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Le Diable amoureux

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Le Diable amoureux
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Cela faisait plusieurs années que je n’avais pas ouvert ce livre qui m’est revenu en mémoire en lisant Introduction à la littérature fantastique de Todorov. C’est en citant ce livre que l’écrivain d’origine roumaine commence son analyse du fantastique, genre dont il a magistralement défini les frontières.

Le petit livre de Cazotte fait figure d’ancêtre du genre avec cette histoire datant du XVIIIe siècle. Un jeune homme du nom d’Alvare confronté à une apparition diabolique parvient à se concilier les bonnes faveurs du diable qui, après lui être apparu sous la forme hideuse d’un chameau, prend l’apparence de la délicieuse Biondetta dont il finira par tomber amoureux. La scène est assez drôle parce que le narrateur qui est aussi le protagoniste de cette histoire ne manque de faire rire à ses dépens. Contraint d’invoquer le diable après avoir crânement affirmé que s’il le voyait il lui tirerait les oreilles, il avoue : « Jamais fanfaron ne se trouva dans une crise plus délicate ».

Le livre est plaisant à lire comme l’est souvent la littérature du XVIIIe siècle : elle a ce je-ne-sais-quoi de léger et de pétillant (ne m’opposez pas de contre-exemple, j’en connais). J’aime aussi trouver des mots qui ont sombré dans l’oubli, comme casin qu’une note éclaircit : il s’agit d’une cabane, d’une petite maison. Le mot vient de l’italien casino, signifie petite maison et vient lui-même de casa. Littré précise : « Au XVIIIe siècle, casino n’était pas encore reçu, et on le francisait sous la forme de casin ». Un autre mot pour finir. Alvare parle de « la contrainte de la cicisbeature ». Une note explique encore que le mot vient lui aussi de l’italien cicisbeatura et désigne la galanterie. En français, poursuit l’auteur de la note, le cicisbea (= le galant) est devenu sigisbée qui existe encore.

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