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Éducation

Comment faire travailler votre enfant pendant les vacances ?

Comme nous sommes en vacances, je vais tenter d’être concis.

J’ai une forte aversion pour les cahiers de vacances. Pour autant, je suis quand même un peu désireux, en parent soucieux de l’éducation de mes enfants, de faire travailler ces derniers.

Sans pour autant sacrifier à d’impérieuses exigences, j’ai eu envie d’utiliser l’iPad pour à la fois passer un bon moment avec la petite dernière mais aussi pour la faire travailler. J’avais également dans l’idée de reléguer au second plan le travail d’écriture, de graphie ou d’orthographe (lesquels seront largement traités tout au long de la scolarité) et d’accorder davantage d’importance à des points importants parfois délégués à des spécialistes extrascolaires, que ceux-ci soient orthophonistes ou conteurs professionnels : l’élocution, la prononciation, mais aussi l’élaboration et la diction d’un récit. Un point non négligeable était à prendre en compte : le travail réalisé ferait l’objet d’une diffusion d’abord familiale (projection sur la télé), puis d’une mise en ligne sur YouTube.

Pour ce faire, nous avons opté pour le spectacle de marionnettes avec l’application PuppetPals HD. Nous avons élaboré différentes séquences (en général correspondant aux changements de personnages) puis nous avons monté le tout dans iMovie.

Voilà ce que ça donne.

Ce n’est certes pas un spectacle hollywoodien qui nuira au dernier blockbuster, mais avouez que si vous êtes arrivé jusqu’ici, c’est que la chose est quand même plus intéressante qu’un cahier de vacances, que vous n’auriez même pas eu envie de regarder. 🙂

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Éducation Informatique

Dialogue sur le numérique à l’école

Platon et AristoteMais alors, le numérique à l’école ? T’es pour ou t’es contre ?

On ne fait pas de barrage contre le Pacifique. Le numérique est inéluctable.
Même lorsqu’il est contre, un enseignant reconnait forcément l’apport ou la présence du numérique, de la technique, de la teknê (en grec, le « savoir-faire dans un métier »). Il a nécessairement un ordinateur, il utilise un vidéoprojecteur voire un rétroprojecteur et même un photocopieur. L’école est pleine d’objets manufactués et donc techniques. Il faut juste convaincre l’enseignant récalcitrant d’admettre que cette technique n’est pas l’apanage du seul professeur, mais aussi de l’élève, que celui-ci peut y trouver des avantages irréfragables.

Ce ne sont donc que des avantages que le numérique apportera ?

Le numérique n’est pas la panacée. D’ailleurs, celle-ci n’existe pas. Il n’existe d’ailleurs nul remède universel. C’est un mythe. Il ne s’agit donc pas de verser dans l’euphorie ou la phobie, mais se demander comment utiliser au mieux le numérique.

À ce propos, laisse-moi te raconter une histoire. En 1997, le champion d’échecs Garry Kasparov était battu par Deep Blue, un ordinateur conçu par IBM. Fallait-il en conclure que l’homme ne pouvait affronter une machine capable de calculer 200 millions de coups par seconde ? Kasparov eut une réponse intéressante : et si, au lieu d’essayer de battre la machine, l’être humain et l’ordinateur collaboraient ? L’ordinateur apporterait sa capacité à traiter en un instant des millions de possibilités et l’individu son intuition, sa perspicacité, en un mot sa créativité. Ainsi allaient s’affronter deux équipes : un homme et un ordinateur contre un autre homme équipé lui-aussi d’un ordinateur. À ce jeu, Kasparov affronta un autre grand joueur, Veselin Topalov. Ce dernier était moins fort que son adversaire, mais il gagna, ayant mieux exploité les ressources offertes par l’ordinateur.
En 2005, un tournoi opposa des équipes réunissant êtres humains et ordinateurs. Ainsi des professionnels affrontèrent des amateurs. Qui l’emporta ? Deux jeunes amateurs battirent des joueurs d’échecs expérimentés et talentueux parce qu’ils savaient mieux exploiter les ressources de leurs ordinateurs. Littéralement, ils collaboraient avec elles, sachant quand se fier à leurs conseils et quand privilégier des combinaisons jugées peu fiables par la machine mais susceptibles de décontenancer l’adversaire. Ces jeunes sont ce que Clive Thompson appelle des centaures, des créatures hybrides à la fois humaine et technique. Ils allèrent jusqu’à battre Hydra, un ordinateur plus puissant que Deep Blue et qui avait écrasé de grands champions dans un combat que l’on sait désormais vain, un combat homme-machine.

Pourquoi ? Le numérique peut-il donc être nuisible ?

C’est une crainte qui ressortit à la critique marxiste : la technique serait l’instrument du capitalisme permettant d’asservir les travailleurs. Mais comme elle conditionne également notre avenir, force est de constater que son statut est ambivalent. Le numérique apporte confort et sécurité, comme dans nos voitures par exemple. Il nous rend même plus fort. Mais il peut aussi être un moyen d’asservissement des masses, ce que montre le projet de loi sur le renseignement adopté récemment à l’Assemblée. En somme, le numérique est un pharmakon, à la fois remède et poison.

Mais concrètement, à l’école, c’est quoi le numérique ? Qu’apporte-t-il ?

On pourrait passer des heures à répondre à cette question, à laquelle j’ai d’ailleurs déjà essayé de répondre.

Mais, à brûle-pourpoint, voilà ce que je dirais : le numérique apporte l’intelligence (en latin, « interlegere », c’est faire des liens entre les choses), c’est la connexion. Comme les objets qu’elle enrichit (le smartphone, par exemple), le numérique nous rend plus intelligent. Par le numérique, l’élève est lié à son professeur. Il peut l’interroger, lui poser des questions par mail. Ce même professeur rentre plus aisément en contact avec les parents. Un réseau social élargit considérablement les dimensions de la salle des professeurs : la terre entière devient un lieu d’échanges où les idées, les pratiques, les conseils sont transmis d’un bout à l’autre du globe.

En somme, le numérique est un rapport social.

Tout ça est super, mais combien cela va-t-il coûter ? Des millions, des milliards ?

Le numérique va coûter beaucoup d’argent. C’est sûr ! Mais quand il est question d’éducation, n’est-ce pas une nécessité ? Au reste, le numérique, qui induit de nouveaux coûts, en fera disparaître d’autres. Les dispendieux photocopieurs et leur cohortes de rames de papier, de toners n’ont plus de raison d’être. Les manuels scolaires, lesquels coûtent des millions d’euros et ne sont que très partiellement utilisés par les enseignants, peuvent être remplacés par les ressources créées par les enseignants. Un dernier exemple : à quoi sert d’acheter encore et encore le domaine public ? ces Balzac ou Verne à 7 euros l’exemplaire pour 30 élèves ? Ne peut-on pas les lire gratuitement sur des liseuses, lesquelles ont un faible coût ?

D’accord, mais ne laisse-t-on pas entrer le loup dans la bergerie ? Les Apple, Microsoft, etc.

Tout d’abord, ce serait une erreur de penser que l’école n’est pas un marché. Mal gré qu’on en ait ! Ensuite, c’est aux enseignants voire à l’Éducation nationale de faire les choses correctement : promouvoir les ressources libres, les logiciels libres ou les formats standards qui permettront à l’école d’échapper à la voracité des commerçants. Encore que leur appétit sans limite est, en général, conditionné par un impératif : faire des produits utiles, désirables et de qualité, sans quoi ils n’auraient plus rien à vendre. Or il serait dommage de se priver de tel ou tel logiciel au seul motif qu’il est privatif. L’intérêt pédagogique prévaut dans bien des cas.

Tu me convaincs, mais si, moi, jeune enseignant qui n’y connaît rien au numérique, je souhaite m’y mettre, comment faire ?

Tu feras comme tout le monde. Tu ne feras nulle révolution (ce qui te ramènerait à ton point de départ), mais une évolution petit à petit, selon l’aisance, le plaisir et l’efficacité que tu y trouves. Le numérique à l’école ne signifie pas que tout doit s’y rapporter. Parfois, prendre un livre, le lire avec ses élèves sous un arbre un beau jour de printemps, est un plaisir qu’on ne saurait bouder.
Et puis, si tu te sens seul, désœuvré, découragé, viens sur Twitter. Des milliers d’enseignants t’aideront et t’encourageront.

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Éducation Informatique Littérature

Pourquoi un ePub ?

Le manuel de sixième a été publié sur l’iBook Store grâce au logiciel iBooks Author. Cette merveilleuse application ne rend disponible le livre que sur les seuls iPad et Mac. Sont exclus les iPhone et iPod !
En publiant une version ePub du manuel de sixième, celui-ci est désormais accessible sur tout ce qui est pommé et précédé d’un « i », mais aussi sur toute machine lisant l’ePub, c’est-à-dire à peu près tout : Windows, Linux, Androïd, tablette machin truc, tablette machin chose, etc.

Cette version ePub est une version allégée du manuel de sixième (en deux parties : littérature et grammaire). iBooks Author permet de produire des manuels d’une richesse confinant à la nausée : quiz ici, diaporama là, vidéos partout, etc. Mais on perd de vue l’essentiel dans un manuel scolaire destiné au français et à la littérature : les textes.

L’ePub est alors un moyen de revenir à l’essentiel.

Mais ne perdons pas de vue que l’ePub, ce livre numérique, offre de superbes possibilités. En voici quelques-unes.

Agrandir le texte

Cette possibilité est très utile à tous ceux dont la vue rend la lecture difficile. Moi-même, quadragénaire, je l’utilise.

Agrandir le texte

Texte agrandi

Changer la police

Les élèves dyslexiques apprécieront cette possibilité (ainsi que la précédente d’ailleurs). Le texte devient lisible à tous.

Police changée

Énoncer la sélection

Cette fonction est une fonction d’accessibilité : cette fois encore, le livre s’adapte à diverses formes de handicap. Personnellement, j’utilise cette possibilité de faire lire le texte pour écouter un mot de vocabulaire en anglais ou en allemand voire une phrase entière.

Énoncer la sélection

Copier et coller le texte

Cette fonction est très pratique dans tous les exercices pour lesquels on n’aurait pas envie que l’élève perde du temps à réécrire un texte. C’est, par exemple, le cas de tous les exercices sur la ponctuation (recopier un texte en ajoutant la ponctuation), mais aussi lorsque l’on veut effectuer des recherces rapides et prendre des notes.

Copier le texte

Agrandir les images

Les reproductions de tableaux sur photocopie en noir et blanc ayant traumatisé ma sensibilité artistique, je regarde toujours cette option avec émotion. On peut désormais véritablement apprécier une œuvre.

Image agrandie

Utiliser le dictionnaire intégré

On ne quitte pas le livre pour rechercher la définition. La lecture n’est interrompue qu’un bref instant.

Dictionnaire intégré

Prendre des notes

La prise de notes n’est pas réservée au seul support papier. Le numérique permet même l’envoi et donc le partage des notes (via SMS, Twitter ou mail, etc.).

Prendre des notes

Surligner le texte

On a souvent besoin de surligner des passages. Las ! On vous interdit souvent de le faire ou vous vous interdisez vous-même de le faire. Le numérique vous le permet puisque vous pouvez aussi bien supprimer ensuite toute trace de votre passage.

Surligner le texte

Effectuer une recherche

Auparavant, quand je cherchais un passage dans un livre, je feuilletais celui-ci avec l’espoir de trouver plus ou moins rapidement ce que je cherchais. À présent, je recours à cette fonction de recherche par mot clé. Plus rapide et efficace.

Faire une recherche

Bien sûr, il existe de nombreuses autres possibilités…

Télécharger le manuel de sixième

Amazon

Kobo

Google Play

Apple Store

Manuel de sixième :

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Éducation Informatique Littérature

Le manuel de 6e partout

Le manuel de 6 toujours libre mais plus gratuit

Manuel de 6eJ’ai longtemps hésité, mais la décision est prise : le manuel de 6e, s’il est toujours libre, n’est plus gratuit. La raison est fort simple : cela m’amusait beaucoup d’élaborer Ralentir travaux (dans lequel s’origine ledit manuel) ; cela me passionnait de réaliser avec iBooks Author ce même manuel ; cela m’a moins amusé de le découper en 8 chapitres afin de permettre à ceux dont la connexion et l’espace insuffisant sur leur iPad ne permettaient pas le téléchargement de ce gros fichier. Enfin, rendre accessible le manuel pour les appareils allant puiser sur Amazon, Kobo et Google Play a achevé de me cheviller cette idée dans la tête : mes petites réalisations ne sont plus un hobby, c’est un véritable travail, avec parfois la nuance étymologique appartenant à ce mot.

Pourquoi un tel développement ?

Réaliser un manuel avec iBooks Author permettait de produire un contenu certes riche (quiz, exercices interactifs, cours en vidéo, diaporamas, etc.) mais accessible sur les seuls Mac et iPad. Or mes élèves qui semblent avoir pris à la lettre l’injonction du BYOD viennent le plus souvent avec un matériel qui n’est pas pommé. Je voulais donc leur permettre de télécharger (et pour eux, c’est évidemment gratuit) le format adapté à leur matériel. Le PDF, ça va bien un moment…

La simplicité comme impératif

Au reste, avec le temps, j’en suis arrivé à me convaincre que la débauche de moyens techniques offerts par iBooks Author nous éloignait de l’essentiel : l’accès aux textes. Comme le rappelle Jiminy Panoz, Amazon a bâti son empire sur la simplicité et la légèreté du livre. Or la Kindle illustre à merveille le charme de ce petit appareil en noir et blanc qui s’enrichit à lui tout seul de la beauté littéraire. Je n’explique pas autrement le succès d’une telle machine bien loin des séduisantes réalisations de Jony Ive. Ça a d’ailleurs été la tâche la plus émouvante pour moi que de transposer mon manuel sur cette liseuse.

Pour que le livre soit plus aisément manipulable ou lisible, je l’ai scindé en deux : une partie dédiée à la littérature, l’autre à la grammaire. Seule le format iBooks Author offre la totalité en un seule volume avec en prime le contenu multimédia (diaporamas, vidéos, fichiers audio, etc.).

Le manuel quasiment partout

Quoi qu’il en soit, le manuel reste libre, tout entier accessible gratuitement sur Ralentir travaux, dépourvu du moindre DRM, mais payant (une somme qui me semble relativement modique) sur les plateformes suivantes :

Amazon

Kobo

Google Play

Apple Store

Manuel de sixième :

Sur l’Apple Store, on trouve donc deux manuels de 6e, l’un très complet au format iba (donc lisible sur Mac et iPad), l’autre (en deux volumes) au format ePub (donc lisible partout, y compris sur l’iPhone).

Les manuels de 5e et de 4e, quant à eux, sont toujours gratuits. Ils sont disponibles sur l’Apple Store (ou en PDF).

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Éducation Informatique

Créer un widget HTML pour iBooks Author avec Hype

Il y a quelques années j’avais fait un tutoriel expliquant comment créer un widget HTML pour iBooks Author. Il s’agissait alors de le faire à la main en réalisant les divers fichiers qui le composent.
Heureusement, il existe bien plus simple et surtout bien plus élégant, grâce au logiciel Hype.
Voici les explications en vidéo.

P.-S.
À 2 minutes 47, ce n’est pas « récupérer le code » comme je le dis, mais « coller le code » qu’il fallait dire. 🙁

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Divers Éducation Informatique

La dictée encore et toujours, oui mais…

On parle beaucoup d’orthographe ces derniers temps, notamment sur Twitter.

Je me suis souvent demandé comment l’évaluer tant il est vrai que l’ancestral recours à la dictée est désastreux surtout si ladite dictée fait l’objet d’une note.

Pour l’instant, j’en suis là dans mes pratiques et réflexions que je vous livre :

  1. Je ne peux plus – ou ne veux plus – proposer à mes élèves une dictée unique que le seul enseignant que je suis délivre à l’ensemble de la classe censée suivre comme un seul homme. Le numérique apportant la possibilité d’être un peu plus soucieux des rythmes des uns et des autres, j’ai opté depuis plusieurs années pour la dictée que j’ai enregistrée au format mp3 et que je mets sur Ralentir travaux (exemple en 5e).
  2. Ainsi, chaque élève fait la dictée à son rythme et à son niveau. S’il faut une heure à l’élève pour préparer sa dictée, il prend une heure. S’il peut la faire en 10 minutes, eh bien, c’est parfait ! Il peut ensuite se consacrer à autre chose.
  3. Cette dictée est faite par un élève (sur sa tablette ou sur l’ordinateur). Il travaille seul ou avec son voisin. Je ne veux voir la dictée que lorsqu’elle a été dûment corrigée par l’élève lui-même. Ainsi la méthode est la suivante : il écoute la dictée, il l’écrit puis il fait toutes sortes de vérifications. La conjugaison des verbes est vérifiée dans le Bescherelle, le vocabulaire fait aussi l’objet d’une vérification dans le dictionnaire (le Larousse par exemple). Certains élèves, notamment les plus en difficulté, trouvent un réconfort dans l’utilisation d’un traitement de texte, mais aussi dans un correcteur orthographique, qu’il soit celui du traitement de texte ou ceux proposés, entre autres, par Scribens ou le Bon patron. Ces derniers fournissent des explications quant aux erreurs commises.
  4. Alors seulement, je regarde et corrige le texte avec le ou les élèves pour les aider à corriger tel ou tel point qu’il n’est parvenu à orthographier seul. Si le besoin s’en fait ressentir, une correction peut-être faite en classe avec un vidéoprojecteur en partant d’une copie (d’un volontaire naturellement) permettant de traiter des fautes les plus fréquemment faites.
  5. Dictée projetée avec Explain everything pour iPad
    Dictée projetée avec Explain everything pour iPad
  6. Une dictée est, en général, assortie d’exercices d’approfondissement ou de révision (exemple pris en 6e). S’il apparaît qu’il est nécessaire de revoir le passé simple, l’élève peut relire la leçon ou faire des exercices interactifs.
  7. Enfin, la dictée fait l’objet d’une évaluation. L’on voit ainsi ce qui a été retenu et appris. Cumulant les dictées, on possède alors un vivier de textes dans lesquels on pioche au hasard, l’élève devant être capable – désormais – d’écrire correctement n’importe lequel d’entre eux, ce qui n’est pas rien quand on en a déjà fait une dizaine.

Dernier point, à l’attention des contempteurs du numérique, cette proposition de travail de l’orthographe n’est pas la panacée, elle n’apporte pas de solution miracle, elle n’est pas non plus l’unique et ultime solution. Personne n’a dit ça. Simplement, il me semble que c’est un moyen de faire, et que l’élève y trouve généralement son compte.

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Éducation Informatique Littérature

Premier ePub

Le chevalier (chapitre I)Cela fait des années que je parle de faire un ePub, c’est chose faite. C’est bien sûr un modeste essai, très modeste.

Jusqu’à présent, j’avais consacré l’essentiel de mon temps à réaliser des manuels avec iBooks Author. Je tenais absolument à quitter ce logiciel si puissant (mais si abandonné) pour me consacrer à la réalisation de livres toujours libres, toujours gratuits, mais aussi accessibles en un format un plus standard que l’iba proposé par Apple. Nombre de mes éléves étant équipés de tablettes Androïd, il fallait bien qu’ils puissent lire un peu autre chose que du PDF (l’un des rares formats concédés par iBooks Author).

Exemple du chapitre-1

Je le disais, c’est un modeste essai. À bien des égards, il faudra retravailler ce livre (ce chapitre plus précisément), mais j’étais vraiment impatient de le partager avec vous. On retrouve donc l’essentiel du chapitre I du Manuel de 5e. On y trouve les textes, les images, mais aussi et surtout les dictées audio, les vidéos ainsi que les quiz.

Mais surtout, maintenant que le livre est libre, gratuit et dans un format ouvert, je vous en prie, si vous avez un peu de temps, aidez-moi à faire un peu plus joli.

Bonne lecture !

Télécharger le chapitre 1 du manuel de 5e

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Éducation Informatique Littérature

Le manuel de 5e est publié !

Il est gratuit, il est libre

Manuel de 5eVous dire l’émotion qui s’empare de moi au moment où j’écris ces lignes est une curieuse gageure : le manuel de 5e est disponible. Il est terminé, il est publié.

C’est le troisième et dernier d’une série de manuels libres et gratuits consacrés à l’enseignement du français au collège.

Il y a fort à parier que je n’aurais pas trouvé l’énergie de faire ce nouveau livre, si je n’avais reçu un soutien qui m’a tant fait défaut depuis que j’ai commencé à mettre mes cours en ligne en 2007.

En effet, la campagne de financement sur Ulule m’a permis de travailler dans des conditions exceptionnelles. Les années précédentes, je travaillais sur un écran de 13″. Cette année, mes petits yeux de quarantenaire ont pu s’épanouir à contempler la surface vitrée d’un magnifique 27″. Le confort matériel n’était pas le moindre bonheur, mais il n’était rien sans le réconfort apporté par tous ceux qui m’ont fait confiance et ont porté haut leur foi en Ralentir travaux et ses manuels scolaires. L’enjeu n’était pas rien : il s’agissait de rendre l’ensemble du site et des livres absolument libres. Ils étaient déjà gratuits, ils sont désormais libres.

Hymne à la joie

Ma joie tient au travail accompli qui a été particulièrement éprouvant. C’est le livre pour lequel j’ai consacré le plus d’efforts, notamment en ce qui concerne la mise en page ou la typographie. C’est aussi le livre qui m’a demandé le plus de travail : il a nécessité de traduire des textes de nombreux auteurs (Chrétien de Troyes, Robert de Boron, Guillaume IX d’Aquitaine, les fabliaux, etc.) ou de les adapter (Robert Louis Stevenson, Rabelais…).

Le manuel (premier chapitre)

Tout cela se serait passé dans le meilleur des mondes, s’il ne m’était apparu qu’Apple délaissait totalement cette merveilleuse application qu’est iBooks Author. Créée pour révolutionner le manuel numérique, et n’ayant rien révolutionné du tout (mais pouvait-on confier une révolution aux éditeurs ?), la pragmatique pomme ne met plus du tout à jour un logiciel devenu plantogène. Ce fut une douleur permanente que ces plantages qui m’ont fait perdre des heures de travail [récemment une petite mise à jour a insensiblement changé les choses].

Last but not least, le processus de publication est juste insupportable. Je l’abandonne purement et simplement. Peut-être le manuel de cinquième finira-t-il par être validé par Apple, mais, las d’attendre, j’ai accepté la proposition de Yann Verry, et les livres sont à présent hébergés chez mon hôte que je remercie chaleureusement. Cela me permettra, au reste, de les mettre à jour plus facilement. À cet effet, la page consacrée aux manuels mentionnera les mises à jour, qui n’auront pas eu à subir les lenteurs de la pomme.

Je vous recommande de télécharger le livre à partir de votre ordinateur plutôt que de votre iPad. Pour une raison que je ne comprends pas encore, cela semble mal fonctionner.

De l’avenir

Ce labeur appartenant désormais au passé est l’occasion de regarder en avant : je n’y vois qu’HTML 5 et ePub. À présent, mon site doit être considérablement mis à jour, et je suis impatient de produire des versions ePub. J’ai d’ailleurs commencé, et, afin de ne pas perdre trop de temps, j’ai choisi l’ePub 2 qui me permettra de mettre assez rapidement à votre disposition une nouvelle publication.

J’aurai d’autant plus le temps de faire tout cela que – vous disais-je au tout début – il n’y aura pas d’autre manuel. Le programme de 3e portant sur des œuvres du XXe et XXIe siècles, je ne pourrai proposer des textes pour lesquels je n’ai pas les droits. Je me contenterai des morts libres, et proposerai peut-être quelques chapitres sur ces auteurs que le domaine privé n’a pas accaparés. C’est dommage, mais rappelons-nous qu’il n’est pas de cimetière plus riant qu’une bibliothèque libre, et n’oublions pas de militer pour que la culture du libre pénètre une sphère scolaire largement hantée par l’argent et le droit dans ce qu’il a de plus restrictif.

Manuel de sixième  Le manuel de cinquième  couverture4

Dédicace

J’avais tout d’abord pensé dédier mon livre à ma ministre. J’avais pensé à quelque chose comme « Puisqu’une jeune femme peut désormais être ministre de l’Éducation, gageons que les manuels scolaires puissent désormais devenir libres et gratuits ». J’ai finalement conservé le dédicataire unique des origines : les 100 personnes ayant soutenu d’une façon ou d’une autre ce manuel.

Que ce billet soit à nouveau l’occasion de les remercier chaleureusement.

Remerciements

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Éducation Humeur

L’enseignant, l’enfant et la hiérarchie

La nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre. @Lannoy29 – de son vrai nom Ghislain Dominé – a quitté Twitter suite aux admonestations de sa hiérarchie. Celle-ci lui reproche un bien innocent billet, une réflexion salutaire menée sur les enjeux pédagogiques qu’induisent le numérique ou plus précisément l’état de l’école modifiée à coups de plans (informatiques, numériques) peu convaincants.

Je n’ai pas l’intention de m’étendre sur les tenants et les aboutissants de cette histoire. Je n’ai pas non plus l’intention de prendre la parole à la place d’un ami qui, s’il le désire, le fera lui-même. Je ne prendrai pas même le temps de développer une prétérition en disant qu’il est bien malvenu de faire tant de publicité à un problème aussi délicat (mais j’en fais à mon corps défendant).

En revanche, j’exprimerai ma compassion. Littéralement, je souffre avec. Je suis bouleversé par ce qui arrive à Ghislain. La cause est évidente : un être qui vous est cher ainsi malmené ne peut qu’attrister. Mais, même si je ne le connaissais pas, je saurais qu’un tel individu si talentueux, un atout, une recrue inestimables ne saurait être inquiété. Il a fait tellement, et il fera encore tant qu’on ne saurait se passer de lui. L’ami ne risque rien. Hélas ! Comme il le dit lui-même, « Si tu ramènes un 18 et un 5 sur 20, on ne te parlera que de cette dernière note ». Or ce billet – aux yeux de sa hiérarchie – est son 5/20, et c’est cela qui transparaît dans l’assurance de sanctions à son encontre.

Qu’est-ce qui me bouleverse donc à ce point, ne cessè-je me répéter depuis hier ? J’ai fini par trouver la réponse dans la matinée. Je suis déçu. Au sens étymologique. Trompé. Avec l’arrivée de Vincent Peillon, on avait retrouvé le sourire et la confiance. Il était fini ce quinquennat présentant les fonctionnaires comme des poids morts pour la société. Annoçant la Refondation, il était alors évident que des individus comme Ghislain pourraient s’envoler, et faire bénéficier l’Éducation d’un potentiel alors inexploité.

Je vois désormais mon erreur : le fonctionnement pyramidal de l’Éducation ne permettra pas aisément que l’on s’exprime honnêtement, que l’on écrive les fruits d’une pensée qui tâtonne et cherche par son regard critique à avancer dans la bonne direction.

Pire encore : on infantilise l’enseignant. Celui-ci se fait taper sur les doigts. Lui est rappelé sa triste condition d’inférieur dans l’édifice pyramidal. L’horizontalité est une idée, un leurre, tout comme l’est ce plan numérique que François Hollande n’a pas encore mis en place et qui ne le sera jamais tant que des acteurs majeurs comme Ghislain ne peuvent s’exprimer. On peut économiser 800 millions d’euros…

Je ne dirai pas qu’il a été censuré. Ghislain a pris lui-même la décision de tout arrêter. Comme il le dit lui-même, c’est un être entier. Non, il a été rappelé à l’ordre. On lui a signifié ce qu’il est et ce qu’il doit être : un enfant. En latin, l’enfant est celui qui ne parle pas. Un enfant pris dans le sacré pyramidal (la hiérarchie, c’est le sacré, au sens propre), et qui n’a pas la parole.

Les enseignants sont-ils les enfants de l’Éducation nationale, des enfants méprisés ? Ce serait bien triste.

Loin des débats qui vont agiter Twitter, je voudrais simplement rappeler cette tristesse, qui est avant tout celle d’un ami.

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Éducation Humeur Informatique

Coder ? Mais pour quoi faire ?

Le singulier intransitif

D’aucuns y voient une évidence : il faut apprendre aux enfants le code. Du primaire au lycée, coder deviendrait une nécessité que je n’ose pour l’instant qualifier, tant les objectifs visés par cette injonction me semblent sujets à caution.

Tout d’abord, disons d’emblée que le singulier me saute aux yeux. Je suppose qu’il y a là une analogie avec le code de la route : il y aurait un code à apprendre. Rien n’est si éloigné de la réalité.

Puis, je remarque l’emploi absolu du verbe : coder quoi ? On ne sait pas, il n’y a pas de complément d’objet. Ce peut être tout et n’importe quoi ; peut-être cela n’importe-t-il d’ailleurs pas. L’important est de coder !

Pour quoi faire ? On ne sait pas trop au juste. Les propos d’Axelle Lemaire tendent à montrer qu’il y a là une nécessité sociétale, les emplois à venir requérant cette compétence qui font si cruellement défauts à nos enfants, alors que nos voisins anglo-saxons imposent dorénavant l’apprentissage du singulier intransitif susnommé. J’espère qu’ils ont été plus précis dans la définition du programme.

L’humanisme 2.0

Pas un enseignant ne se plaint de la boursouflure gargantuesque dudit programme. Les ambitions de l’école tiennent un peu de la gourmandise intellectuelle de Grangousier écrivant à son jeune fils, à ceci près qu’on ne veut plus enseigner l’hébreu ni le grec, mais « le code ».

Et c’est bien aux langues que l’on compare l’apprentissage du code : « On apprend l’anglais, le chinois, il faut apprendre à coder ! »

Vous remarquerez, au passage, à quel point on fait fi de la distinction saussurienne entre langue et langage, comme si c’était une seule et même chose. Mais comme personne n’explique quel langage informatique apprendre, je suppose que ce n’est pas bien grave.

Au reste, si l’on veut absolument créer une nouvelle matière (avec, dans le même temps un CAPES ou une agrégation informatiques), je me demande vraiment où on va la placer dans l’emploi du temps d’élèves déjà sursollicités. Quelles matières devront être sacrifiées sur l’autel de la modernité ? Le latin, le français, la SVT ?

Si l’on doit couper dans le tas, je souhaiterais alors que les choses soient très claires : disons aux parents, aux élèves, aux associations, à qui vous voulez que le niveau ne baisse pas, il change, on forme les enfants selon des impératifs qui varient selon les époques.

Et, enfin, si enseignement du code il devait y avoir, il me semblerait être un formidable bond en arrière. À l’heure où Thomson revient sur la scène commerciale, tout cela n’est pas sans rappeler le Plan informatique pour tous. Faut-il rappeler les raisons de son échec ? A-t-on déjà oublié ?

Éduquer au numérique d’abord

Mais il y a pire. On le sait, les établissements scolaires ne sont pas suffisamment équipés en matériel informatique. Si mes souvenirs sont bons, il doit y avoir quelque chose comme 1 machine pour 17 collégiens. Voudra-t-on enseigner le code sur cahiers de 300 pages à grands carreaux ?

Cette indigence matérielle a des conséquences : l’éducation au numérique échappe totalement à l’Éducation nationale. Si les élèves passent plus de temps devant leur écran que dans une salle de classe, peu d’entre eux savent réellement se servir d’un ordinateur. La plupart de mes élèves ne font pas la différence entre Google et un navigateur internet. Ils ignorent ce qu’est un moteur de recherche, ne savent d’ailleurs pas s’en remettre à d’autres, ignorent tout des techniques qui ont pu présider au classement des liens qui leur sont proposés. En un mot (car je pourrais continuer longtemps ainsi), il me semble parfois que le concept de littératie ait été inventé pour eux.

Or c’est bien là le problème. Il me semble qu’il y a bien plus urgent qu’enseigner un code, tant la nécessité d’initier au numérique est urgente. De ce point de vue, il faut battre en brèche l’idée que l’apprentissage du code est nécessaire. Veut-on créer un site ? A-t-on besoin d’apprendre le HTML, le CSS ou le JavaScript (ni langue, ni langage d’ailleurs) ? Franchement, à part pour le défi intellectuel que cela représente, pour assouvir la passion qui peut en découler, non. Je le sais, je l’ai fait. Dans un sursaut d’orgueil, j’ai mis mon site à la poubelle, et je l’ai refait entièrement avec mes petites mains et mon éditeur de texte. Ça a été un défi, ça m’a passionné et me passionne toujours, mais aujourd’hui, je le regrette. Il me serait plus confortable d’utiliser un CMS. Je gagnerai un temps fou, comme je gagne beaucoup de temps à démarrer ma voiture ou utiliser mon micro-onde sans comprendre le moins du monde ce qu’il se passe à ce moment.

L’hybris numérique

La vulgate voudrait que l’utilisateur passe de consommateur à acteur, comme si l’apprentissage du code allait, comme le prétend la secrétaire d’État au numérique, vous permettre de modifier un smartphone. Croit-on vraiment cela ? Vous voyez une génération d’utilisateurs modifiant à la main le firmware de leur routeur, codant au passage une blagounette en assembleur à destination de la NSA ?

Soyons sérieux.

Et d’où vient cette passion pour le software ? Pourquoi personne n’insiste sur la maîtrise du hardware ? Pourquoi ne mettrions-nous pas un fer à souder entre les mains de nos enfants ? Parce que c’est impossible voire superfétatoire. À moins de faire miroiter à notre collégien la confection d’un smartphone de 15 pouces…

La seule raison qui me ferait admettre l’enseignement du code, ce serait pour des motifs purement intellectuels, pour la rigueur, pour le fun, mais pas sous des prétextes fallacieux de geek en herbe. Que l’on nous épargne cette vision complaisante présentant les gamins comme de petits hackers ne demandant qu’à être éveillés, toisant l’industrie californienne de leur supériorité à venir. Voilà une forme d’hybris numérique, en somme.

Et surtout que l’on équipe les établissement d’abord, que l’on s’acquitte du nécessaire ensuite (éduquer au numérique), et que l’on allège les programmes avant de les alourdir à nouveau. Après, pourquoi pas, laissons-les coder. Mais si l’on met la charrue avant les bœufs – je prends les paris – l’apprentissage d’un quelconque code suscitera autant de passion que l’accord du participe passé antécodé, pardon antéposé.