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Lire la scène d’exposition de Ruy Blas

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Lisez l’extrait de la pièce Ruy Blas de Victor Hugo et donnez dix raisons pour lesquelles cet extrait est la scène d’exposition d’un drame romantique. Vous pouvez vous aider des ressources ci-dessous (consulter au maximum trois sites).

Six personnages de Victor Hugo
Source

Le drame romantique

Œuvres de Victor Hugo et de Stendhal

Divers cours trouvés sur internet

RUY BLAS

PERSONNAGES

Ruy Blas
Don Salluste de Bazan
Don César de Bazan
Don Guritan
Le Comte de Camporeal
Le Marquis de Santa-Cruzl
Le Marquis del Basto
Le Comte d’Albe
Le Marquis de Priego
Don Manuel Arias
Montazgo
Don Antonio Ubilla
Covadenga
Gudiel
Un laquais, un alcade, un huissier, un alguazil, un page
Doña Maria de Neubourg, reine d’Espagne
La Duchesse D’Albuquerque
Casilda
Une duègne
Dames, seigneurs, conseillers privés, pages, duègnes, alguazils, gardes, huissiers de chambre et de cour

Madrid. — 169…

ACTE I

Don Salluste

Le salon de Danaé dans le palais du roi, à Madrid. Ameublement magnifique dans le goût demi-flamand du temps de Philippe IV. A gauche, une grande fenêtre à châssis dorés et à petits carreaux. Des deux côtés, sur un pan coupé, une porte basse donnant dans quelque appartement intérieur. Au fond, une grande cloison vitrée à châssis dorés s’ouvrant par une large porte également vitrée sur une longue galerie. Cette galerie qui traverse tout le théâtre, est masquée par d’immenses rideaux qui tombent du haut en bas de la cloison vitrée. Une table, un fauteuil, et ce qu’il faut pour écrire.

Don Salluste entre par la petite porte de gauche, suivi de Ruy Blas et de Gudiel, qui porte une cassette et divers paquets qu’on dirait disposés pour un voyage. Don Salluste est vêtu de velours noir, costume de cour du temps de Charles II. La toison d’or au cou. Par-dessus l’habillement noir, un riche manteau de velours vert clair, brodé d’or et doublé de satin noir. Épée à grande coquille. Chapeau à plumes blanches. Gudiel est en noir, épée au côté. Ruy Blas est en livrée. Haut-de-chausses et justaucorps bruns. Surtout galonné, rouge et or. Tête nue. Sans épée.

Scène 1

Don Salluste De Bazan, Gudiel, par instants Ruy Blas.

Don Salluste

Ruy Blas, fermez la porte, — ouvrez cette fenêtre.

(Ruy Blas obéit, puis, sur un signe de don Salluste, il sort par la porte du fond. Don Salluste va à la fenêtre.)

Ils dorment encore tous ici, — le jour va naître.

(Il se tourne brusquement vers Gudiel.)

Ah ! C’est un coup de foudre ! ... — oui, mon règne est passé,
Gudiel ! — renvoyé, disgracié, chassé ! —
Ah ! Tout perdre en un jour ! — L’aventure est secrète
Encor, n’en parle pas. — Oui, pour une amourette,
— chose, à mon âge, sotte et folle, j’en convien ! —
Avec une suivante, une fille de rien !
Séduite, beau malheur ! parce que la donzelle
Est à la reine, et vient de Neubourg avec elle,
Que cette créature a pleuré contre moi,
Et traîné son enfant dans les chambres du roi ;
Ordre de l’épouser. Je refuse. On m’exile !
On m’exile ! Et vingt ans d’un labeur difficile,
Vingt ans d’ambition, de travaux nuit et jour ;
Le président haï des alcades de cour,
Dont nul ne prononçait le nom sans épouvante ;
Le chef de la maison de Bazan, qui s’en vante ;
Mon crédit, mon pouvoir, tout ce que je rêvais,
Tout ce que je faisais et tout ce que j’avais :
Charge, emplois, honneurs, tout en un instant s’écroule
Au milieu des éclats de rire de la foule !

Gudiel

Nul ne le sait encor, monseigneur.

Don Salluste

Mais demain !
Demain, on le saura ! — Nous serons en chemin !
Je ne veux pas tomber, non, je veux disparaître !

(Il déboutonne violemment son pourpoint.)

— Tu m’agrafes toujours comme on agrafe un prêtre,
Tu serres mon pourpoint, et j’étouffe, mon cher ! —

(Il s’assied.)

Oh ! Mais je vais construire, et sans en avoir l’air,
Une sape profonde, obscure et souterraine !
— Chassé ! —

(Il se lève.)

Gudiel.

D’où vient le coup, monseigneur ?

Don Salluste.

De la reine.
Oh ! Je me vengerai, Gudiel ! Tu m’entends ?
Toi dont je suis l’élève, et qui depuis vingt ans
M’as aidé, m’as servi dans les choses passées,
Tu sais bien jusqu’où vont dans l’ombre mes pensées,
Comme un bon architecte, au coup d’œil exercé,
Connaît la profondeur du puits qu’il a creusé.
Je pars. Je vais aller à Finlas, en Castille,
Dans mes États, — et là, songer ! — pour une fille !
— Toi, règle le départ, car nous sommes pressés.
Moi, je vais dire un mot au drôle que tu sais.
À tout hasard. Peut-il me servir ? Je l’ignore.
Ici jusqu’à ce soir je suis le maître encore.
Je me vengerai, va ! Comment ? Je ne sais pas ;
Mais je veux que ce soit effrayant ! — de ce pas
Va faire nos apprêts, et hâte-toi. — Silence !
Tu pars avec moi. Va.

(Gudiel salue et sort. Don Salluste, appellant.)

— Ruy Blas !

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