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Séance 2 Alchimie du verbe

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  1. Cherchez dans le dictionnaire les termes « alchimie », « boue » et « or ».
  2. Relevez dans les poèmes ci-dessous les termes en rapport avec le champ lexical ci-dessus.
  3. Lisez et comparez ces deux poèmes. Que remarquez-vous ?
  4. Regardez le documentaire L’or et la boue : Charles Baudelaire et/ou écoutez Baudelaire et l’esthétique de la boue. Qu’est-ce qui selon vous relève de la boue ou de l’or dans l'œuvre du poète ?
  5. Lisez les pièces condamnées (voir séance 1). Expliquez les raisons pour lesquelles elles l’ont été.

Texte 1

LXXXI – Alchimie de la douleur

L’un t’éclaire avec son ardeur,
L’autre en toi met son deuil, Nature !
Ce qui dit à l’un : Sépulture !
Dit à l’autre : Vie et splendeur !

Hermès inconnu qui m’assistes
Et qui toujours m’intimidas,
Tu me rends l’égal de Midas,
Le plus triste des alchimistes ;

Par toi je change l’or en fer
Et le paradis en enfer ;
Dans le suaire des nuages

Je découvre un cadavre cher,
Et sur les célestes rivages
Je bâtis de grands sarcophages.

Charles Baudelaire, « Alchimie de la douleur », « Spleen et Idéal », Les Fleurs du Mal, 1857.

Texte 2

Tranquille comme un sage et doux comme un maudit

J’ai dit :

Je t’aime, ô ma très belle, ô ma charmante…
Que de fois…
Tes débauches sans soif et tes amours sans âme,
Ton goût de l’infini
Qui partout, dans le mal lui-même, se proclame…
Tes bombes, tes poignards, tes victoires, tes fêtes,
Tes faubourgs mélancoliques,
Tes hôtels garnis,
Tes jardins pleins de soupirs et d’intrigues,
Tes temples vomissant la prière en musique,
Tes désespoirs d’enfant, tes jeux de vieille folle,
Tes découragements

Et tes jeux d’artifice, éruptions de joie,
Qui font rire le Ciel, muet et ténébreux.

Ton vice vénérable étalé dans la soie,
Et ta vertu risible, au regard malheureux,
Douce, s’extasiant au luxe qu’il déploie.

Tes principes sauvés et tes lois conspuées,
Tes monuments hautains où s’accrochent les brumes.
Tes dômes de métal qu’enflamme le soleil,
Tes reines de théâtre aux voix enchanteresses,
Tes tocsins, tes canons, orchestre assourdissant,
Tes magiques pavés dressés en forteresses,
Tes petits orateurs, aux enflures baroques,
Prêchant l’amour, et puis tes égouts pleins de sang,
S’engouffrant dans l’Enfer comme des Orénoques,
Tes anges, tes bouffons neufs aux vieilles défroques
Anges revêtus d’or, de pourpre et d’hyacinthe,
Ô vous, soyez témoins que j’ai fait mon devoir
Comme un parfait chimiste et comme une âme sainte.
Car j’ai de chaque chose extrait la quintessence,
Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or.

Charles Baudelaire, Ébauche d’un épilogue pour la deuxième édition des Fleurs du Mal, 1861

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