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Le pied bot

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Charles Bovary est médecin. Il tente, avec l'aide du pharmacien Homais, d'opérer Hippolyte qui souffre d'un pied bot.

Il avait un pied faisant avec la jambe une ligne presque droite, ce qui ne l’empêchait pas d’être tourné en dedans, de sorte que c’était un équin mêlé d’un peu de varus, ou bien un léger varus fortement accusé d’équin. Mais, avec cet équin, large en effet comme un pied de cheval, à peau rugueuse, à tendons secs, à gros orteils, et où les ongles noirs figuraient les clous d’un fer, le stréphopode, depuis le matin jusqu’à la nuit, galopait comme un cerf. [...]

Or, puisque c’était un équin, il fallait couper le tendon d’Achille, quitte à s’en prendre plus tard au muscle tibial antérieur pour se débarrasser du varus ; car le médecin n’osait d’un seul coup risquer deux opérations, et même il tremblait déjà, dans la peur d’attaquer quelque région importante qu’il ne connaissait pas.

Ni Ambroise Paré, appliquant pour la première fois depuis Celse, après quinze siècles d’intervalle, la ligature immédiate d’une artère ; ni Dupuytren allant ouvrir un abcès à travers une couche épaisse d’encéphale ; ni Gensoul, quand il fit la première ablation de maxillaire supérieur, n’avaient certes le cœur si palpitant, la main si frémissante, l’intellect aussi tendu que M. Bovary quand il approcha d’Hippolyte, son ténotome entre les doigts. Et, comme dans les hôpitaux, on voyait à côté, sur une table, un tas de charpie, des fils cirés, beaucoup de bandes, une pyramide de bandes, tout ce qu’il y avait de bandes chez l’apothicaire. C’était M. Homais qui avait organisé dès le matin tous ces préparatifs, autant pour éblouir la multitude que pour s’illusionner lui-même. Charles piqua la peau ; on entendit un craquement sec. Le tendon était coupé, l’opération était finie. Hippolyte n’en revenait pas de surprise ; il se penchait sur les mains de Bovary pour les couvrir de baisers.

Madame Bovary (deuxième partie, chapitre 11) de Gustave Flaubert, publié en 1857

Questions

  1. Quel passage décrit la difformité d'Hippolyte ?
  2. Ce passage est-il facile à comprendre ? Pourquoi ?
  3. Relevez le champ lexical de la médecine.
  4. Relevez les autres parties du texte qui montrent que l'auteur connaît beaucoup de choses sur la médecine.
  5. Selon vous, comment l'auteur peut-il en savoir autant sur le sujet ?
  6. Qu'est-ce qui rend ce texte réaliste ? Justifiez vos propos en vous appuyant sur vos réponses précédentes.
  7. L'opération vous semble-t-elle réussie ? Justifiez votre réponse en vous appuyant sur des passages précis du texte.

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