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Éducation

Apprendre, oui mais comment ?

Jusqu’où est-on prêt à aller pour donner envie aux élèves de venir en classe ?

J’ai comme le sentiment qu’on est prêt à faire n’importe quoi, mais alors du grand n’importe quoi !

Cet article avait déjà conforté mon opinion, celui-ci me prouve – si besoin était – que non seulement on fera n’importe quoi pour que les élèves aillent en classe, mais qu’en plus l’argent jouera un rôle dans cette vaine tentative d’éduquer, ce qui est navrant.

Mais peut-on encore parler d’éducation ?

En fait, l’idée est simple : on va payer pour que les élèves viennent en classe. C’est donc l’idée de la cagnotte qui a été retenue (la paronomase est facile : c’est la carotte !). S’ils sont en manque d’idée au ministère, je leur suggère le buzzer, afin que les élèves aient le sentiment d’être à la télé. C’est motivant, ça, non ? École, argent, spectacle. Il ne manque plus que le séduisant fonctionnaire pour animer et inciter au gain des rangs de fainéants assoiffés d’argent.

2000 € par classe avec augmentation possible de la cagnotte. 2000 € si l’élève vient en classe et a le bon goût de s’asseoir sur sa chaise sans agonir son voisin ou le  professeur… Pffff…

Je ne sais pas dans quelles conditions cette cagnotte de départ va “prospérer”… Peut-être que si l’élève parvient à faire une phrase intelligible, on pensera à rajouter 1000 €… Ce n’est pas tout. L’année étant découpée en quatre périodes, il y aura donc quatre cagnottes de  2000 €. 1000 € donc !

Ce joli projet pourra s’étendre à 70 classes l’année prochaine si l’expérience s’avère satisfaisante. Le montant s’élèverait alors à 560 000 €… 70 classes, ça fait disons deux ou trois gros établissements.

Calculons. L'”internat d’excellence” de Sourdun (concernant 128 élèves) va coûter 1,5 million d’euros (ce n’est qu’un début) ! Si vous n’avez pas lu l’article auquel je fais référence, sachez que cet argent va servir à faire faire de l’équitation, voyager à Pondichéry ou à Londres 128 élèves qu’encadrent 16 professeurs (1 pour 8 élèves). L’addition n’est pas encore possible (on sait que le million cinq n’est qu’une première tranche), mais on peut se demander combien de millions on va dépenser pour quelques centaines d’élèves, et combien on va dépenser pour les millions d’autres élèves. Pas de cagnotte pour ceux-là.

La conclusion est aisée : outre le fait que payer un élève pour faire son devoir d’élève est insensé, on peut se demander comment on ose ainsi favoriser certains (fussent-ils défavorisés au départ ) au détriment des autres qui vont continuer à aller à l’école parce que sinon c‘est plus d’allocations familiales et puis c’est conseil de discipline si ça va pas mieux. Comment on peut faire des classes de 30 élèves, comment on peut supprimer tant de postes ? Je me demande également combien de temps encore on va accueillir les primo arrivants dans les conditions que nous connaissons. En gros, c’est : “Tu ne me comprends pas, je ne te comprends pas, et puis j’ai 30 élèves derrière qui piaillent”. Je me demande également combien de temps on va devoir utiliser le matériel informatique de l’ex-RDA pour faire passer le B2i à nos élèves ou rentrer nos notes sur les trois machines pour soixante profs. Petit détail rigolo : on utilise désormais un câble USB pour brancher l’imprimante. Le port parallèle peut jouir d’un repos mérité.

Jusqu’où est-on prêt à aller pour donner envie aux profs de venir en classe ?

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