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Séance 5 Adaptations d’Œdipe roi

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Œdipe roi mis en scène : comparaison de quatre extraits (initiation à la question de corpus)

Regardez ces quatre extraits. Puis répondez à cette question : comment la pièce de Sophocle est-elle mise en scène ? (aidez-vous éventuellement des documents accompagnants chaque extrait)

Extrait 1

Sophocles Oedipus Rex 1957

À lire : Œdipus Rex 1957

Extrait 2

Philip Saville - Oedipus Rex - VOST

À lire : Œdipus Rex de Philip Saville 1968

Extrait 3

Oedipus Rex (1967) Completa (Pier Paolo Pasolini)

À lire : Œdipe roi de Pier Paolo Pasolini 1967

Extrait 4

Théâtre Demodocos : Oedipe

À lire : Œdipe roi par le théâtre Démodocos

Méthode de la question de corpus

Définition

L'épreuve écrite de français est composée d'une question de corpus et d'un travail d'écriture au choix (commentaire, dissertation ou écriture d'invention).

Un corpus est un ensemble de textes (3 à 5) pour lequel on vous pose une question. Par exemple, « Quelles sont les caractéristiques des figures maternelles dans les textes du corpus ? » (séries ES-S en 2013) ou « Dans quelle mesure le regard que les personnages de ces textes portent sur le monde révèle-t-il leur état d’âme ? » (série L en 2015) ou encore « Les textes de Vigny, Hugo et Dumas reprennent la figure du Masque de fer : en quoi diffère-t-elle de celle que propose Voltaire ? » (série L en 2017).

Ces textes portent sur le même objet d’étude et sont le plus souvent liés par un thème commun. Pour le sujet de 2017, Les réécritures du XVIIe siècle à nos jours. Pour celui de 2013, Le personnage de roman, du XVIIe siècle à nos jours.

Méthode

Il s’agit alors de se livrer à une étude comparative afin de repérer les points communs et les différences entre les textes qui vous sont proposés. Avant de répondre, analysez bien chacun des termes de la question. Identifiez le genre ou le registre des textes du corpus, etc. Et surtout repérez l’objet d’étude auxquels se rapportent ces textes afin d’en dégager les enjeux que vous avez nécessairement étudiés dans l’année.

Élaborez ensuite un plan.

Attention, il ne faut pas étudier les textes les uns après les autres. Il ne faut donc jamais faire une partie par texte (partie 1 : texte A, partie 2 : texte B, etc.) Il faut, au contraire, rassembler les textes qui ont des points communs
Cependant, vous ne pouvez et n’avez d’ailleurs pas le temps de faire un plan aussi détaillé que celui du commentaire composé. Il s’agit simplement de répondre clairement, de façon organisée et avec méthode à une question posée. Une page recto verso est la longueur attendue.

La question de corpus demande une bonne maîtrise du temps. Le temps que vous lui accordez ne doit pas dépasser 1 heure à 1 heure trente, car vous aurez besoin du reste pour travailler le sujet suivant (commentaire, dissertation ou écriture d'invention). La question de corpus est notée sur 4 points et le travail d’écriture sur 16. Et le temps de l’épreuve (question de corpus + travail d’écriture) ne dure que quatre heures !

Sont évaluées principalement quatre compétences :

La question de corpus est importante en ceci qu’elle permet préparer le travail d'écriture qui suit (la réflexion autour de cette question permet de cerner les grandes idées du sujet traité, donner des pistes pour le commentaire, fournir quelques exemples pour la dissertation, etc.). Cependant, il conviendra de ne pas asseoir tout le commentaire - si toutefois vous prenez le commentaire - sur la question de corpus.

Introduction

Comme pour toute introduction, il convient de commencer par une phrase d’accroche brève afin d’amener l’objet d’étude (le roman, le théâtre ou l’argumentation) et le thème.

Vous devez alors présenter sommairement les textes (auteur, titre, date, genre, registre et éléments d’histoire littéraire que vous connaissez) puis énoncer, brièvement une fois encore, ce qui fait l’unité (ou au contraire la disparité) des textes (points communs et différences en somme).

Enfin vous posez (et parfois devez reformuler de façon indirecte) la question. Enfin, annoncez le plan que vous allez suivre.

Développement

Comme pour un commentaire, les parties sont au nombre de deux ou trois.

Chaque partie correspond à un paragraphe (rappelez-vous, un paragraphe = une idée). Chaque idée doit être étayée d’explications et d’exemples puisés dans les textes. Toutes vos citations doivent faire l’objet d’un commentaire. Sans analyse, une citation perd toute sa pertinence. Ce n’est pas au lecteur de deviner ce qu’il faut comprendre des passages que vous relevez. Vous devez explicitement formuler votre pensée.

Évitez la paraphrase. Vous ne devez pas seulement être dans le constat. Confrontez les textes, montrez ce qu’ils ont en commun, ce qui les distingue, ce qu’ils peuvent éventuellement révéler de problématique.

Conclusion

C’est une réponse brève (encore) à la question formulée dans l’introduction.

À lire également

Question de corpus

Après avoir lu attentivement les textes du corpus, vous répondrez à la question suivante (4 points) : Quelles sont les caractéristiques principales des sphinx dans les textes du corpus ?

Texte A : Voltaire, Œdipe, Acte l, scène 1, vers 36-68 (1718).
Texte B : José Maria de Heredia,« Sphinx », Les Trophées (1893).
Texte C : Albert Samain, « Le Sphinx », Symphonie héroïque (1900). 
Texte D : Jean Cocteau, La Machine infernale, Acte II (1932). Extrait.

Texte A : Voltaire, Œdipe, Acte l, scène 1, vers 36-68 (1718).

Dans la scène d'exposition de la tragédie Œdipe, le Thébain Dimas apprend à son ami, qui revient à Thèbes après quatre ans d'absence, que le roi Laïos est mort assassiné et que la ville subit un terrible fléau. Le monstre dont il s'agit est le sphinx (1).

DIMAS 

[...]

Ce fut de nos malheurs la première origine.
Ce crime a de l'empire (2) entraîné la ruine. 
Du bruit de son trépas mortellement frappés, 
À répandre des pleurs nous étions occupés ; 
Quand du courroux des dieux ministre (3) épouvantable,
Funeste à l'innocent sans punir le coupable,
Un monstre (loin de nous que faisiez-vous alors ?)
Un monstre furieux vint ravager ces bords.
Le ciel industrieux (4) dans sa triste vengeance,
Avait à le former épuisé sa puissance. 
Né parmi des rochers au pied du Cithéron (5) 
Ce monstre à voix humaine, aigle, femme et lion,
De la nature entière exécrable assemblage,
Unissait contre nous l'artifice à la rage. 
Il n'était qu'un moyen d'en préserver ces lieux. 
D'un sens embarrassé dans des mots captieux (6)
Le monstre chaque jour dans Thèbe (7) épouvantée 
Proposait une énigme avec art concertée; 
Et si quelque mortel voulait nous secourir, 
Il devait voir le monstre et l'entendre (8) ou périr. 
À cette loi terrible il nous fallut souscrire; 
D'une commune voix Thèbe offrit son empire (9)
À l'heureux interprète inspiré par les dieux, 
Qui nous dévoilerait ce sens mystérieux.
Nos sages, nos vieillards, séduits par l'espérance, 
Osèrent sur la foi d'une vaine science, 
Du monstre impénétrable affronter le courroux; 
Nul d'eux ne l'entendit; ils expirèrent tous. 
Mais Œdipe héritier du sceptre de Corinthe,
Jeune et dans l'âge heureux qui méconnaît la crainte, 
Guidé par la fortune en ces lieux pleins d'effroi 
Vint, vit ce monstre affreux, l'entendit, et fut roi. 
Il vit, il règne encor. [...]

Texte B : José Maria de Heredia, « Sphinx », Les Trophées (1893).

Dans ce poème, le héros qui se présente devant le Sphinx n'est pas Œdipe.

Sphinx 

Au flanc du Cithéron (10), sous la ronce enfoui,
Le roc s'ouvre, repaire (11) où resplendit au centre
Par l'éclat des yeux d'or, de la gorge et du ventre, 
La Vierge aux ailes d'aigle et dont nul n'a joui.

Et l'Homme s'arrêta sur le seuil, ébloui.
– Quelle est l'ombre qui rend plus sombre encor mon antre (12) ?
– L'Amour. – Es-tu le Dieu ? – Je suis le Héros. – Entre ;
Mais tu cherches la mort. L'oses-tu braver ? – Oui.

Bellérophon (13) dompta la Chimère farouche.
– N'approche pas. – Ma lèvre a fait frémir ta bouche...
– Viens donc ! Entre mes bras tes os vont se briser;

Mes ongles dans ta chair... – Qu'importe le supplice,
Si j'ai conquis la gloire et ravi le baiser ?
– Tu triomphes en vain, car tu meurs. – Ô délice !...

Texte C : Albert Samain, « Le Sphinx », Symphonie héroïque (1900).

Le Sphinx

Seul, sur l'horizon bleu vibrant d'incandescence, 
L'antique Sphinx s'allonge, énorme et féminin. 
Dix mille ans ont passé; fidèle à son destin,
Sa lèvre aux coins serrés garde l'énigme immense.

De tout ce qui vivait au jour de sa naissance, 
Rien ne reste que lui. Dans le passé lointain, 
Son âge fait trembler le songeur incertain;
Et l'ombre de l'histoire à son ombre commence.

Accroupi sur l'amas des siècles révolus, 
Immobile au soleil, dardant ses seins aigus, 
Sans jamais abaisser sa rigide paupière,

Il songe, et semble attendre avec sérénité 
L'ordre de se lever sur ses pattes de pierre, 
Pour rentrer à pas lents dans son éternité.

Texte D : Jean Cocteau (1989-1963), La Machine infernale, Acte II, extrait (1932).

Dans cette pièce, le Sphinx est une jeune fille, tombée sous le charme d'Œdipe, mais celui-ci lui résiste. Elle le tient alors dans un état de paralysie et lui fait connaître les souffrances qu'elle lui infligerait si elle lui faisait subir le sort des autres hommes tombés en son pouvoir. Le chien Anubis, dieu égyptien de la mort, veille au respect des consignes données par les dieux : il n'est pas question de s'attendrir sur les humains.

LE SPHINX : Ensuite, je te commanderais d'avancer un peu et je t'aiderais en desserrant tes jambes. Là ! Et je t'interrogerais. Je te demanderais, par exemple : « Quel est l'animal qui marche sur quatre pattes le matin, sur deux pattes à midi, sur trois pattes le soir ? » Et tu chercherais, tu chercherais. A force de chercher, ton esprit se poserait sur une petite médaille de ton enfance, ou tu répéterais un chiffre, ou tu compterais les étoiles entre ces deux colonnes détruites ; et je te remettrais au fait en te dévoilant l'énigme. Cet animal est l'homme qui marche à quatre pattes lorsqu'il est enfant, sur deux pattes quand il est valide, et lorsqu'il est vieux, avec la troisième patte d'un bâton.

ŒDIPE : C'est trop bête !

LE SPHINX : Tu t'écrierais : « C'est trop bête ! » Vous le dites tous. Alors puisque cette phrase confirme ton échec, j'appellerais Anubis, mon aide. Anubis !

Anubis paraît, les bras croisés, la tête de profil, debout à droite du socle.

ŒDIPE : Oh ! Madame... Oh ! Madame ! Oh ! non ! non ! non ! non, madame !

LE SPHINX : Et je te ferais mettre à genoux. Allons… Allons... là, là… Sois sage. Et tu courberais la tête... et l'Anubis s'élancerait. Il ouvrirait ses mâchoires de loup !

Œdipe pousse un cri.

J'ai dit : courberais, s'élancerait... ouvrirait... N'ai-je pas toujours eu soin de m'exprimer sur ce mode ? Pourquoi ce cri ? Pourquoi cette face d'épouvante ? C'était une démonstration, Œdipe, une simple démonstration. Tu es libre.

ŒDIPE : Libre !

(Il remue un bras, une jambe... il se lève, il titube, il porte la main à sa tête.)

ANUBIS : Pardon, Sphinx. Cet homme ne peut sortir d'ici sans subir l'épreuve.

LE SPHINX : Mais…

ANUBIS : Interroge-le... 

ŒDIPE : Mais…

ANUBIS : Silence ! Interroge cet homme.

Un silence. Œdipe tourne le dos, immobile.

LE SPHINX : Je l'interrogerai... je l'interrogerai... C'est bon. (Avec un dernier regard de surprise vers Anubis.) Quel est l'animal qui marche sur quatre pattes le matin, sur deux pattes à midi, sur trois pattes le soir ? 

ŒDIPE : L'homme parbleu ! qui se traîne à quatre pattes lorsqu'il est petit, qui marche sur deux pattes lorsqu'il est grand et qui, lorsqu'il est vieux, s'aide avec la troisième patte d'un bâton.

Le Sphinx roule sur le socle.

ŒDIPE, prenant sa course vers la droite : Vainqueur !

Il s'élance et sort par la droite. Le Sphinx glisse dans la colonne, disparaît derrière le mur, reparaît sans ailes.

LE SPHINX : Œdipe ! Où est-il ? Où est-il ?

ANUBIS : Parti, envolé. Il court à perdre haleine proclamer sa victoire.

LE SPHINX : Sans un regard vers moi, sans un geste ému, sans un signe de reconnaissance. 

ANUBIS : Vous attendiez-vous à une autre attitude ?

LE SPHINX : L'imbécile ! Il n'a donc rien compris.

ANUBIS : Rien compris.

Notes :

1 - Sphinx : monstre fabuleux que l'on trouve en Égypte et en Grèce. En Égypte, le Sphinx était une statue colossale représentant généralement un lion accroupi, à poitrine et à tête humaine. La mythologie grecque a placé le Sphinx aux environs de Thèbes, et lui a ajouté des ailes d'aigle. Ce monstre était une jeune fille qui proposait une énigme à deviner. 
2 - Empire : le pouvoir en place à Thèbes.
3 - Ministre : serviteur.
4 - Industrieux : ingénieux, inventif.
5 - Cithéron : montagne proche de Thèbes, où les mythes situent le Sphinx.
6 - Des mots captieux : des mots qui séduisent par de belles et fausses apparences.
7 - Thèbe : Thèbes (orthographe sans « s » adoptée par Voltaire pour que l'alexandrin comporte douze syllabes). 
8 - Entendre : comprendre, même sens aux vers 28 et 32.
9 - Empire : pouvoir de gouverner la cité.
10 - Cithéron : montagne proche de Thèbes, où les mythes situent le Sphinx.
11 - Repaire : lieu qui sert de refuge aux animaux sauvages.
12 - Antre: caverne.
13 - L'Homme se compare à Bellérophon, un autre héros de la mythologie grecque, qui tua la Chimère, un monstre à la fois lion, dragon et chèvre; elle était, selon les sources, fille ou sœur du Sphinx.

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