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L'île

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Source : Wikipédia

L’Hispaniola arrive enfin sur l'île. Au chapitre 6 de la première partie, les personnages exprimaient leur joie à l'idée d'atteindre cette île...

Quand je montai sur le pont, le lendemain matin, l’île se présentait sous un aspect tout nouveau. La brise (1) était complètement tombée, mais nous avions fait beaucoup de chemin durant la nuit, et à cette heure le calme plat nous retenait à un demi-mille environ dans le sud-est de la basse côte orientale. Sur presque toute sa superficie s’étendaient des bois aux tons grisâtres. Cette teinte uniforme était interrompue par des bandes de sable jaune garnissant les creux du terrain, et par quantité d’arbres élevés, de la famille des pins, qui dominaient les autres, soit isolément soit par bouquets ; mais le coloris général était terne et mélancolique. Les collines dressaient par-dessus cette végétation leurs flèches de roc dénudé. Toutes étaient de forme bizarre, et la Longue-Vue, de trois ou quatre cents pieds la plus haute de l’île, offrait également l’aspect le plus bizarre, s’élançant à pic de tous côtés, et coupée net au sommet comme un piédestal (2) qui attend sa statue.

L’Hispaniola roulait bord sur bord dans la houle (3) de l’océan. Les poulies (4) grinçaient, le gouvernail battait, et le navire entier craquait, grondait et frémissait comme une manufacture (5). Je devais me tenir ferme au galhauban (6), et tout tournait vertigineusement sous mes yeux, car, si j’étais assez bon marin lorsqu’on faisait route, rester ainsi à danser sur place comme une bouteille vide, est une chose que je n’ai jamais pu supporter sans quelque nausée, en particulier le matin, et à jeun.

Cela en fut-il cause, ou bien l’aspect mélancolique de l’île, avec ses bois grisâtres, ses farouches arêtes de pierre, et le ressac (7) qui devant nous rejaillissait avec un bruit de tonnerre contre le rivage abrupt ? En tout cas, malgré le soleil éclatant et chaud, malgré les cris des oiseaux de mer qui pêchaient alentour de nous, et bien qu’on dût être fort aise d’aller à terre après une aussi longue navigation, j’avais, comme on dit, le cœur retourné, et dès ce premier coup d’œil je détestai à tout jamais l’idée même de l’Île au Trésor.

Nous avions en perspective une matinée de travail ardu, car il n’y avait pas trace de vent, il fallait mettre à la mer les canots et remorquer le navire l’espace de trois ou quatre milles, pour doubler la pointe de l’île et l’amener par un étroit chenal (8) au mouillage (9) situé derrière l’îlot du Squelette. Je montai dans l’une des embarcations, où je n’avais d’ailleurs rien à faire. La chaleur était étouffante et les hommes pestaient furieusement contre leur besogne. Anderson commandait mon canot, et au lieu de rappeler à l’ordre son équipage, il protestait plus fort que les autres.

- Bah ! lança-t-il avec un juron, ce n’est pas pour toujours.

Je vis là un très mauvais signe ; jusqu’à ce jour, les hommes avaient accompli leur travail avec entrain et bonne humeur, mais il avait suffi de la vue de l’île pour relâcher les liens de la discipline.

Durant tout le trajet, Long John se tint près de la barre et pilota le navire. Il connaissait la passe comme sa poche, et bien que le timonier (10), en sondant (11), trouvât partout plus d’eau que n’en indiquait la carte, John n’hésita pas une seule fois.

- Le reflux (12) a tout nettoyé, dit-il, et c’est comme si cette passe avait été creusée à la bêche.

Nous mouillâmes juste à l’endroit indiqué sur la carte, à environ un tiers de mille de chaque rive, la terre d’un côté et l’îlot du Squelette de l’autre. Le fond était de sable fin. Le plongeon de notre ancre fit s’élever du bois une nuée tourbillonnante d’oiseaux criards ; mais en moins d’une minute ils se posèrent de nouveau et tout redevint silencieux.

Chapitre 13, Où commence mon aventure à terre (d’après la traduction de Théo Varlet)

Notes :

1 - Vent peu violent.
2 - Support qui forme le socle d’une statue ou d’une colonne.
3 - Mouvement qui agite l’eau à la surface de la mer.
4 - Petite roue supportant une corde et une courroie permettant de soulever des choses lourdes.
5 - Fabrique, usine.
6 - Long cordage qui sert à étayer sur le côté les mâts de hune et de perroquet, et qui descend de la tête de ces mâts jusqu’au bord du bâtiment, où il est fixé.
7 - Retour violent des vagues sur elles-mêmes quand elles ont frappé la crique.
8 - Passage ouvert à la navigation entre des rochers ou des îles, etc.
9 - Emplacement pour mouiller un navire, c’est-à-dire un abri où jeter l’ancre.
10 - Marin qui tient la barre du gouvernail.
11 - Sonder consiste, ici, à évaluer la profondeur de l’eau avec une sonde (un plomb suspendu à une corde divisée en brasses).
12 - Mouvement de la mer qui se retire lors de la marée descendante. 

Questions

La description de l’île

1. Quel adjectif qualificatif synonyme de tristesse est utilisé deux fois dans le texte pour qualifier l’île ?

2. Citez les adjectifs de couleur qualifiant l’île.

3. Quel adjectif qualifie la forme de l’île ?

Île de mauvais augure

4. Quels sont les bruits évoqués dans cette description ? Quelle impression se dégage ?

5. Quel sentiment Jim éprouve-t-il à la vue de l’île ?

6. Cette île annonce-t-elle, comme chez Jules Verne, de belles aventures ? Justifiez votre réponse.

7. Qu’est-ce qui provoque le changement de comportement des marins ?

8. « - Bah ! lança-t-il avec un juron, ce n’est pas pour toujours. »
Qu’est-ce que cette phrase laisse deviner de la suite de l’histoire ?

Vocabulaire

Les couleurs

1. Donnez le radical de « grisâtre ». Comment appelle-t-on cette partie que l’on ajoute à la fin du mot ?

2. Ajoutez « -âtre » aux adjectifs « jaune » et « blanc ».

3. Quel nuance de sens apporte cet ajout ?

Le vocabulaire de la marine

Celui qui tient le gouvernail gouverne le bateau.

a - Cherchez ce que signifie le mot « gouverner » et donnez plusieurs mots de la même famille. Employez-les ensuite dans une phrase.

b - De nombreux mots appartenant au vocabulaire de la marine sont utilisés couramment. Cherchez la signification de ces mots ou expressions :

« saborder », « avoir le vent en poupe », « figure de proue », « affaler », « branle-bas de combat », « ancrer ».



Source : Wikipédia

Rédaction

Imaginez la chanson dont ces paroles seront le refrain :

Nous étions quinze sur le coffre du mort…
Yo-ho-ho ! et une bouteille de rhum !

Rédigez au moins dix strophes de deux lignes chacune. Chaque strophe sera suivie du refrain.

Pour cela, inspirez-vous de votre lecture de L'Île au trésor (des aventures des pirates, de leur violence, de leurs règles...). Citez les différents personnages (Flint, Silver, Billy Bones, Israel Hands...). Utilisez le vocabulaire de la marine appris au cours des séances.

Barème

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