèrent bientôt en d’autres bien plus affreuses, quand ils entendirent clouer la porte, et que les religieux se retirèrent. Ils jetèrent un dernier cri, mais qu’il était différent des autres ! c’était celui du désespoir : ils connaissaient leur sort.

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Extrait 3 (Matthew Gregory Lewis, Le Moine)

Ambrosio, un moine, est amoureux de la belle Antonia. Prêt à tout pour posséder celle qu’il aime, il accepte l’aide de Mathilde qui s’apprête à convoquer le diable.

- Venez ! dit-elle, et elle lui prit la main ; suivez-moi, et soyez témoin des effets de votre résolution.
À ces mots, elle l’entraîna précipitamment. Ils passèrent dans le lieu de sépulture sans être vus, ouvrirent la porte du sépulcre, et se trouvèrent à l’entrée de l’escalier souterrain. Jusqu’alors la clarté de la lune avait guidé leurs pas, mais à présent cette ressource leur manquait. Mathilde avait négligé de se pourvoir d’une lampe. Sans cesser de tenir la main d’Ambrosio, elle descendit les degrés de marbre ; mais l’obscurité les obligeait de marcher avec lenteur et précaution.
- Vous tremblez ! dit Mathilde à son compagnon ; ne craignez rien, nous sommes prêts du but.
Ils atteignirent le bas de l’escalier, et continuèrent d’avancer à tâtons le long des murs. À un détour, ils aperçurent tout à coup dans le lointain une pâle lumière, vers laquelle ils dirigèrent leurs pas : c’était celle d’une petite lampe sépulcrale qui brûlait incessamment devant la statue de Sainte-Claire ; elle jetait une sombre et lugubre lueur sur les colonnes massives qui supportaient la voûte, mais elle était trop faible pour dissiper les épaisses ténèbres où les caveaux étaient ensevelis.

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